lundi 29 janvier 2018

Voyage

                                                    Wols - Camp des Milles, 1940





























Voyage

Présent dans les rêves
dormez dans les nuages
l'être d'illégitime maison
peut sortir de sa raison
par quelle fenêtre
par ces immaculés
ces sourdes exaltations
on entend crier
on tend les yeux
jusqu'à l'amour
pour soulever la vie
jusqu'à son doute
enfermé dans l'esprit
baisé de l'existence
le grand monde
du temps perdu
sort de ses béquilles
pour lever le ciel
l'enivrer l'envier
le vide saisissant
de la mort dehors.


Thierry Texedre, le 29 janvier 2018.








dimanche 28 janvier 2018

Sur quoi sur soi

Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) - Les quatre éléments





Sur quoi sur soi

Charivari du temps
posé sur le monde
la terre de l'ignorante
parodie du trépas
sur soi sur quoi
l'homme est-il
le naître de rien
de quelque chose
d'atomique
de ce savoir orchestré
depuis la fin des temps
la femme nouée
le trépas du fils
dans une caricature
une fable foutue
partout tombe
la nuit étoilée
qui se venge
de nos tollés
volés au pays
des autres soumis
des ombres du jour
par ici et par là
sur quoi sur soi
soir du levant
discret par dehors
par dedans du corps
consumé pour nourrir
l'impropre et l'or
jeté au discrédit
de la mer mercredi
dis ce qui se passe
dis moi ce qui se passe
comme je suis né
comme tu m'as fait
fêlure en sable
le jeu dévisagé
de l'embrasement
sur quoi sur soi.


Thierry Texedre, le 28 janvier 2018.







jeudi 25 janvier 2018

Bouscule - Métro passé


Bouscule

Suinte ces pleurs
apocalyptiques
du corps insoumis
vertige septique
du dénie incompris
suinte ces pleurs
du grand tremblement
vers l'étoile à l'heure
trou dans le sang
consumé la fleur
ouverte du temps
suinte ces pleurs
pousse de toi à moi
la raison prend
le large ver à soie
pourquoi tu rends
corps et âme moi
qui bouscule le vent
suinte ces pleurs.




Métro passé

Sur les orbites incestueux
les rivages obscurs
de la déesse l'illustre
amour de l'émerveille
de l'envolée en disgrâce
de ces thèmes ancestraux
qui prennent le métro
jusqu'à la source du bonheur
juste au milieu de l'apothéose
de la voix le chant en symbiose
des doux baisés un temps
présent avant le sommeil
trou béant du départ
pour l'éternité
pour passer par le chat
de l'aiguille décousue
tremper dans le bol
le pain de ce jour
qui de nos larmes déclame
un mot à en avaler les pensées
obscurcies par le présent causé.


Thierry Texedre, le 25 janvier 2018.






CRIS - point d'interrogation, dripping, 115 x 80 cm





dimanche 21 janvier 2018

Conversation

Alkis Boutlis – sans titre, 2006 gouache et émail sur papier










Conversation

Le corps est convié
en circonvolutions
et couché sur la trame
du fond défoncé
de la lecture disjointe
en tirant sur le nerf
faussé et chaussé
tel un fauché du temps
indiscret de la veille
on court après sa fausse
fournaise sa buée
entre les espaces
de l'espèce en gestation 
pour pratiquer la mort
jusque dans l'acte amoureux
qui insiste sur le rapprochement
d'une naissance avec la mémoire
en pleine décomposition
la même qui retourne à son
point de régénérescence
corps considéré
quelle sidération
attentat de ces astres
contre la fleure du rêve
la pénétration violant
la mémoire dans un
grand vide systémique
on parle à cause du vide
impossible à rattraper
l'ignorance est à son comble
dans la reconnaissance
de ce soudain désastre
qui s'ouvre à l’œil ignoble
c'est l'illusion du récit
devenu pelure de l'esprit
contradiction du son
pris dans la démesure
de l’ouïe insatisfaite
de son désaccord avec
la verticalité du corps
rétabli par la marche
aussi le plein ciel du savoir
finissant par laisser tomber
l'outre-tombe et le présent.


Thierry Texedre, le 21 janvier 2018.





samedi 20 janvier 2018

La Cène

                                                         
La Cène , Pieter Pourbus
huile sur panneau 46 x 64 cm, 1548




La Cène

Couvert par les ondes
inopportunes de l'être
sonnent les dérives
de la peau en creux
possédée par des chants
sur l'eau en reflets
qui tombent jusqu'au
fond de l'inexplicable chair
charriée par la tumultueuse
guerre à propos de la parole
voilà ce qui pousse l'art à atomiser
les couleurs dans une ronde de lumière
couverte en ces tentatives de tension
la lumière obsolescente et monstrueuse
en une irrémédiable décollation
de sa figure l'aveuglement de l’œil
sort du conclave exultant de la croix
aussi sordide s'emparer du corps
le fendre le feindre en foutre
aseptisé du scepticisme de la foi
dans l'enfer d'un enfermement
le grand dieu de la dépense
le repas de l'impassible repos
sur le temps mangé en partage
jusqu'à jurer la vie éternelle
comme improvisation
du recentrement du même
le rectum du bien
sur l'indifférence de la mort
voilée dans l'abondance
corps réparés corps et âmes.


Thierry Texedre, le 20 janvier 2018.














lundi 15 janvier 2018

Accouplement vertébral

                                     
Leonora Carrington
(1917-2011) - Ferret Race, 1950


Accouplement vertébral

Le ton est donné
l'écriture vole-t-elle
au secours de la peinture
ou cette séparation
majeure promeut-elle
comme un vol
une insuffisance
qui monte dans l'âtre
séquencé de la vie
pour lentement couper
cette séparation
en une infinité
d'excrétions volutes
de mots éparpillés
sur la toile endormie
en couleurs exaltées
et touchées par le vol
la voltige qui retombe
dans ce marais indécent
d'un labyrinthe onirique
et transcendant calvaire
de l'écriture qui flambe
toute ses signifiances
en ersatz singuliers
peaux obsédées
par la mise à mort du dieu
dans les plis de la chair
et le risque de la chute
ensanglantant le temps
quel accouplement
irrévérencieux sort
de ces mots nauséeux
pour se perdre dans les limbes
autistiques du récit perfide
entrain de courber
l'évitement du sang
en couleurs sulfureuses
pour renaître peut-être
pour enlacer peut-être
la vie perdue dans l'eau
vulgaire du néant
chassée à ses pieds
par le poète investi
de cette âme isomorphe
et tortillée en douleur
définitivement le lieu
inconnaissable de l'art
qui plie devant un corps
exsangue de compromis
consistoire de la parole
en cessation entrée
par cette affabulation
dans ce paradis
qui referme le doute
sur la douleur
pour traduire alors
et voir venir le vertébral
l'accouplement vertical.


Thierry Texedre, le 15 janvier 2018.