D'un paysagé au blanc
La peinture ici
s'offre au regard en insistant sur l'inattendu, je veux dire par là
qu'il y a quelque chose d'anormalement intérieur au vu d'une
intrication des formes qui s'inaugurent au blanc dont on mesure la
réserve. Quelle expansion des couleurs vers leur obsessionnelle
obstination à monter en gamme pour disperser le regard, le renverser
dans un paysage sans fondement réaliste. On oserait presque
distinguer un quelconque essor, ayant un rapport, un sens avec le
figuratif. Mais l'étant se montre oppressant, voir même
interchangeable au milieu du blanc qui s'offre comme conviction,
être, pour enfermer la forme dans ce qu'elle a de couleur au plus
près de l'intériorisation d'une vision ; couches qui
s'agglutinent, s'éternisent pour un temps, et ensemble semblent se
couper de leur passé, de leur intellection. La peinture d'Isabel
Michel sort de cette abstraction qui use de l'improvisation, pour
entrer en résidence avec l'intériorité d'un corps futur, le corps
d'un paysage intérieur. Le rêve entre et sort du tableau dont les
formats semblent varier autour d'une conspiration avec les mesures du
corps humain. Un flirt dirigé vers l'exploration d'une intense
connivence avec la chair dans ce qu'elle a d'une indécence devant la
couleur. Le risque d'une telle peinture reste lié à la rencontre
qu'elle assume d'un public qui court après l'inconnu,
l’incontrôlable réminiscence d'une étendue de la peinture sur le
cours du vivant escamoté par un réel en gestation. Et puis pour
ainsi dire le temps de passer devant ces belles toiles amarrées à
leur conjointement, un passage d'un tableau à un autre, comme si
rien ne pouvait les séparer, lumineuse rétroaction d'une peinture
qui signe avec une intelligence, un futur sans finitude.
Thierry
Texedre, le 8 mai 2020.
peintures de
Isabel Michel (1956-)
artiste peintre
française
vit et
travaille à Paris