vendredi 23 décembre 2011

Inconséquences











Là, le rien se tient, ivre de quelle progression du songe envoûtant qui me guette. On triture, malaxe, forme, redonne vie au rien. Quelle travers vient ouvrir l'entendement du chant, dehors, là-bas, en flou? Surdité de ma mémoire. C'est l'enfermement de mon corps. Même ces chants volages qui me tiennent compagnie, semblent rentrer dans l'attirante révolte d'un autre corps trop éloigné. Je me traîne dans d'incommensurables errances inondant mon oeil grand ouvert. Obtus, j'avale quelque gorgée de mots, de ces mots qui vous délivrent de l'infection glottique. Sur quel pied se tient mon être déterminé à en finir avec ces gesticulations? Les barreaux de le vie me réserveraient-ils quelque monstrueuse dictature? L'autre pied se met à renâcler une dizaine de mots inhospitaliers, juste pour avoir l'air dehors. Se croire là où d'impitoyables ombres vous collent à la peau. Pas même le temps d'en placer une. Elles vous rongent jusqu'au sang. Imitant même vos émotions. Aucun secret, on reste sous tension en permanence, on en viendrait à se tirer une balle, tellement la mémoire s'en sert, le temps d'immoler une pensée-illusion. Ici, il faut tirer sur ce qui s'offre à vous. Le regard est grandement tétanisé par l'apoplexie du vice. Quel vice, sinon celui du regard défait de la douleur colorée. Je vois parce que la couleur m'inonde de toutes ses diffractions. J'espère jouir de ne jamais en finir avec ce déplacement entre mon dedans irrecevable et ce dehors capiteux; de la lumière de l'esprit malin. Les mots sortent de partout. Une cage m'invite à perdre l'usage de mes jambes, émasculées par la petitesse de cette prison à ciel ouvert. Ouverture sur la forme frontale du désir absent, la douleur du temps me fait mentir sur l'usage de la parole diminuée. Je veux ce vide pour ne pas m'entendre souffrir. On va peut-être venir me chercher. J'exclus toute ingérence dans l'exploration de cette torture qui fragmente mon esprit. Même les songes se réduisent à la plus simple expression. La faim traverse un court instant tout ce corps amaigris, et réduit à mordre les quelques mots qui remontent dans la bouche, ouverte, la langue s'évade du dedans, il reste quelques minutes au temps pour en finir avec mon âme.





Thierry Texedre, le 23 décembre 2011.