lundi 21 novembre 2016

Ordination et désordre

Axel Pahlavi, Un autre amour, 2012                                                                                    Huile sur toile — 170 × 120 cm





Ordination et désordre

Puiser dans l'épuisement de la culminante image qui frôle l'abjection. Voilà ce qui montre l'aberration de la reconnaissance vulgaire du web dont on mesure l'effet déstructurant sur les consciences de nos têtes asymétriques, haut lieu d'un probable rétrécissement monothéiste lié à cette empathie pour la liberté d'immoler l'innommable déification (dont on peut craindre sa petite mort dans la déréalisation de son traitement depuis l'impossible figure de Dieu), l'ordination de l'image ; apothéose de l'ordination d'un déplacement violent et sans pause, sujet de l'accouplement, l'ordinateur (du latin ordonator : qui met de l'ordre, ordonnateur) qui s'offre ce recouvrement trop sacré d'une lecture par une imposture : celle de la lecture/ponctuation.
                                                                               
                                                                               *

Contre toute attente
l'irréalité du jour
prend forme en histoires
monstrueuses
qui tremblent
dans l'intensité de la nuit
réalité du rêve

Amour te tiens-tu
au beau milieu
de cette folle danse
serré tout contre toi
me voilà compromis
avec l'amertume
de ma mémoire
exténuée par ta présence
lancinante volupté
qui monte inconnaissable

*

Ne plus revenir sur l'image qui touche à la longue histoire du corps exhumé de nos espérances sur l'immortalité de l'amour. Là, ça passe et repasse. Ce qui se traduit dans cette immersion de la mémoire, dans la vérité du risque de penser cette douleur de l'amour, par tant d'exclusions du parcours de l'être-las (montré comme une lassitude sans cesse du pourquoi de l'immanente pression de l'amour) clivé et coupé de sa chair ; pourquoi puiser et toucher un impossible état du fond amoureux, de cette épuisante lutte pour la vie, d'aller jusqu'au viol de la peau partout sur elle et dessous.

*

Longeant les douces plaies
de ta voix j'ai peur pour ma vie
peur d'en finir avec ce jugement
qui m'absout de tes péchés
passer par la grandeur de ta bouche
respirée et ouverte pour moi
de nos langues émanées
enserrées et enroulées
pour faire passer nos corps
par l'enseignement de l'amour

Vois ce grand désordre
qui nous éveille
qui nous plaît au sommeil
dansant sur les draps effarés
gentille causerie de ceux
qui s'adonnent le regard blessé
à la blasphématoire imagination


*