vendredi 28 juin 2019

Voix



  Frei Carlos ( ? - 1540)
peintre portugais d’origine flamande
Annonciation, vers 1520, 197,5 cm x 198 cm




Voix 

D’une prolifération 
La mort sort de la plaie 
Pour lentement s’ouvrir 
Au risque de montrer la vie 
Voix émasculées 
De la gangrène enlevée 
Et élevée au rang de la gloire 
Taraudée partout sur les aires 
De la peinture entrain 
De peindre sa propre mort 
Voilà les voix qui s’élèvent 
Au plus haut point 
De ce ciel circonspect 
Tourné vers la croyance couchée 
Sur la terre inséminée 
Jeux de ces voix puisant 
Au cœur aseptisé 
De l’insémination irréelle 
Du sexe en jets du fond 
Peint grand réservoir 
Pour nier ces voix de la mémoire  
Qui tremble pour avoir déjouée 
L'immanente résurrection  
De la naissance d’une polémique 
La guerre qui tombe  
Sur les errances de la vie 
Qui parle pour croire qu’elle est 
Terre contaminée du vrai 
Sur les replis d’un délire 
Du genre humain 
Monté sur son atomique 
Électrique et élastique 
Pour danser l’impossible 
Immortalité du sexe 
Sans une reproduction 
De la séquence femme 
En jeu pour dire ce 
Qu’un Paradis a de nauséabond 
Voilà que sort la peinture du fond 
Obscur de la vocifération 
D'un pensant improvisé 
Pour sortir l’œil du regard. 


Thierry Texedre, le 28 juin 2019. 













jeudi 20 juin 2019

Prosternation 2


François Burland (1958-)
artiste plasticien















Prosternation 2


Un temps du soulèvement, un attentat à la vie, pourquoi ne pas désirer ce qui reste ; cet ersatz, ce sacré qui vole au secours de la prostration du corps face à sa mort ? N’est-elle plus ce qui montre au corps sa soudaine inopportunité ? Un viol a donc été commis sur la parole, pour masquer au corps sa subtilité, sa chair. Qu’est ce qui monte au cœur de la chair, sinon cette expression dont on croit que le risque de l’âme est sa mise en scène. L’attirante réverbération du centre de ce corps montré comme chair, ce qui est subjuguant de sa jouissance, c’est quelque chose qui a à voir avec l’âme noire. Photomontage de cette chair exfoliée dans l’âme représentant ce qu’une peinture emporte dans sa profondeur. Bain intérieur d’un corps montré dans la peinture pour allonger le corps, le tirer pour ouvrir les extrémités à l’intérieur de la chair ; bouche, anus, oreille, sexe, nez, œil pour tenter une remontée vers l’origine qui n’est pas la vie mais bien la mémoire. Ne faut-il pas se prosterner devant cette chose hystérique par le parcours d’une sociabilité en devenir sur l’axe naissance/mémoire, pour traverser un jeu, l’interdit qui met en lumière une peinture de l’âme noire dans l’introduction à la reproduction des corps ? 


Thierry Texedre, le 20 juin 2019.    








mercredi 12 juin 2019

Plis et contre-plis de la peinture


Suite Grünevald (1994-1996) Gérard Titus-Carmel (1942-), acrylique sur toile, 256,6 x 332,6 cm

































