Vous
voilà prévenu très cher, vous voilà
traduit! Ce long parcours qui va de la langue parlée vers
l'écriture, une fin en soi? Rythmes et syncopes dans un texte,
paroles enfumées par l'élancement insidieux d'un corps
mal né? On traite de quoi quand on lit? Lecture qui vous noie
dans une autre langue que celle que vous pourriez rencontrer, celle
que la musique, la peinture, la danse, vous inocule! Dans un bref
retentissement vocal, vous semblez pouvoir rencontrer une voix
plurielle, dont on ne reconnaîtrait que certaines affiliations
prises dans un inconscient inconstant. Quelle présence sidère
cette frange de la parole qui renvoie à la part d'extériorité
du vrai, depuis un corps martelé par sa vie intérieure?
Les images empiriques de la vision intracrânienne ordonnent la
naissance d'une tumeur de ces aphorismes dépressifs que sont
la mémoire et la cogitation, jugulant ainsi la lecture de
cette langue passée, pour substituer à la densité
d'une parole la lente intervention d'une vérité du dire
comprimé dans l'infinité de la syntaxe usurpatrice.
Chiasse que ce dire quand son sujet rend des comptes, et régurgite
combien de cris opulents en rots dévorant l'air ambiant, juste
pour se saouler? On traîne l'air de rien, vide ambiant, rictus
au coin des lèvres, risibles amours le temps de l'oppression
de la poitrine en une cinglante fixité que ces atomes collés
dedans, jusqu'à quel éclatement fusionnel? On entre
alors dans l'éclatement de ces voix inconnaissables, et
incongrues, hypothèse que ce qui pense ne suffit plus à
la reconnaissance dans sa langue, toute lecture en fin de parcours
serait rendue caduque. Corps de la langue qui s'éloigne de ce
temps détenteur de vérité, les nouvelles vérités
seraient alors moins vraies que les textes de loi, puis les sciences
régurgiteraient cette aveuglante vérité qui ne
viendrait plus de ce dire emphatique; risque alors de rupture du
souffle de la prise de lecture, vers la seule disparité: celle
qu'un corps parlant n'aurait alors plus la voix pour penser et
fabriquer son objet de désir! Objet qui n'est plus que l'ombre
de ces voix impressionnées par un long désir sans
images.
Thierry
Texedre, le 7 octobre 2012.