vendredi 28 octobre 2016

Terre d'airain





                                                               Auguste Rodin, l'âge d'airain





Terre d’airain

Terre d’airain
sauvage réquisitoire
du train qui s’enfuit
de cette contrée
enterrée par une folle
nuit d’ivresse
le clair obscur
du jour fini
la nuit joue
avec l'ecclésiaste
lentement endormi
dans des rêveries
dieu me garde
dont je n’eusse jamais
entendu parler...
de l’étreinte
qu’il aura eu
un instant avec…



Thierry Texedre, le 28 octobre 2016.








mercredi 26 octobre 2016

Lettre close du récit



Ernest Breleur - Le Christ rouge




Lettre close du récit

Sur la surdité du vivant corps dépossédé de sa grandeur d'être soi, le jeu inaudible de la frayeur d'exister, voilà que naît l'improvisation insoumise de l'emprise de l'être sous sa pulsion indifférenciée d'être et de non être, l'exercice illicite qui convie ce corps à commettre un meurtre. Tuer ce comble obturateur de calamités et de drames démesurés, toucher à cette mort dont les affres sont tout près de la reconnaissance d'un attentat. Vie en pointe vers le lieu d'où sortent les orbites sucés du temps détaché; serait-ce le succès de l'air irrespirable ? De l'air atomisé par les sons de la décomposition ? Pourceau que ce corps immanent de la finitude de la vie, pour créer cette rencontre de la jouissance avec la mise à mort d'une chair inondée de ses lueurs qui faussent la parole, parole qui sonne le glas pour dire la répétition et l'impuissance de ces sens en phrases insensées. Finitude de la vie qui se montre encore, à parcourir les lamentations de la lecture, sur le jeu qui se joue de la vie, jouant à tuer les morts de mots inconcevables, tuer le corps en disgrâce, trouer depuis sa césure, là où se montre la chair, carnassière, en coutures et ouvertures du ventre de la terre qui tourne, jusqu'à la tête, pour risquer la démesure de la mort, se risquer à commettre le crime de la vie, avoué alors comme étant l'appendice dévorant le cœur "insondé" de l'étranglement, par la voie orale, de l'air dépassé par le sens de la lettre. Cloué au soc indubitablement, le corps encore "entré" par l'être, se montre en sang, du sang de la souffrance, redressé sur le pieu palimpseste passé par la voie d'une peinture intraduisible, avant que ne meurt l'esprit qui demeure (toujours ailleurs depuis la mort de l'autre/sien), à crier des mots avec verve et en volutes, trahissant la mort, pour la mettre à mort en "ressuscitant". Forme recroquevillée de la plaie qui suinte, en vol éclaté de la déesse mort, voilà, le regard éclairé, que ce corps disparu va sombrer dans l'illumination de sa rencontre avec l'essence d'un "corps pensé", ventre à terre - le propre de l'âme se voit chantant en discorde - quelle dissonance ! Coup de maître de la vie qui plante là la chair, soulevant les montagnes et les mers, afin d'embrasser cet embrasement de la chair par l'immortel esprit. Tremplin sur lequel montent les corps décharnés pour sauter dans le grand vide qui ne sera plus jamais celui du "grand soir". Le vide se plaindrait-il d'en arriver au risque d'exister partout, soumis à ces plaintes dont on se demande si elles n'ont pas à voir avec ces choses pleines; pleines de l'extraordinaire mensonge de la parole qui cogite sur le dos de l'esprit !


Thierry Texedre, le 26 octobre 2016.






