samedi 25 juin 2016

Le cloporte







Le cloporte

Dans l'ivresse du chemin
le fait du regard la déconvenue
la désillusion se métamorphose
en rapides coups du sort
pour puiser dans la mémoire
du même clapet fermé
par la peur d'exporter
ce silence qui frôle l'atermoiement
exquis de l'existence ensevelie
en bouches ouvertes puissantes
et l'essoufflement du sol gratté
quelles turpitudes et tricheries
que la parole interdite livrera
on invite au crime de ces mots
hirsutes de ces démons débusqués
dans un temps de l'apocalypse
cracher le clou frappé du corps
caverneux sourd par l'enlèvement
des ongles de la feuille noircie
extrapoler ce qui soudain naquit
de l'engoncé foutu en l'air
écarté du risque d'exister
en musique par la voix
par les ondes martelées
sur la blancheur du vrai
omniprésent quand l'air
sort de la gorge exténuée
et rétrécie au rythme insubordonné
de la terreur démasquée en drame
le drame que le sens du texte monte
tatami prêt à jouer l'étreinte
entre deux corps pincés par la pensée
traqué le cloporte dresse la table
en vertige de la terre dévorée
bois découpé en zones
arides depuis l'arithmétique
symétrique des yeux exorbités
par le pouvoir d'éradiquer
l'enjeu du corps sur la chair
damnée en vestiges de la parole.

Thierry Texedre, le 25 juin 2016.







mercredi 22 juin 2016

Chant du désespoir





Chant du désespoir


Guerre indolente psaume découpé
qui frôle l'insouciance de l'enterré
sous les bombes du massacre raté
voilà le gong qui franchit l'identité
au loin révolue longue file rayée
des blessés et assassins chassés

Semblant de réveil dans la sueur
des camps palpitant par la peur
qui franchit les barbelés la lueur
à point vient frapper les cœurs
secs tout en taisant la rumeur
espérée d'un évadé comploteur

Caprice du ciel assombri l'idiot
va se mettre à exploiter le beau
pieds perdus sans les godillots
mis au feu juste avant le garrot
qui serre le torturé en sanglots
le monte piteux sur l'escabeau

De la mort présentée d'un pas
souverain un saut dans le coma
velouté l'indignité le concorda
un désir inassouvi se poste là
plus près des ténèbres le quota
un camouflé qui ravira les rats



Thierry Texedre, le 21 juin 2016.







dimanche 19 juin 2016

Entre le ventre et la terre



Quelle est donc la surdité
qui frôle le vol irrésolu
et inquisiteur de la peur
voilà que se montre
à tous les renégats
du temps présent
l'immensité de la musique
le travers la possession
coupée du monde de ces affres
ce sacré le samaritain
qui essaime au vent la peur
de mourir la perfide occlusion
qui se dresse devant
la parole l'étreinte en
voyelles consonantes
vois ce qui te sied d'aimer
le ventre et la terre
rencontrées à la source
aveugle du temps de l'âge
il passe par là pour
intenter à la chair
la montrer conduite
aux chiens errants
et le soleil indécent
contamine puis délivre
le sang en sens inverse
peinture faite chair
dans l'écriture qui parle
une langue indécidable
qui peint sans fin
l'invasion par ces crachas
de travers l'incendie
de la tête qui maraude
en catimini enfin clouée
à la croix sans bois ni lois
dressant son sexe plein
pour lâcher en léchant
apologie du croyant
coursé par l'ignominie
de l’œil grand ouvert
au milieu du front
en suivant l'image
pour la couper du regard
incertain et teinté
d'une pâle jouissance
impropre texte invité
joues grossies par l'esprit
qui tente d'approcher
ce corps entier le montrer
s’enticher de sa peau d'os
jusqu'à la douleur
qui insiste partout
enfoncée dans les plis
de la couleur chair
en soubresauts sués
de ces verges aromatiques
par quelle surprise
s'est-elle jetée dans les abîmes
du ventre de la terre
au risque d'aller
chasser ces sens pour
partir en poussant un cri.


Thierry Texedre, le 19 juin 2016.





Gérard Titus-Carmel
suite Grünwald




















jeudi 16 juin 2016

Rêve de nuit



Le rêve de Joachim - Giotto
fresques des scènes de la vie de Joachim, 1304/1306 Chapelle Scrovegni, Padoue.



















Rêve de nuit

Du léger tremblement
qui frôle l’impérieux
désir de traverser le
temps troussé par l'art
d'écouter ces os dénudés
et explosés par l'oubli
tremblent tous les regards
sourds du grand ressentiment
quel souffrance vient se jouer
de l'insignifiance qui hurle
de long en large paisible
pour couper les os du refoulé
maudit par des paroles
ordinaires juste l'orifice
ouvert depuis ces tombeaux
inquisiteurs et inquiets
d'avorter et que presse
le temps resplendissant
en vers opalescents
l'enfant natif du monde
se pend au cou monstrueux
introduit révulsif intraduisible
la somme fêlure du con
contaminé par les cendres
du bras rencontré jusqu'au vice
introduit pour faire fuir
la surdité jusqu'au nez
de la douleur asséchée
à l'aune de ne plus croire
qu'au tremblement
la légère blessure s'ouvre
coupe en coin du corps saigné
dès sa sortie de l'enfantement
l'étreinte d'un univers clos
qui ergote en corps possédé
pour rendre à la chair le lait
bu par la sainte mère morale
emportée en airs lus paroles
arrogantes rencontre arrivée
le jour où ces ombres visitent
se mettent à danser dépouille
à peine installée dans la chair
pour se grandir du plaisir
endormir l'irréelle figure
du commencement de tout
que ce rêve nuit en bleu
tombe par l'accomplissement
de l'être qui entre en apothéose
hormis l'âme insaisissable
qu'on a interdit d'aimer
parce qu'elle est noire
rage ô quelle blessure
depuis cet indicible amour
l’œil ressort quel privilège !



