La peinture en trop
Touché par l’insupportable exposition
du sacré la peinture a peint cette lisière
ce qui traverse toute expiation du déchet
de l’indivisible rhétorique de la parole
vers une texture plus enceinte de la vue
l’art alors se met en scène incidemment
démontrant que la parole n’y suffit plus
et que ce déchet à trop le répéter en signe
figural montre que ce démantèlement lie
ce qui pense à ce qui se mesure au réel
le temps alors s’alourdit en réserves vides
un réservoir s’en sortant isolément retors
d’une parole qui vacille peinture trace
pour contourner les textes sacrés violés
du viol de la fin de Dieu dans la poésie
corps psalmodique du ventre inique de Dieu
indice de la pire inquisition qui soit entendu
de la peau incubatrice du désordre des maux
corps insoutenable entrain de secouer la face
déchirée d’un dieu décomposé en tripes et
cœur et peau d’un charnier du plein chant
de la gorge trop profonde pour laisser ce cri
sortir droit tel un sexe viril avant un jet jeté
en pâture aux vices de ces êtres décomposés
en jachère devant le tremblement du peint
qui dans l’austérité de l’ignorance se débat
informel et récréatif pour ceux qui sautent
sur les couleurs à trop aimer le jeu de jouir
mordant sur les voix inaudibles qui chantent
parce que le temps existe encore démembré
ce qui peint vaut ce qui voit l’esprit du temps
du trop plein en sourdine sort en battements
l’interminable élocution en récitatifs infinis
du monde grandissant de ces aires irradiées
par l’effraction qui monte l’irruption en vol
de la détermination d’une vision ravageuse
la peinture s’étend s’étire se joue de la vue
pour mieux dépenser l’inquiétante étrangeté
qui monte de ces entrailles exorbitantes
juste pour en découper la peau jusqu’au
secret immaculé de la vie quand la vie voit.
Thierry Texedre, le 26 avril 2024.