Plis et contre-plis de la peinture 

Plages inséparables du tremblement révulsé de la peinture qui par la plaie pulse ces désaccords au sein d’une pluie de couleurs. Parts égales du tremblement vénale qui s’éteint dans la cadence inconsidérée du livre qui se dessine ici, au plus près d’une terreur de la coulée de couleurs intemporelles et divagantes, pour réécrire la peinture sur ses actes assassins, et pour inventer cette erreur du temps à malmener la peinture qui se figure sous les coups de la parole atomisée. On entrerait en possession, de celle qui parjure la représentation comme indice d’une abstraction en devenir. Si rien ne tient dans la figure peinte d’un acte aléatoire, sans l’immersion dans la couleur, alors cette peinture ourlet, cette inconnue du temps que l’œil dévie, ce sacré intérieur de l’être tendu pour musiquer la chair, ce drame de l’immanente résurrection, tout cela se met en mesure alors d’inventer ce qu’une peinture a de nommer un présent comme représentation, comme réactivation de la vérité qui se met en branle quand on prend le peintre en flagrant délit d’immortalité. Un peintre est né communément quand il referme le dire dans l’aplomb d’un format configuré dans les arcanes de la puissance d’y voir ce qui peint un réel contre l’irréalité même du rêve éveillant la représentation de la figure humaine plongé dans les abîmes de la matière. Depuis quel mystère la peinture s’épanche pour induire cette autre parole, infantile et jouissive en surface, pour plonger alors dans les abîmes de la couleur compromise, de la peinture qui illumine la croyance en train de se montrer depuis ce qui la pense, comme lieu De profundis de l’instant du deuil aspiré de la peinture dans l’histoire, de la peinture qui se meut de mourir sans cesser d’approcher son sujet, sans montrer ce sujet autrement que versatile. 



Thierry Texedre, le 12 juin 2019.  






lundi 10 juin 2019

De la décollation








Le Caravage (1571-1610)
la décapitation d’Holopherne par Judith (1599 ?)































De la décollation 
 

Ô Dieu plaie de la vie 
Travers de la mort 
Usurpée dans cet élan 
Introduit de la guerre 
Prière qui souffre 
Au plus haut point 
De ces lamentations 
Oculaires ou crépusculaires 
L'air irrespirable du temps 
Découvert d’un ciel étreint 
Par l’amour insatiable 
Et tempétueux devant 
Ce mur lamentations lues 
Dans cette illumination 
Qui tremble de voir ces corps 
Si paisibles la face cachée 
Pendant qu’une prière 
Vient rêver les tableaux 
D'une peinture qui voit 
Ce qu’un dieu déplace 
Fracture de la chair 
Dans l’être d’un sujet pensant 
Sa fin comme ivresse et sang 
D'un retournement phénoménal 
D’un gramme érotique 
Traversé par la matière 
Insupportée du corps saint 
Danse inaudible en tête 
Hallucinatoire dans sa décollation 
Partita de l’insoluble expiation 
Qui résonne par l’homme 
Improprement pensant 
Sans sa mise à mort 
Comme lieu de ce qui le pense. 
 
 


Thierry Texedre, le 10 juin 2019. 
 










vendredi 7 juin 2019

Vertige d'un corps blanc












Vertige d’un corps blanc 
 
Trouée du sordide excavé 
Sorti de nulle part et violé 
Par les astres et aussi 
Rabattu sur ces voiles 
Austères taraudés par le temps 
Ce corps blanc escamoté 
Tend vers cette sortie le pli 
Polymérisé de la parole 
Qui hante la chair chassée 
De ces démons crépusculaires 
Doux ciel matador du glissement 
Vers l’intérieur en jet 
Voilà le risque ontologique 
De réverbération du corps 
Sur le blanc comme plein  
Lumière de cette vie jet 
De la jouissance pénétrante 
D'un corps sujet de la plaie 
L'être vêtu de blanc le blanc 
De ce vertige qui s’agglomère 
Au risque du rien à la fin 
Impénétrable d’une mort 
Sans risque et sans âme 
La vie aussi se jette à corps perdu 
Dans une mort indélébile 
Dans un corps d’écriture qui n’a de cesse  
D'installer celle-ci au plus près du centre 
L'en-deçà de la parole comme chair 
De l’intériorité intentée du centre 
Jeté en pâture au jouir jubilatoire 
Le jouir d’un œil livré au ciel 
À la pandémie qui se rend 
Tant et si bien aux portes du paradis 
Le paradis ce partage qui se centre 
Au cœur de l’apologie le drame 
Qui tient le corps au blanc d’y voir 
Ce noir passer un temps à fragmenter 
La représentation parce qu’elle naît 
De ne plus voir le centre 
De ne plus passer par la rêverie 
Pour soulever un corps sauvage 
Pour l’emporter vers sa liberté 
La liberté d’élocution du sexe 
Publié pour donner du sens 
Pour l’érotisation de ses sens. 
 
 

Thierry Texedre, le 7 juin 2019.  
 

artiste peintre Emilie Picard (1984-)