Thierry Texedre, le 17 juin 2016.








mercredi 15 juin 2016

Mémoire






« Depuis la fin est-il encore possible d'écouter cette suite gothique de Boëllmann avant la mise au tombeau de ce corps apaisé »

Mémoire

Sourire de ces interpellations
qui vous emportent au vide
par cette suite gothique enjouée
orageuse et présentant un repos
est-il possible de monter
dressé au centre publique
de la vie entrain d'être étendue
à ces codes inventés qui fondent
le sens de l'existence jusqu'à
l'âme blessée par la mort montrée
sous les applaudissements du né
en outrepassant cette mémoire
qui frôle l'exclusion au moment
de la naissance vers les cieux
en cette fin de vie miraculeuse
en cette expiration de l'envie
qui s'acquitte de la nébuleuse
douleur depuis l'entourloupe
de ces couleurs grimaçantes
de ces ondes justes qui chantent
la fête d'une vraie délivrance
délitée et décapitée se fracassant
par la lecture du passé et l'art
de vivre ce présent partant épuisé
par la vitesse du corps hanté
par les tricotages et des jargonneuses
lectures d'une caresse du temps
par la respiration du silence et
pendant la grand messe des maux.


Thierry Texedre, le 15 juin 2016.









la persistance de la mémoire (montres molles), peinture (huile sur toile) de salvador dali, 1931, museum of modern art (moma) - new york 







samedi 11 juin 2016

Dissinance



En cloque la vie
sait que la vie
souffre de ne pas en dire assez
sur l'altération
sur cette surdité
qui montre le corps
calamiteux
et coupé
du fond
foutu en l'air pour avoir lu
ce que l'image ne dit pas
et qui pourtant montre
le massacre l'extinction
l'envers du décor
ce sas par lequel la disjonction
se montre au bout
là où appelle la mort
recouvrement du vrai
de ce qui est vécu mais pas lu
le véritable
nœud est là
de discourir sans lire vrai
la crise du corps qui s'est fait chair
en parlant ce faux dont on voit l'image
la vie se rattrape à agacer
la chair en la parlant en mots
érotiques qui le sont
parce que l'image
immole les signes
insignifiants du sens
des choses parce que le drame
de la naissance ressuscite
l'extinction des mots en chair
par ce soulèvement
qui frôle l'indifférence
par l'erreur des mots
et pousse et jouit
cette excrémentielle démission
de la chair pour pousser le temps
pour qu'il chute juste
pour que le vrai soit.


Thierry Texedre, le 11 juin 2016.






jeudi 9 juin 2016

Fournaise



Fort de ce cataclysmique accord
avec la mort ce corps à découvert
sort de sa gangue en langue outrée
quiproquo avec la naissance en flots
raccord de l'étreinte depuis l'éteint
ce sacré court-circuit qui force sans
rien faire entendre au cœur inspiré
par l'éternité qui referme les yeux
à ne plus fuir qu'allongée en deuil
l'ange promet-il une vie au vitriole
passant par dessus les accords ténus
d'une occultation de la chair en ordre
de bataille en balbutiant les relents
du ricanement incidemment partout
où sonnent les affaires de la mort
rient juste pour rembobiner le film.


Thierry Texedre, le 9 juin 2016.









jeudi 2 juin 2016

Sans partage



Nuit outrée
du dos tourné
sur une voix
lueur catacombe
tombe l'alcool
colonisé en vie
au vitriole vêtu
de sa bouillie
en bouteille
tangue la vue
qui se rue
sur les pavés
recouverts
de goudron
chaude nuit
chienne de vie
dans la douceur
du petit matin
des errances
depuis l'erreur
d'avaler le goulot
par dessus
la jambe
relevée étreinte
contre le gazeux
jazz de l'autre
côté de la rue
qui joue avec
ce pire qui tape
dans la tête
et pique du nez
en même temps
que ce vaurien
ventriloque
menu et dragué
par les chats
de gouttière
usé par l'usage
dérisoire du rasoir
près de la joue
il tremble il est
prêt à en découdre
avec l'oreille
qui tinte et tord
les sons les extirpe
dans une douleur
insoumise
jour sans fin
va et se retire
au risque
de perdre
sa belle ombre
tremble la vie
vendue au ciel
pour embrasser
l'indifférence
qui frôle la drôle
de caricature
qui s'aventure
en face du
corbillard
il roule plein
comme un vide
pressant en route
pour l'envers
lanterne usée
par la gomme
des voitures
qui s'en foutent.

Thierry Texedre, le 2 juin 2016.












mercredi 1 juin 2016

Danse le vent / Le Jules




Danse le vent

Sur le bord c'est la musique
sautent les sauterelles dorées
oh grand soleil au solstice
aux abords du canal se mire
et dort le canard le colvert
tout près à s'envoler se lève
en notes noires et blanches
d'une symphonie qui danse
l'air de rien le vent prend
toutes ses aises sur l'étang.


Thierry Texedre, le 1 juin 2016.



Le Jules

La chaise est dans un coin
prête à bondir sur Jules
le visage un peu joufflu
pourvu qu'il l'évite vite
il penche la tête lève les bras
pour les croiser en guise
de protection de sa bouille
la chaise tourne en l'air
et se prend les pieds
sur les avants-bras
du jeune homme muet
tellement la douleur
est vive il se plie et tient
serre la chaise très fort
puis écarte les bois jusqu'à
ce que cèdent les rolons
arrachés ils jonchent le sol
en mille morceaux
et les quatre pattes aussi.


Thierry Texedre, le 1 juin 2016.