mercredi 17 avril 2019

Clone


photographie de Natacha Nikouline




Clone

En cloque, la blessure hirsute, héritage du grand boulevard de la contamination d'une peinture dépecée, arrachée au rien de la parole en l'air. Elle finit par s'ouvrir, cette blessure saturée avant, elle dégorge, elle vomit sa spectrale liqueur livide. Elle prend garde au retour de ce regard insolent, caverneux,  qui risque de contaminer l'oeil, l'intenter, le différer, l'indifférencier aussi. Blême figure qui rentre et ressort sans cesse, pour mettre sur pause cette peinture politique, publique, et subjuguée par un sujet hors norme. La blessure est botanique, dans un pourrissement irrésolu de la peinture entrain de dissoudre toute subjectivité. La reproduction, la plaie clonée, dans un tintamarre mimétique de la disparition de la peinture, dans la représentation du sexe pour sentir venir un sujet du fond des âges, le fond qu'une reproduction tente d'avaler pour simuler l'unique, pour montrer qu'une peinture peut naître du débordement de la tension, de la pulsion, de ce succulent repas floral qui s'enfonce dans les étamines de la jouissance, qui perfore les couleurs pour pousser le temps à aimer la lumière, celle de la contamination animale. Subjugué par le peintre en lutte avec la tyrannie du spectacle spectral des couleurs atomisées, l'hominidé feint de savoir, de ce savoir sans cesse remis sur le devant de la scène pour plier la représentation et la faire sauter en attendant d'autres empreintes ; sur quoi la peinture revient elle aussi comme nom.

Thierry Texedre, le 17 avril 2019.