vendredi 26 avril 2019

Déploration


Isabel Pessoa peintre (1966-)
















Déploration 
 
Tenté par l'autre vue 
Le corps suturé s'évanouit 
Vers sa contemplation 
Puisqu'il est contaminé 
Par une invasion 
La station définitive 
De la déperdition 
D'une chair dans l'autre 
Irrésolu de la terreur 
Celle nocturne et diurne 
Finissant de s'endormir 
Dans le jeu insignifiant  
De l'extase depuis cette 
Contemplation contiguë 
Un corps d'élection tente  
De revenir sur la vie 
Qui fuit un sang libéré 
De sa clôture soit de son  
Format d'où la matière 
Ne se lit qu'à être découpée 
Ou scannée jusqu'à cette  
Déploration de l'impossible 
Exercice de la créature 
Qui vit pour regarder sa peur 
De mourir de biais  
Le corps est né de biais 
Car il ne peut plus avancer 
Dans cette vie sans  
Mesurer son espace 
Depuis cette espèce 
Dont il est le seul  
À reconnaître la terrifiante 
Détermination à tuer  
Et procréer 
Fatidique résilience 
De la mort qui se tient 
Sur le dos pour montrer 
Ses attributs face au soleil 
Aveugle le soleil serait aveugle 
Parce qu'il nous laisse vivre 
Le temps de sa mise à mort 
Aucun dieu n'a eu cette prétention 
À mourir lentement en laissant 
Vivre ce sens qui nous lie 
À lui le sens de la respiration 
Qui frôle la musique des mots 
Et nous rend en retour  
Cette mémoire qui émeut 
L'entendement à la musique 
Voilà le commencement 
D'une vie pour que ce soleil 
Qui nous fuit ne nous fuit 
Qu'à résoudre notre 
Prétention à vivre  
Lentement du souffle divin 
Maintenant où commence 
Cette petite mort qui nous monte 
Au-delà de du terrestre 
Vers les cieux par la mort 
De dieu pour en finir avec la parole 
Et aussi le tour de la terre qui tourne 
Carrée pour diviser en deux 
La mémoire de notre apparition 
Du récit d'une déploration 
Celle de l'univers qui bat  
Au rythme de la mort. 
  

Thierry Texedre, le 25 avril 2019.