jeudi 23 janvier 2025

L'absence vu par Philippe Croq peintre

 






























 L’absence vu par Philippe Croq peintre


La peinture naît d’une certaine appétence à l’érection. Ce qui s’érige alors, ce n’est plus le sexe comme totem d’une symbolique de ce jeu qui entre depuis le social et qui troue celui-ci, celui d’un sujet aérien de l’être absent ou d’une faille de l’être ; c’est plutôt cette absence de sexe dans l’image.


Le temps

La transmission entre l’artiste et son public vrille dès que le public devient le publique ; c’est le lieu qui prend la relève, donne à voir quelque chose d’inadéquat, d’imprévisible et d’immédiat. S’il y a du sexe dans l’individu qui regarde, ici la peinture, c’est totalement différent quand la forme de reconnaissance passe au trip d’une pluralité, d’un lien social aussi abject que pris dans un lien une soumission.


La plaie

L’artiste semble souder cet artefact omniprésent dans la peinture, la soumission, avec une dérive programmatique de la figure peinte. Philippe Croq épuise la figure en dansant sur la toile avec la limite ainsi opérée de l’abstraction au figuratif, comme fin, limite et figure. Si un Dominique Thiolat s’est risqué à pousser la figure où la couleur n’a eu de cesse d’en apprendre jusqu’à l’époque où lumière et forme se sont croisées dans une écriture où l’automatique et le repentir sonnent l’incommunicable : c’est la plaie qui s’installe (Forme de dépliement de la couleur par sa vitesse de reprise, comme un changement de direction, un déplacement infini de ce lieu d’une peinture qui voit ce que l’œil entend résoudre par la couleur, c’est-à-dire l’impossible résistance, l’improbable « résidence » d’un accord des couleurs aux contours définis qui les annules. Le contour annule la couleur.).


L’assaut

C’est dans l’imparfait que Philippe Croq ravive formes et couleurs. C’est l’absence de lien qui oblige l’artiste à commettre ce risque d’« annuler » l’être dans sa peinture. S’il y a des caractères, des phrases dans sa peinture, l’ombre portée de la figure peinte, se soutiennent alors d’un jeu entre le vide et le plein. On retrouve comme chez Thiolat ce trait noir qui prend en charge la couleur comme pour la créer, la montrer jusqu’à sa perte. L’artiste se soutient par le souvenir d’une lecture de Cy Twombly, ou de Francis Bacon.


La perte

Combien l’absence, une petite mort aussi vont initier la peinture dans une époque contemporaine, dans sa douleur de vivre, dans l’obsession d’un rite pour opérer un traitement de l’obscur dessein qui nous sied à voir ces tableaux forniquant tant et plus avec l’insolence du peint. L’artiste nous montre des bribes de souvenirs qui passent sur la toile dans un coup de force (bribes de figures animales, humaines et végétales, des objets), un balayage ou un léger effacement. Mais encore, on rencontre parfois dans sa  peinture des titres ou mots venant interroger l’existence, le vécu, l’histoire du peintre. Une rencontre ou un cheminement mental, une sorte d’épuisement de l’image qui s’invite à trouver un lien avec la parole de chacun peut-être. « Pour créer il faut voir la mort » a dit Philippe Croq.

Cette mort, nous la concevons depuis ces peintures à l’espace polysémiques ; spatialité qui nous sonne aux oreilles depuis l’espace qui les exposent.








Thierry Texedre, le 23 Janvier 2025.


Philippe Croq (1961-)

artiste peintre

vit et travaille à Nice, France