dimanche 7 octobre 2012

Voix d'ombres











Vous voilà prévenu très cher, vous voilà traduit! Ce long parcours qui va de la langue parlée vers l'écriture, une fin en soi? Rythmes et syncopes dans un texte, paroles enfumées par l'élancement insidieux d'un corps mal né? On traite de quoi quand on lit? Lecture qui vous noie dans une autre langue que celle que vous pourriez rencontrer, celle que la musique, la peinture, la danse, vous inocule! Dans un bref retentissement vocal, vous semblez pouvoir rencontrer une voix plurielle, dont on ne reconnaîtrait que certaines affiliations prises dans un inconscient inconstant. Quelle présence sidère cette frange de la parole qui renvoie à la part d'extériorité du vrai, depuis un corps martelé par sa vie intérieure? Les images empiriques de la vision intracrânienne ordonnent la naissance d'une tumeur de ces aphorismes dépressifs que sont la mémoire et la cogitation, jugulant ainsi la lecture de cette langue passée, pour substituer à la densité d'une parole la lente intervention d'une vérité du dire comprimé dans l'infinité de la syntaxe usurpatrice. Chiasse que ce dire quand son sujet rend des comptes, et régurgite combien de cris opulents en rots dévorant l'air ambiant, juste pour se saouler? On traîne l'air de rien, vide ambiant, rictus au coin des lèvres, risibles amours le temps de l'oppression de la poitrine en une cinglante fixité que ces atomes collés dedans, jusqu'à quel éclatement fusionnel? On entre alors dans l'éclatement de ces voix inconnaissables, et incongrues, hypothèse que ce qui pense ne suffit plus à la reconnaissance dans sa langue, toute lecture en fin de parcours serait rendue caduque. Corps de la langue qui s'éloigne de ce temps détenteur de vérité, les nouvelles vérités seraient alors moins vraies que les textes de loi, puis les sciences régurgiteraient cette aveuglante vérité qui ne viendrait plus de ce dire emphatique; risque alors de rupture du souffle de la prise de lecture, vers la seule disparité: celle qu'un corps parlant n'aurait alors plus la voix pour penser et fabriquer son objet de désir! Objet qui n'est plus que l'ombre de ces voix impressionnées par un long désir sans images.


Thierry Texedre, le 7 octobre 2012.