mercredi 17 avril 2024

De l'abstraction à l'esprit d'abstraction










































De l’abstraction à l’esprit d’abstraction


Liliane Tomasko initie ce transfert digne des plus grandes artistes contemporaines, parce que, dans la peinture, ce qui sonne faux d’une mise en avant de ces exercices à s’y essayer de toucher à la grotesque illusion d’invisibiliser l’intime spatialisation de la nature, ou ce qui revient à l’extériorité ; dans la peinture actuelle, c’est ce qui tourne en dérision ce qui semble n’être pas encore le chemin rêvé de l’abstraction.

Pour tout dire, on pourrait se contenter de cette prolifération d’exercices intellectuels à reproduire tout ou partie de lignes et de couleurs, d’initier le regard au risque de soustraite cette même pensée au tremblement des choses acquises ou de nommer sans cesser leur dissolution les choses dont on sait que de ne pas les nommer ça porte leur appétence au zénith de la mort de toute création, à la retenue du risque, du risque de s’en prendre à la peur de ne jamais aboutir au désir caché, s’il est trouvé au milieu de nulle part. L’invisible s’étend donc partout où le risque, le rien, l’insupportable résonance des lieux sans le raisonnement, et la peur de ces lieux sans liens, là où ça sent le dénaturer, le chaos d’une impossible intrication verbale, là seulement, on a accès au tremblement fantastique qui s’étend partout au commencement de l’abstraction pure, de l’abstraction qui illumine un chemin à défricher celui du temps lié au présent de la verbalisation qui fuit l’esprit retors. Liliane Tomasko nous dit que la rêverie vaut mieux que le rêve pour ce qui est de la peinture ; d’une peinture qui opte pour un territoire intérieur censé mesurer l’illusion qui traverse l’esprit pour dessiner ce qui trouve le doute, sa saisie, sa visibilité réelle. Aucun dessin, ni même de destin ne peuvent retourner la situation. Ce qui se meut alors, c’est une grotesque isomorphie du visible sous forme d’interactions entre couleurs et formes.

Ici, l’artiste provoque ces jeux, pour les démonter, les verbaliser avant de les transmuer dans une revisite de la mémoire, mémoire empirique, puisqu’elle n’est pas encore traversée par la mise en parole de sa visibilité. L’abstraction perdra les formes au profit de couleurs éruptives ou translucides, c’est là l’esprit d’abstraction qui commence, qui s’étend alors au plus haut degré de la résolution intelligente en peinture, on s’y tient pour une fois sévèrement, avec gravité, dans une ouverture à quelque représentation qui nous marque, qui nous met en présence d’un regard qui compose, qui musique alors !


Thierry Texedre, le 13 avril 2024.



Liliane Tomasko (1967-)

artiste peintre née à Zurich, Suisse

vit et travaille entre New York et Londres