Une textualité qui recherche en permanence son écriture et sa peinture, sans toutefois entrer "en représentation", le lieu ? Une musicalité, pas dans "le son" d'une lecture qui reste aléatoire, mais dans ce qu'un sujet peut de penser: où en est son image, la scription ?
Peur
paraphrasée par la nébuleuse voix aphone, extrapolation
du temps en détonation de ces syllabes imparfaites. Le temps
s'essouffle fleur faramineuse de la féminité opulente;
on se traîne aux pieds de celle qui vous inonde de sa fente
ravie. On traverse le temps d'un air de ne pas y toucher. Les vagues
vont et viennent pour renvoyer cette voix à sa contamination,
corps miasme, corps morcelé, corps sidéré.
L'apothéose n'est pas loin, il faudra attenter à cette
chair pour engendrer l'éternité dans le chaos. On
souffre de souffler le vent qui sort de ce corps soudé à
celle qui l'inocule, le franchit, l'avale, l'octroie. La peur se
tient de savoir que le corps s'émancipe pour avoir tremblé
depuis l'espace clos de l'esprit malin. Traitement de la forclusion,
fermeture du temps sous les plis de la peau qui danse en faisant
l'amour. Apothéose massacrée par les coups sur les
ondes qu'un corps nu peut renvoyer au moment de la jouissance suprême
qu'il franchit, double et un à la fois. Caressante joie de la
fragrance du corps désespéré, dans ce
fourmillement impitoyable des embruns colorés venu du dedans.
Nébuleuse qui prend le risque de s'exhiber, fin du temps au
présent, illusion complice de ces êtres inusités,
inexistence devenue vérité du corps pris dans le pire
déploiement de son soulèvement vénal. Sens de
l'unique versé au versant impensable de la dépendance
au sexe du corps tenté par ses voix obsolètes.
Thierry
Texedre, le 27 octobre 2012.
sur A Far Cry - Schnittke: Concerto Grosso no.1 (1977), V. Rondo:
Agitato
Peur de ce silence! Quelques paroles s'en
échappent. Longues litanies sur une musique à venir. Celle du
rétrécissement du son, dans sa plainte. Plainte de la pleine foi qui
vient à mesure que la musique s'évertue, se lance à trop attendre que
ces voix cessent; taire la voix qui vocifère. Un lent appel au vide
s'érige, droit devant, dans un brouillard dense, drainant
d'interminables forçages de la langue; de la langue parlée. Duo entre
musique et chant, les orifices donnent
dans l'ouvert, la déviance, la démence propulsée au plus haut point de
la rétractation sexuelle du corps. On comprend que ces mots horrifiques
se mettent en phrases, pour raccorder le corps à son souffle, en phase
d'expulsion. Une montée en cœur, dépression, déambule dans un cloaque
vertigineux; course vers l'intemporel. Rires intentionnels, déraison du
dire qui se moque de sa phraséologie, jusqu'à rencontrer une musique en
cris répétés pour extraire mots et sens dans l'altération monumentale de
la tête traversée en tous sens, dérangée par d'impressionnantes
allitérations. Pointu le corps au chapeau pointu se déplace au milieu de
ces femmes vêtues d'un blanc linge vaporeux. Soulèvement orageux des
ténèbres, au moment où la musique embrasse les voix, pour les empaler,
leur faire rendre les sons qui montent, jusqu'à l'avènement d'un lieu
commun; circonstances qui sonnent au milieu de nulle part, lieu maudit.
On s'empresse on sonne le glas on croit au danger imminent de la
terrible élocution qui s'insinue au milieu de ces communs désordres. Un
polylogue de ces voix s'évertue à rendre la peau en renflements,
addiction du désir d'irréalité, songes sonnants, suintement des pores de
la peau qui claque et danse. On se rallie au plus franc, au franc-
parler, au parlant à découvert, on croise ces paroles incendiaires dans
la densité des commentaires. Un jeu interminable voit s'installe entre
les sons graves de l'homme indifférent, et la prolifération des sons
aigus qui sortent de ces corps féminins en résistance. Quelle paix
s'ordonne, si ce n'est celle de la compassion, croisement vocal de
l'impossible traduction de ces phrases mises en musique pour trouver le
temps, recherche du temps dépensé, en chantant sa venue imaginée
lentement pour tenir la distance avec la mort. On récite, on s'occupe,
on s'adresse, on tue le temps qui compte les heures, on s'apitoie, on
cherche en résistant jusqu'à quelle oppression des sons prononcés,
dramaturgie de la dépression comme infection, on tait le verbe, on
montre la voix qui monte; la couleur du sang semble surgir dans un
envoûtant désordre mental. L'art de la dialectique s'essouffle, se
raidit, s'affaisse, on mêle les voix à la musique, phonétique et
enfermée dans une découpe, coupure, un cisaillement des mots qui
enflent vers cet infiniment lent redressement des corps oubliés; la vie
s'éloigne des corps en coups de gongs horrifiques; le corps devient
céleste, dans une cécité des paroles rayées par cette omission du temps
suspendu.
