samedi 24 novembre 2012

Le corps du doute









 
Doute de quelle occurrence du risque d'insuffler au corps sa terreur d'exister. Datation de la mort, vers sa chute, chuintement de la chair qui se tend, dormition possible de l'esprit en gestation. On en viendrait à regretter la venue de ce rescapé contingenté à son double, à la mort pour retirer à la chair toute sa jouissance, sa passion irrévérencieuse et totalitaire. Le désir se voit, il progresse, et lentement monte dans les yeux de ce pitoyable résidu, la flamme flamboyante d'un regard béat. Touché dans le fond traversé de ce corps marqué dans sa chair, l'ivresse de celui-ci, corps morcelé, va rencontrer ce rien qui monte de l'intérieur tarabiscoté et fouillé, pour engendrer la pensée libre de tout regard. Point de regard, point d'image, pas encore une cohérente pensée, c'est à son avantage que de rester en amont. Paroles encore moins humaines, taraudées - ce livre encore à écrire se fait lignes - alignements et réservoir; rien à voir avec sa chair engoncée dans les plis de l'inconsistante subversion de l'inconscient. Bout du chemin, bas de cette irremplaçable vie, jour de l'entre vie/mort; tabou qui vient se poser en tyrannique ostentation du dire futur fabulateur. Honte de l'irremplaçable frappe de ces lettres virées et enroulées avant de se déposer en attributs d'un dire probable. On croirait l'homme prêt à engendrer une sortie de la lecture aléatoire d'un texte irréel. Tourné en dérision ce risque d'explication de ces questionnements ininterrompus, va dans une transgression, s'affairer à trop de désir d'apostropher la lecture, jusqu'à ce qu'elle se renverse, se couche - taches invisibles à l'oeil nu – on s'y traîne, en plein mirage, délié de toute exactitude, certitude sans lieu, le corps est gangrené par une coulée incessante qui sort d'un « sang d'encre » avéré. Sonne les épitaphes pour un corps déposé dans ses aléas, aléatoire marquage, ligne de vision qui se tourne jusqu'à en perdre la vue de face. Forme impossible à tenir, la parole naît. Elle s'y proclame, parcimonieusement peut-être, avant de formuler cet empressement à rencontrer l'être-là. L'étrangeté de cet ici formé par les lettres de la parole appliquée au milieu des fractionnements musicaux de la phonétique abusive. L'étant là lié à ces lettres allusives voit son étalement des corps de lettres en lignes étalées jusqu'à l'être étreint devant l'immanquable glissement énigmatique de la force rectiligne de quelque vraisemblable vérité dans le positionnement textuel. Le souffle rencontrant ce vide intercalé entre deux images déconcertant, risquant de se perdre à trop attendre une respiration; reprendre vie dans l'allongement verbal naissant. Épilogue du groupe nommé pour commencer à rassembler des corps d'écriture, forme de la dérive du verbe vers l'image atomisée, double attraction vers un corps d'étreinte densifié pour faire partir ce réel, le pousser dans les retranchements du temps qui sonne lascivement, folle extraction du nombre d'un corps absolu et silencieux.



Thierry Texedre, le 24 novembre 2012.