dimanche 31 janvier 2021

L'étreinte

 


















L'étreinte


Secoué par l'impuissante gestation

qui nous tire dessus sanguinolente

du corps désavoué de la respiration

trop en avant pour vivre son temps

touché par la balle qui referme l'air

dans l'invention de la chair chassée


*

le jour après se divise et trop ténu

où sont les arbres dans les veines

piquées avant l'autre intervention

bientôt ça sentira l'ensorcellement

la clavicule cassant du bois l'hiver

partout l'esprit se traîne des doigts


*

en cherchant du temps le tremplin

ces corps diverticules sortent enfin

de leurs excitations les exciseuses

les intolérables amours et du doute

se couchent tout bitumineux noirs

et la germination d'avant le réveil


*

étranglé le son montre se montre

alors secoue s'envole se rétrécit

pourquoi cet or sort des fesses tir

par quoi ce renversement l'enfer

se referme sur l'esprit malin qui

tape et passe son temps à causer


*

et le regard retors semble rétréci

jusqu'aux larmes de l'imminence

le rien qui tremble saoul dedans

pendu à l'étuve le cœur dégrossi

j'ai mal aux neurones nébuleux

ils traînent dehors à cause du lit



Thierry Texedre, le 31 janvier 2021.






samedi 30 janvier 2021

De la fuite comme blessure

 









De la fuite comme blessure



L'art de peindre prend acte de l'impossible réquisition de la couleur du temps. Une peur s'installe, se situe, se montre devant la toile, plus que dans ses plis ( ceux de l'improvisation de l'acte même de peindre), trempe et tremble d'une opération entre le discernement et une faille : où aller quand du dessin on entre pour affronter les ténèbres. L'univers s'entend, s'étire, se marque, tel un feu venu de cette feinte, soi de reconnaître la loi. La loi qui régit les couleurs dans leur ontologie du sacré. Un sacré qui donne « sens à la nuit » du temps fantôme.

Chez Arnaud Martin, l'art du traitement de toute figure passe par l'insoumission à l'histoire, celle d'une peinture figurative. La figure est exhaustive ou exsangue de tout réalisme ou interprétation symbolique qui vide le temps de ses archaïsmes (fissure de la mémoire). Ici, des « créatures » (non archaïques) sortent ou rentrent de leur figure (la pesanteur du corps humain devant ses peurs), pour affoler le schème symbolique (le squelette d'une action, son dessein), le retirer ou l'interner dans l'impensable

risque d'une résolution picturale. Le peint met en avant un état hybride où l'ombre et la lumière blessent la couleur, jusqu'à montrer la forme, une sorte d'existence qui nous peuple.

Un rêve affronte l'animal, celui qui jaillit d'un « soleil noir », le rêve d'animaux oubliés. C'est le sexe d'un nouveau monde. Arnaud Martin poétise la peinture. Il lui libère cette lumière au bord du réel, pour contourner le format défini par le peintre. De ces contours sort l'improvisation de l'être et son contraire. C'est cet œil qui fait souffrir un corps qui naît. Ni humain ni animal. Un nombre inconstant de corps-animaux qui dévie d'une mémoire l'observant. Des créatures qui ensemencent le vide dans les cendres du présent amer. Dans un effondrement des ténèbres. Les couleurs sautent à l’œil, elles semblent nous parcourir dans les sables dissous de nos paroles indistinctes.

On comprend mieux cette blessure qui se dresse au retour de ces corps ancestraux.




Thierry Texedre, le 2 janvier 2021.



 



vendredi 8 janvier 2021

L'ourlet du monde

 
































L'ourlet du monde



Corne couverture du divin

calme caressant le cou

déshabillé et serré

la parole se rétracte

surdité de la vulve

en gonflement jachère

l'esprit revisite la peau

pour dresser ce jet

le totem béat de la déviance

un jour jeté au discrédit

de la pléthore érotique

l'abondance danse

sur le feu fournaise

de l'excommunication

contemporaine des songes

dressage du jet en trop

pour taire ces songes

sourds au muscle caverneux

qui n'en finit plus

de satisfaire l'image

répétitive du centre

le centre où ça rencontre

le lieu de l'immanente

exploration de l'imposture

l'imposture du trou

à en rire de la mort

qui ressemble à la peinture

oui la peinture peine

à entrer en grâce elle fuit

la rivière sort de son lit

perpétuelle somme en transe

l'eau s'étire en caresses

de la fournaise buccale

dépourvue de lieu

les sexes sortent se ruent

s'enfoncent dans la rue

de l'esprit en vagues

commotion continuelle

de l'esprit qui fuit son divin

puis son sujet intellection

de la fin en éjaculations.


Thierry Texedre, le 8 janvier 2021.



dessins d'Ingrid Maillard (1992-)

artiste plasticienne française