dimanche 10 mai 2020

D'un paysagé au blanc





























D'un paysagé au blanc



La peinture ici s'offre au regard en insistant sur l'inattendu, je veux dire par là qu'il y a quelque chose d'anormalement intérieur au vu d'une intrication des formes qui s'inaugurent au blanc dont on mesure la réserve. Quelle expansion des couleurs vers leur obsessionnelle obstination à monter en gamme pour disperser le regard, le renverser dans un paysage sans fondement réaliste. On oserait presque distinguer un quelconque essor, ayant un rapport, un sens avec le figuratif. Mais l'étant se montre oppressant, voir même interchangeable au milieu du blanc qui s'offre comme conviction, être, pour enfermer la forme dans ce qu'elle a de couleur au plus près de l'intériorisation d'une vision ; couches qui s'agglutinent, s'éternisent pour un temps, et ensemble semblent se couper de leur passé, de leur intellection. La peinture d'Isabel Michel sort de cette abstraction qui use de l'improvisation, pour entrer en résidence avec l'intériorité d'un corps futur, le corps d'un paysage intérieur. Le rêve entre et sort du tableau dont les formats semblent varier autour d'une conspiration avec les mesures du corps humain. Un flirt dirigé vers l'exploration d'une intense connivence avec la chair dans ce qu'elle a d'une indécence devant la couleur. Le risque d'une telle peinture reste lié à la rencontre qu'elle assume d'un public qui court après l'inconnu, l’incontrôlable réminiscence d'une étendue de la peinture sur le cours du vivant escamoté par un réel en gestation. Et puis pour ainsi dire le temps de passer devant ces belles toiles amarrées à leur conjointement, un passage d'un tableau à un autre, comme si rien ne pouvait les séparer, lumineuse rétroaction d'une peinture qui signe avec une intelligence, un futur sans finitude.

Thierry Texedre, le 8 mai 2020.



peintures de Isabel Michel (1956-)
artiste peintre française
vit et travaille à Paris