lundi 31 juillet 2017

Stop



Ville astreinte astringente astre de lumière belle incontinente et désuète perdue au milieu de nulle part grimaçante depuis l'aube perdue étalant ses myriades de possessions et de veilles encore debout dans la mêlée cacophonique aucun auto-stop pour parler du temps qui passe le monstre tentaculaire est bourré il pisse le long d'un réverbère teinté un éclairage jaunâtre pour faire entendre un air.

Pâle dimanche dépassé renversant les passants sur le bitume encore frais et des enfants sortent en vitesse pour chercher des histoires un vélo freine et stoppe avant de se livrer au pire un jour pas comme les autres le métro est ouvert tôt encore trop tôt on touche à l'irréel sortent le nez au vent bus voitures camions de livraison motos accordées en accordéon partout des gens déjantés courent.


Thierry Texedre, juillet 2017.

dimanche 30 juillet 2017

L'inconscient, vite

                                             Larry Rivers - I Like Olympia in Black Face, 1970


                                                     

                                                       Edouard Manet - Olympia, 1863


























L'inconscient, vite

Cloué au risque
d'extraire cette chair
la peau tiraillée
l'os asphalte
du pire recentrement
que la gloire ai rencontrée
celui du jeu interminable
qui sied à la confession
de cet inconscient
divin et expiatoire
frôlant l'ultime usage
du corps dans sa fin
montrée par la pensée
expatriée et rituel
de ce corps à deux vies
vivant par son inconscience
par la fuite vers sa fin
la fin inappropriée
qu'un être assiste au néant
plié entre son commencement
et sa terrible forclusion
pétoire de ce corps de chair
qui pousse par le bas ses aspirations
pour jeter le discrédit sur la mort
tension malhonnête
qui naît du blême
état de la chair assermentée
vite vite vite découpée en musiques
l'envie de pousser la porte du destin
se joue avec l'impossible
prostration de cet inconscient
en trop trop touché par l'être
interrompu par un trop plein de mémoire.


Thierry Texedre, le 30 juillet 2017.










jeudi 27 juillet 2017

Succion

                                               Salvador Dali - Le grand Masturbateur, 1929


Succion

Quelle chaleur
sucer la glace
un temps soit peu
du pont au bord
le long du canal
au bord de la mer
le bord du quai
avant de sauter
dans l'eau
sucer la glace
avant l'arrivée de l'hiver
avant l'enterrement
de l'enfer
compter les jours
depuis la cellule
depuis la chambre
bleue du ciel sirupeux
du ciel volé
sucer la glace
pour se dévoiler
la face ailleurs
la peau humide
entrer en immersion
dans l'étreinte du goût
dégouttant dégoulinant
pastiche des vacances
deuil sourd du repos
improvisé partout
où l'on suce la glace
la langue pelée.

Thierry Texedre, le 27 juillet 2017.









mercredi 26 juillet 2017

Hymen

                                             
                                                Gustave Courbet - L'Origine du monde, 1866




Hymen

Droit et circoncis
cette anatomie se resserre
pour scruter avec le sang
gonflé les secrets
de la verge qui se
montre descendant le long
du corps encore endormi
dans ce néant qui puise
partout les baisés inassouvis
regard exubérant
poussé par le vertige
du désir puissant
se faufile tant et bien
au travers de l'imaginaire
forcé par les caressantes
brumes du bord nu
depuis ces herbes tendres
tout excité cet attirail
un psaume à la main
s'évente pour calmer
ses ardeurs devant
l'ingénue intriguée
par la vue de cet accoutrement
bien harnaché et bien campé
sur ses deux hémisphères
qui se balancent
à tout vent
trop inconnaissables.


Thierry Texedre, le 26 juillet 2017.







lundi 17 juillet 2017

Peinture, tu parles...


Daniel Richter peintre








La peinture, tu parles...

Touché par ce temps de la possession, voici que penser s'en suit par ce lent dispositif de la peinture, produisant l'informel, la répétition, l'immédiateté, pour tenter de résoudre ce qui finit, ce qui maudit la langue et sa musique. Entrée dans une invitation à se soustraire à la langue, par cette insatiable éloquence la peinture frôle l'alternative qui montre que la vue ne suffit plus à satisfaire la sexualité humaine (j'entends par là que la sexualité ne se soutient pas de l'acte sexuel en soi ni de son érotisation, mais passe par une translation du corps hyperbolique de l'érogène pris dans la langue à trop voir ce qui fait sens dans l'insignifiance de l'acte sexuel); l'amour pour ce corps est un amour dépossédé de l'être comme déploration de la langue, risque de rencontrer son fou, pour convaincre toute parole qu'une folie n'a de cesse d'accentuer l'impossible étirement de la pensée sur un sujet qui joue sa perte. Penser passe donc par la peinture, s'il en est ainsi l'esprit révulsif qui déjoue la langue pour la recomposer dans un autre espace refuse sa langue pour penser et visite donc la peinture comme vue irrépressible d'un lieu social à rejouer, celui qu'une peinture peut à n'en jamais finir de se soustraire à la vue présente dans un temps de la dépense ; vue qu'une représentation saura reprendre à son compte pour risquer, dans la langue d'un temps présent, l'irréparable tentation de montrer le paradis comme vol (kidnapping) d'un sujet mortel (mise en mémoire d'un sujet de l'immortalité).



