vendredi 12 mars 2010

Le jeu de la jouissance

Quels espoirs pour une autre vision de notre tentative d'élucidation du dire, de sa mise en lumière? Peut-être faudra-t-il une certaine reconnaissance de ce dire qui reste sous imposture, comme on dit sous x. L'absence du dire est la preuve qu'il est là, comme moteur et signifiant du sens taraudé de l'existence d'une distance, du temps. De ce dire mis en risque de maltraitance de sons objet: le corps-érection, le eau-corps. Reflet tiré sur la tranche improvisée de la vie. Le dédale opératoire du dire n'est lisible qu'à passer son temps à craindre une traduction. Vérité de la naissance via l'esprit de la décollation textuelle. La tête n'en est que plus insoutenable en mots. En doute inquisition et frasques du corps logé en chair. La chair tend vers sa cassure, brisure du coup de grâce donné à la vie, pas celle du corps naissant, mais bien du corps reconnaissant. Juste retour de l'étreinte du corps avec le dire dans un temps qui est faux. Le temps réel n'est possible qu'à faire taire le dire en le coupant de ce souffle qui mène au cri expiatoire. De ces mots intestins et d'une chair dépossédée de sa souffrance: l'extase n'est plus très loin. L'effort du corps à souffrir pour penser est le comble de cette erreur de jouir parce que l'effort est tel que cette chair s'en trouverait alors morcelée et coupée de la réalité, parce qu'il y a jouissance en jeu, jonchée au passé, toujours déjà mise au passé avant la lettre.


Thierry Texedre, le 12 mars 2010.

Le dire rond

Sous les seuls astres des cieux
se consument ces terres hirsutes
irradiées de commun et de maux
immortels irrigation des terres
insidieuses dans la plus grande
ferveur du temps qui passe dans
l'axe du point doublement tracé
en espace réglé ovoïde ouverture
de la terreur du commencement
du temps sons vibrants entrelacs
qui comptent les années sur terre
surdité des hommes devant l'axe
de la terre entourée du verbiage
satellite de l'œil évidé pour une
fois de sa substance onéreuse de
cette marque en signe de quoi
on traîne désespérément le long
du fleuve une ombre noire depuis
le fond des choses jusqu'à l'espoir
de la surface des choses respirées
l'esprit enfoncé du cou se met
à parler une autre langue moins
audible à ces infestations du corps
intronisé dans une parole faussée
un fossé d'une délivrance qui va
prendre forme s'enfonçant dans
des temps insondables et fous
c'est la foi qui revient au galop
celle du rêve qu'un corps pour être
doit supporter sous l'emprise de
cet irrémédiable saut dans le vide
que d'aucun n'auront de cesse
d'alimenter foi en vide vitesse là
est la chute des corps loin de leur
dire et de l'œil poison poisson dans
l'eau du rêve tout contre l'entreprise
en prière de l'amour chanté ici-bas
ici pour l'amour d'une naissance
communication du verbe dans la
naissance dans l'invention l'aveu
et la hantise de sa perte de sa mort
sous le règne infidèle de la tentation
d'exorciser l'astre carré en route
pour l'éternité et l'infini du dire rond
le rond d'une danse rare et en faute
faussement martyrisée pour avoir
aimé l'astre dans une élévation une
faute du regard devant l'immanente
exposition du ciel vautré dans l'œil
irisé et injecté d'un sang rouge rubis.




Sur la Suite liturgique d'André Jolivet
Thierry Texedre, le 12 mars 2010.