mardi 25 octobre 2016

L'infus refus






L’infus refus

Jugeant
par quel instinct
jurant oh ! giration
du tremblement
du corps
en accord
avec l’instrument
de la belle intrusion
qui faute à ouvrir
l’exécrable
tentation
tendue
tant
et tant
de fois
ha ha ha
à percevoir
cet infime
déferlement
de la peau
sur l’eau repue
à résoudre
l’instable
ou bien encore
la déchirure
s’installe
retable
de la peinture
sur le corps
carboné
respiré
aspergé
astiqué
affalé
à défaut de
se dissoudre
sous ce drap
tatami
qui recouvre
qui réouvre
rasoir plié
avant de se rasseoir
sur les chairs
encore rougies
du coin chaud
dans l’herbe
noire
qui rase les murs
se frotte
à la lumière
devant la porte
qui s’ouvre
pour laisser
entrevoir
l’espoir d’un
regard hypocrite
ha ! ha ! ha !
que ça tienne bon
depuis ce sacré
os et suaire
du recouvrement
ôtez-vous de là
que je m’y mette
dans les plis et
les culottes
émanées
de ces sottises
que l’oeil n’aura
de cesse de résoudre
en tremblements
musicaux
pour empêcher
et empêtrer
le temps
pour qu’il passe
à autre chose
cet insensé
changement
dans la tempête
de la chair
sous la peau
sur l’os
dans la solitude
de notre plus grande
indifférence
sonne alors
l’astre mort au combat
sonne encore
l'astreinte
qui rétrécie
à mesure que le corps
s’évanouit
de son origine
de son dedans
de cette naissance
à l’envers
sous la jupe
relevée au réveil
avant d’accoucher
avant les mots
bien avant le babillement
bien en deçà
de la création
au moment où
la matière
rejoint la chair
loin du désir
forcé de naître
double élision
en membres
occultés à l’instant
gloire à ta grâce
au fil du temps
depuis le gramme
infini de ta couche
accoudée au pieu
vissé dans l’artère
la grande voie
par laquelle
on suinte
on court
on cuit
on vit
aussi
c’est à refuser
cet extravagance
que le corps assidu
se voit rétréci
à mesure qu’il
s’épanche
sur les senteurs
acides du désir
insidieux d’avaler
les essences
intemporelles
de ces capiteuses
cavités
du corps amoureux

Thierry Texedre, le 25 octobre 2016.










samedi 22 octobre 2016

Extases




Extases


Emmène-moi dans cet enfer
qui me ment
tu me montes sur ma vile
verge et sans vergogne
je jette sur mon corps ton flot
ma dette quel feu !
au loin plus aucun regard
ne peut me mettre en émoi
les rimes et les rives fondent
en larmes toutes ambiguës
par la crainte en fantôme
d’exister pour l’éternité
loin de toi sous ces toits
incertains et imaginés
de ta peau ce délice me puise
et épuise tout mon être entrain
trop étriqué de me sortir de la tête
je laisse libre cours tout autour
l’interdit de tes dessous assouvis
et déroule mon âme pliée en ton sein.



Thierry Texedre, le 22 octobre 2016.





Ernest Pignon Ernest - extases






jeudi 20 octobre 2016

Implosion










Implosion

Résurgence de la terre
sous les érables dorés
partout renaît la vie
sous les regrets
impuissants de la guerre
qui gronde et gravit
en bombes l'air
qui retombe astreinte
à de morbides éclats
sur des corps enlacés
et posés à-même le sol
écartelés par la charge
tentaculaire du nucléaire
qui s'est abattu
comme un monstre
sur toute l'humanité
résolue à fuir et crier
sa terreur sa souffrance
et son désespoir
partout s'abat l'ombre
infestée de la fin
plus aucune vie
ne sortira soudée
et sans mémoire
et que la paix revienne
un jour peut-être
sous ces êtres
fantomatiques
au gré de l'aromatique
résurrection
venue raser les errements
insatiables pour passer
au présent
à cette rencontre
la reconnaissance
la déesse même qui offre
à ses sujets l'envie
la vie le lavis
de la vie qui s'échappe
au gré de ces courants
qui dévalent le passé
en songeant au pardon.



Thierry Texedre, le 20 octobre 2016.















samedi 15 octobre 2016

Repos






Repos


Itinéraire de l’imposture
sur la fin d’un règne
en vol utérin
du dieu le pluriel
illisible et impénétrable
dieu de la discorde
dictée de la détresse
verbale montée contre la vie
voilà le recours
le risque d’altération
de l’alignement sur le risque
d’internement final
de la figure
en corps entier
comme cette redondance
qui fracture l’entre-deux
de la naissance à la mort
depuis quand
le pouvoir se montre-il
au centre
pouvoir de dire que ce [ j-euh ]
enfermé entre le soi et le doute
trouve t-il sa place
pour esquiver le temps
le remplacer par l’immanence
d’une représentation
du repos renvoyant par là
la fin au risque de ne plus exister
excavation de la connaissance
grattage de ce savoir
mis à une place dont on sait
qu’il durera le temps
d’exposer l’indifférence
par l’empressement
rétinien soit d’y voir vrai
pour déformer la parole
en train de s’étreindre
à mesure que le corps se dissout
dans l’esprit sécable
et volcanique de l’étreinte.

Thierry Texedre, le 15 octobre 2016.

peinture - Anne Van Der Linden - La sieste crapuleuse, 2014