Thierry Texedre, le 17 juillet 2017.





 

jeudi 13 juillet 2017

Certitude et béatitude

                                   Claude Verlinde (1927-), "Les quatre saisons de la béatitude"



Certitude et béatitude


Par quelle couverture
le temps s'éveille-t-il
à cette infamie
que la représentation
montre ici en plaie
de ce que la douleur
va imprimer sur le corps
sur ce corps absout
de la mort
par ce sacré
retraduit en peinture
pour avoir jugé ce sacré
exercice damné
par le temps bu
dans la coupe du sang
tremblement de la vie
le tors d'un corps
coincé entre l'être
et le sujet pensant
sa fin en lettres
apocryphes amour
sur quelle introspection
de la chair illuminée
par la parole montrée de biais
sur cette peinture pneuma
de la fin du corps
qui rencontre sa foi
avec l'éternité et la matière
moment du passage
vers cet au-delà
que peindre promène
jusqu'à la certitude
de laisser faire la chair
paix à notre âme
merci douleur dépassée
dans la certitude
d'une béatitude enfin.


Thierry Texedre, le 13 juillet 2017.







D'y voir

                           Jan Van Eyck - La Madonna di Lucca (1433-1436), 149,5 x 65,5 cm




D'y voir


Longue est la nuit
outrance au ciel
qui passe par là
interminable et
blême aussi étendu
que l'océan profond
de ces ténèbres
illicites par l'amour
éternellement voilé
sur ces récits en signes
par lesquels se montre
la lumière du temps
indécidable de la gloire
en ces lieux d'appartenance
récifs sur la parole
qui plonge les bras
pliés en croix et
pendus à l’œil malin
jailli de ces enfers
du corps encore chair
de la chair par la parole
finissant dans une peinture
respiration du jet jeté là
en pâture aux hommes
nés de ces cuisses écartées
dans le douloureux
endormissement
de la libre improvisation
en cris répétés jusqu'à
la lie j'irai cracher
sur vos ébats tombé
de ce corps ensemencé
par la belle jouissance
interposée au hasard
à tout jamais joué
par omission de la raison
par quelle atomisation
de la raison qui manque
par quelle dépense d'en
finir avec ce corps inventé.


Thierry Texedre, le 13 juillet 2017.








lundi 10 juillet 2017

Pleurs

Vincent Van Gogh - Résurrection de Lazare (d'après Rembrandt), (1889-1890)





























Pleurs (prière)

D'une rencontre avec l'au-delà
un corps se délite
et meurt en apothéose
avec cette âme
hauteur en prière
de la vie par l'amour
entrée dans l'esprit saint
la vie promise à cet espoir
de la béatitude et la délivrance
la résurrection par l'esprit
le cœur appelé par la mère
enfantant le fils divin
Christ apporte partout la bonne
parole aux pleurs imparfaits
le souffle de la vie éternelle.



Thierry Texedre, le 10 juillet 2017.






dimanche 9 juillet 2017

Passage

Pierre Alechinsky - Les grandes choses transparentes


























Passage

Sur ce suintement
du refus omniprésent
de la parole
se montre l'esprit
dominé par l'entrée
en résidence du sexe
commémoré en verge
fracturé en hymen
de la comédie
travers obsessionnel
de l'acte révulsé
qui sourdement s'en prend
à la parole pour
la livrer à l'intronisation
et au silence suranné
de ce dire en introduction
départ vers ce blême
viol du corps
qui chante le recours
à la folie du texte clos
par la lecture en ivresse
en rites de l'asservissement
au temps de l'image
involontaire et inconsciente
pénétration jubilatoire
en danses catatoniques
du sexe tendu vers ce ciel
abstrait qui tourne
en rond pour jouir
dans sa finitude feinte
de la dépense
pour faire du sang
le grand prêtre du vide
qui vit hors du temps
de l'hominidé attenté
depuis la mise en forme
de l’œil ignoble
qui ne voit qu'à cause
de sa possession ultime
par la chose
poussée par la mort.

Thierry Texedre, le 9 juillet 2017.