On est entré en guerre contre une peinture qui ne vient pas
Conservatoire de la brillante voix
l’ultime insidieuse et tonitruante
exaction de la parole qui entre seule
par les pores de la paroi atrophiée
partout où ces bruits courent et couvrent
l’indécence du corps dénoué en lueur
de celle qui s’ouvre au ventre de la vie
d’un vivant orifice entrain de se taire
à cause de la voix qui enfreint enferme
ce corps qu’un pleur désordonné tait
quelle guerre s’invite au repas du vrai
à trop découper en plaies le corps nu
et recouvert de ces paroles en trop
c’est l’antichambre de la douleur
de ces os recouverts de chants indécents
suivant une bataille hermaphrodite
de l’être séparé de l’âme envoûtée
à cause de la voix qui s’est séparée
pour s’identifier au train train verbale
le temps pressé par le verbe s’enfle
se contracte s’éternise à l’infini
pour que respire cette croyance
c’est le protocole d’une mémoire
le temps pressé voilà donc la dépression
la cause incessante du risque préparatoire
d’une peinture dessin en taches électriques
contusions d’un dire divinatoire de l’autre
qui touche à la perspective avant l’heure
en vrac un sac en porte à faux trop lourd
à porter s’ouvre pour laisser voir le monde
sombre qui reste dans l’oubli figé fiché
au fond sans qu’on sache ce qui s’y trame
c’est qu’on cause de ce qui s’y trouve
sans savoir de cet objet quelque autre chose
la chose n’est pas l’objet mais sa possession
la peinture est cette chose qui veut en finir
avec la guerre contre une peinture
qui ne vient pas à trop causer du monde
le monde d’une déchirure de la chair
poussée à jouir de l’objet d’une possession
de la mémoire naissante du lieu de la peinture
dure réalité de la guerre ignominieuse
du désir caressant de la paix qui tourne
ce réel en dérision pour démonter
ce lien cette voix cachée du temps
qui met en scène la vie d’une peinture
celle-ci se retourne immanquablement
en vertiges ourlets qu volent la peau
la torturent jusqu’au vieillissement
jusqu’au silence mortel d’une voie
saisissante qui se couche altérée
la chair creuse ces sillons immuables
d’une guerre qui infeste la peinture
si la peinture ne vient pas c’est qu’elle voit
venir sa raison d’être qui ment son destin
et l’animal en touche revient faire parler
de cette peinture en ostentation
en suspension du rêve qui vient lui
en une constante détention verbale
au plus près de cette divination passée
animal qui pose le problème d’un lieu
celui qu’une peinture ne cesse
d’ensemencer d’une descente aux enfers
la parole s’y plaît à coudre la peinture.
Thierry Texedre, le 3 juin 2023.
Tessa Mars (1985-)
artiste plastitienne Haïtienne
vit et travaille à Port-au-Prince