mercredi 19 décembre 2018

Les Nénuphars de Thierry Cauwet




Les Nénuphars de Thierry Cauwet

 "Le nénuphar a eu une influence indubitable en Égypte. Ceux qui l’appelèrent nanoufar « les belles ») virent en lui un « symbole […] du processus de création et d’élévation spirituelle. Dans l’Égypte ancienne, il représentait la création, moment où le premier dieu prit forme sur un tertre sortie de Nun, l’océan primordial » (1). Exprimant « la naissance du monde à partir de l’humide », il n’est guère étonnant que cette fleur sacrée des Égyptiens soit associée à Osiris qu’on représente souvent juché sur un nénuphar. Figure féminine, le nénuphar fut surnommé épouse du Nil car lorsque grossissent les eaux de ce fleuve majestueux, sa surface se couvre de nénuphars. Cette relation à la féminité ne quittera plus cette plante, où qu’on se situe." In situ Thierry Cauwet


Les vibrations lumineuses, la lumière qui s'en dégage provoque un certain dysfonctionnement de la perception, je crois là qu'on touche à autre chose que ce qui montre le nénuphar, on sort presque du milieu aquatique, de l'extériorité, de la nature, pour commencer une entrée fracassante dans l'intimité de l'humain ; la mise en abîme de sa "dépense", oui la dépense qui montrait la voie au sen ! Et là, qu’est-ce qui fait fléchir ce qui pense ? L’irrémédiable forclusion de la temporalité. Oui les Nénuphars de Thierry Cauwet montent encore et encore vers cette somme, la concrétion de toute une peinture qui ferraille avec l’extériorité des choses, pour faire reconnaître à la peinture ce qui la distingue du féminin ! Ce grand féminin que tant d’artistes et écrivains prônent en retirant à la peinture ce que le mal a longtemps opprimé. Point de noms ici, pour manquer la cible et tourner en désuétude l’art de cette lumière qui dévisage le regard du visiteur. Perdu au milieu(cette centralité érudite de Sollers manque son but en optimisant la perspective qui fuit par-là ce vrai centre de la peinture. Les formats de Cauwet ici, démontrent combien il est impropre de tout recentrer à la seule lecture de la contemplation d’une toile, puis d’une autre, etc. Le temps présentant l’exposition de telles peintures vaut pour que ce centre intervienne parce que son sujet (ici, le Nénuphar), n’intervienne qu’en tant qu’indice, et le moins serait de deviner ces Nénuphars au même titre que la lumière qui s’en dégage d’une autre intensité que la réverbération musicale de l’eau sur la surface de la toile. La beauté, voilà bien là ce qui caractérise la figure féminine et les Nénuphars au gré de l’eau (ici, le médium). Mais l’art n’a de cesse d’augmenter ces beautés à mesure que le peintre opte pour un découpage, une scission, un acte délibéré de remettre à zéro l’art de montrer. Montrer ce qui est caché, la féminité et son corollaire d’impossibles actions quand à la pénétration d’une peinture dans la pensée moins pour la secouer ou la dupliquer, ou encore l’influencer au titre d’une avancée sur la reconnaissance, un îlot de pureté où tout être digne de ce nom veut s’engouffrer ! Non, cette peinture dont la beauté n’a d’égale qu’un certain Monet aurait trouvé illégale ; non cet acte minimum de la peinture d’extérieur ne se remarque qu’à la condition sine qua none qu’une dépense traverse ces formats pour rendre compte de l’art qui pose cette question : pourquoi la dépense de toute subjectivité vient opérer une distance avec le centre que la peinture est ?



Thierry Texedre, le 19 décembre 2018.