mercredi 3 août 2022

Les voyages fantômes de Francisco Sepùlveda

 


































Les voyages fantômes de Francisco Sepùlveda


Si vous rencontrez un artiste qui vous plonge dans les abysses de ses peintures, et que vous vous laisser emporter et voyager et sombrer, allant d'une source à un autre espace sans jamais vous y retrouver ni reconnaître quoi que ce soit; ne cherchez pas plus loin, vous êtes bien chez Francisco Sepùlveda !


L'artiste conjugue dans ses peintures certaines références à ses racines sud-américaines et ses voyages allant des contes et légendes aux rivages des rêves et d'une réalité trop hallucinante pour ne pas l'avoir recueillie sur la toile. La palette est pour le moins sobre et pourtant exubérante, conjuguant la magie et le mystère du temps présent que nous dépossédons à mesure que la mémoire s'invite au refus. On devine devant chaque toile un certain apaisement rythmé par des contrastes gradués. Certaines surfaces montrent des aplats recouverts de pointillés, ou encore des parties hautes décomposant le spectre d'une microscopie indéfinissable. C'est un monde qui éclaire du dedans, développant une musicalité contemporaine, car c'est dans cet instant instable de la dilution et de la perturbation des rituels que s'ordonne un monde éclairant et illusoire, ici démontré par Sepùlveda. Un monde d'animaux collés, attachés, ou arrachés aux humains comme par magie, pour saisir cet espace de l'esprit retors qui nous gouverne. Le regard du spectateur lui, tremble à calquer son réel à celui du tableau. Une insécurité s'ouvre et se referme sur une mémoire différée, allant plus loin un temps après, vers les songes réparés de nos livraisons, au-delà de ce que nous a donné à voir l'artiste.

C'est une peinture qui voyage ainsi, nous proposant de fantomatiques perspectives, pour nous permettre peut-être de toucher à cette réappropriation d'une croyance addictive, une certaine drogue inconsciemment réparatrice, dénouant de nos injonctions euclidiennes toujours en vigueur par notre équation quotidienne du temps, sans cesser de nouvelles légendes.



Thierry Texedre, le 22 juillet 2022.


Francisco Sepùlveda (1977-)

artiste peintre et graveur chilien

né à Santiago du Chili

vit et travaille à la frontière Suisse








L'oeil induit de la lumière




























L’œil induit de la lumière


Ce qui conduit quelqu'un à faire quelque chose ici, ce n'est certainement pas une action (celle du peintre qui veut s'en sortir du traitement de la chose peinte), mais un effet déplacé de sa primitive induction. L’œil de quelqu'un, l'artiste qui trouve dans ce quelque chose qui n'a plus à voir avec l'objet de la peinture, et qui pourtant s'en remet à la rétine, au risque de la lumière qui diffuse devant soi, dans l'espace, plus largement s'en sort mieux peut-être, dans une réticence à l'espace rétinien qui structure l'objet d'un regard temporellement projeté. Projection d'un état de dépendance du regard au peintre qui va sortir du signifiant cette matérialité de l'acte de peindre, pour en extraire par bribes, projections, une lumière qui définira alors la représentation comme temps de la production en perspective de la lumière, là, un travail avec la lumière électroluminescente.


James Turrel nous montre alors une direction (parenthèse que l'histoire de la peinture nous offre quand cette lumière prend une part plus importante dans la mise en forme et la perception des couleurs dans l'espace du tableau ; mais la lumière ne prend-elle pas effet dans une inscription de l'ombre portée de tout corps dans la représentation picturale ? ), accentuation de la mise en lumière jusqu'à l'excès, transmutation de la fin de l'objet en surface dont la profondeur n'aura d'égale qu'à prendre en charge ces lumières LED pour inonder un corps devenu volumineux, néant. Absence reconsidérée dans une inclusion de l’œil, une expérience éclairante qui s'ouvrira au sublime dans le risque qu'une peinture expressionniste abstraite américaine ne cessera de traduire au début du vingtième siècle. Aujourd'hui, de nombreux artistes sont sensibles à ce travail de l'excès dans la lumière, mais encore, on traverse d'un pas, je dirais de biais, ces interrogations pour n'en garder que l'expérience projetée (par ces lumières inondant l'espace tridimensionnel et celui du réel inclusif, laissant au risque philosophique de la toile tendue l'étrange destin de sa mise en suspension du réel, de le déterminer à partir de son sujet peintre et de sa translation sur un objet, en l’occurrence le tableau.). Point d'ancrage que James Turrel nous montre quand ses espaces réservés semblent attirer le spectateur comme dans un monde où l'espace matériel est devenu irréel, tendant à nous rappeler par instants la peinture, son histoire, mais encore une mise en mémoire du réel qui pourtant inonde nos va-et-vient dans l'espace recréé par Turrel. L'artiste troue tout lien avec l'espace (le lieu) dans ce qui nous est donné [objet/lumière], pour mettre l'esprit au centre de la polémique qui présente l'incidence que l’œil exerce comme excentrique, puisque sans espace, l'esprit dérivant vers ce que la peinture traduit de la lumière (à cause de l'espace déterminant toute action de l'esprit).


Notre esprit n'a de cesse d’interpoler la lumière qui ne demande qu'à être éclairé par les espaces colorés de James Turrel.




Thierry Texedre, le 1 août 2022.


James Turrel (1943-)

artiste américain né à Los Angeles

vit et travaille en Arizona et en Irlande