mercredi 17 février 2021

La tentation du verbe




 

La tentation du verbe


Depuis ce corps le corps cavité

sombre l'alternative du point

le point controversé du mal

pourquoi ce mal est-il si circonscrit

depuis une réponse religieuse obtus

c'est ainsi que traîne l'altérité du laïque

invertébré insoumis à l'éclosion

d'une terreur l'obvie l'interdit du mort

le mort éternel souffrant de vivre verbalement

le verbe du corps invertébré puisque immonde

parce qu'il croit au risque d'une éclosion

l'éclos d'une fermeture de l'envie d'être

à cause de l'être étant depuis l'étreinte 

en vie ou depuis l'origine d'un choc

le choc vertébral du corps décapité

à cause d'un soleil jaune puisant

dans ce corps sa souffrance d'être chair

à quelle chair la tête s'invente ce sort

d'être la chair avant d'inventer un langage

aux signes insignifiants puisque sortis

de l'inconscient comme histoire de ce corps

possédé par la parole entrain de montrer

ce que le corps a de dérive dans l'infini

soulèvement d'une vérité en trop

la vérité est ce trop livré à l'inconstance

l'inconsistance de l'inconscient de ce sujet

sujet du corps de l'élection d'un verbe

atomisé par l'animalité qu'un verbe frôle

et que la peinture va monter en jouissance

le cosmos y vient causer sa fosse nasale.



Thierry Texedre, le 17 février 2021.

Yves Klein, Anthropométrie, sans titre (ANT 170), 1960





vendredi 12 février 2021

Le temps peint

Christine Bonnin (1962-)

artiste peintre et dessinatrice française


Le temps peint de Christine Bonnin

Christine Bonnin propose et induit un dialogue entre ce qu'elle peint et ce qu'elle vit spontanément. Journal intime et peinture se répondent ou se répandent selon que s'entremêlent ou se croisent un récit et une pénétration dans la matière picturale. L'artiste entre en relation avec cette spontanéité qui pousse le plaisir à répondre aux questions d'une écriture qui se débride, en impose à l'écriture littérale qu'elle ne peut montrer. Son écriture est une écriture sans corps, déchirante, qui exerce la peinture au plus près de la reconnaissance d'un lieu de l'intime. Certainement pour mieux apprivoiser l'artiste qui s'offre à nous. Apprivoiser la vie quotidienne sans l'intime qui le peint.

Affres affamés du quotidien, l'écrit s’érode, se tait, sort de son silence, se soustrait au traitement qui est le sien de montrer la psychologie du temps, là est ce dessein, celui qu'un dessin peut de ne pas signifier la peinture quand la peinture sort de ce dessin, aux couleurs de ce récit sans temps, Serait-ce sa sentence ? Angoisses de l'intolérable discours du temps sur une peinture qui démasque chaque jour, chaque couleur en circonvolutions entre des mots en phrases liées au peint d'un désir infranchissable. Christine Bonnin écrit la peinture puisqu'elle ne peut la peindre qu'en tentant une percée dans ce que le présent n'arrive pas à soustraire de sa représentation du réel.  

Thierry Texedre, le 12 février 2021. 





































samedi 6 février 2021

Composition












































Composition

06.02


Patch

Du regard illusion

de la disgrâce en songe

l'usure l'usurpation

en danse indigène

sur cet ourlet euclidien

la vie s'étale

tel un voile obscurci

de la faune vitale

la peau sort sordide

du temps mécanique

horloge démontée

voilà l'articulé

l'os rétinien du bras

longeant la rive

pour jeter la danse

en figures occultes

dans les affres de l'océan

le trou béât du fond

qui court après la mort

retroussée jusqu'à l'âme

le sort en est jeté

la vicieuse chair

est bien vissée

puisqu'elle est venue

au monde infini de la plaie

un sexe trempé dans l'eau

jouit du four rougi

par le monde enfantant

l'unique peuplement

d'une parole enfantée

là est la parodie

celle d'un esprit

trop malin pour dire

quelque chose

objet du désir lueur

qui sens de travers

par une petite musique

qui court rivière

insolente l'insoumise

corps coupé du monde

corps tronqué qui touche

au ventre de l'enfer

voilà le nœud du corps

qui habite l'envers

la mise à nu du néant

répétition sans fin

d'un œil éjaculé

fruit de la parole

la tentation de lire

par cette divine

contestation du non

ce nom improbable

de l'un de la déchirure

l'illusion du vrai

où se vautre ventre à terre

le corps ramassé

et qui expire le poison

de ses sens en prières

mamelles des songes

pointés et soulevés

donnant le lait du trépas

où vit ce dehors

cette occlusion de l'intérieur

cette concentration

ce frôlement d'aile

de l'impuissance

une envolée vers un paradis

à découvert le véhicule

de l'être atomisé

la vulve oubliée d'un été

rêvé la poussière

de cet ange s'évadant

de la peau disséminée

en canaux vénaux

d'une nuit éparpillée

ça tourne vite exprès

pour faire croire

à une vérité du jour

le silence d'un patch

où la nuit s'endort

dans les bras ouverts

d'un paysage amoureux.



Thierry Texedre, le 6 février 2021.



peintures de Kim Whanki (1913-1974)