Vous voici dans les griffes du verbe, vestige
du corps. Poussez la porte et vous entrerez en diffraction, résolution
de ce que le verbe peut quand son corps d'écriture s'éloigne de ce corps
occulté. L’œil en coin, ne peut qu'être dans l'expectative de ne pas y
voir une forme distincte. Seulement une vague opalescente et opaque,
irisée et disgracieuse. Informelle obtention de cette représentation
défaite, désirante mais prise dans un délire, une obsession. On croiserait ce sens insensible du regard qui se tourne telle une toupie
qui vrille avant de s'arrêter. Regard moqueur, regard faussé, regard de
cette déformation de la face, forçage du nom vers sa folie, sa
manipulation inopportune et improvisée. Travers de ce manque de parole,
de cet abaissement vers un non-lieu, une force du bas qui pousse pour
évacuer le dire du haut, de la parole malhonnête. Parole qui chante pour
ne pas entendre ce corps qui touche à son nombre, pour jouir pleinement
de ce qu'un rire a de tentation dans sa descente vers le dire su, le
forçage d'une naissance encore à venir; celle du lieu de la chair qui
crie le désespoir de sa peau en surface. Érotique peau d'une impossible
vérité du corps qui jouit sans passer du dedans vers l'extérieur; là où
la plainte joue. Cris exténuants qui ont à faire avec la naissance de
deux corps, pas encore un, et déjà plus quatre. Traquenard de la voix
qui inonde le corps de ses invectives, ondes porteuses de maux qui
irradient l’œil pour le toucher dans sa grande impression: celle de la
résurrection de la chose, du dire ontologique, de la transgression
somatique dans cette réverbération verbale qui tonne, qui donne le ton,
la couleur rougie par la souffreteuse apparition de la vie, à rebours.
On transgresse alors cette réalité du temps qui vous énumère, qui vous
ricane au nez; quel temps pour une horreur de ce dire désabusé et inondé
par une surimpression de sens, dans une représentation devenue
tétraplégique? Ce suc social qui perpétue tout dans un possible du rien,
juste pour s'y renvoyer, s'y soumettre au temps, juste pour toujours
imprimer ce nom, nom de l'impression qui vous hante, annonce que ce
vertébré ira plonger dans les enfers de la grande musique atomique dans
un bref sursis, souffle de la vie qui s'assourdira instantanément,
fraction de seconde de la fin des temps du nombre en-corps émasculés et
décousus; chut! vous n'allez quand même pas croire à cette fin? Paradis
artificiels sinon? Paradis d'enfer, pourquoi passer par le purgatoire?
On retombe toujours sur cette pesanteur, cet effort-forçage qui vous
plie les membre dans de douloureuses extensions. Trauma du désir
imminent de quelque chose qui a à voir avec la vérité? Vous en avez
encore pour longtemps à comprendre que ce dire doit vous servir de
fiction pour nourrir l'absence de Dieu, se serait-il enfui pour nous
laisser pénétrer dans la parole de l'intraduisible frustration du corps
vide? Je n'aime pas ce dire qui vous emporte dans d'infinies épiphanies,
vertige de la chair qui s'ouvre pour laisser apparaître son dur, sa
lourde existence, la farce du monde! L'ignorance du dedans qui par ses
frasques, fornique infatigable pour l'éternité, poing g de la détention
dérivant dans les eaux glacées du dehors. Lettre à l'aveugle qui étreint
son audition pour ne pas tomber dans les entrelacs, racines insidieuses
qui vous hantent. Missive à ce raccourci, vestige de la lettre,
pourrissement de la lecture dépassée, mémoire entrecoupée par ces
leurres, ces atonales informations illimitées, comme si le temps était
une abstraction, mais le temps presse, ce qui s'y dit est de la plus
grande importance, poussé par le grand empressement de la reproduction
linéaire du désir inassouvi de ce caressant corps parlant.
Vous
voilà prévenu très cher, vous voilà
traduit! Ce long parcours qui va de la langue parlée vers
l'écriture, une fin en soi? Rythmes et syncopes dans un texte,
paroles enfumées par l'élancement insidieux d'un corps
mal né? On traite de quoi quand on lit? Lecture qui vous noie
dans une autre langue que celle que vous pourriez rencontrer, celle
que la musique, la peinture, la danse, vous inocule! Dans un bref
retentissement vocal, vous semblez pouvoir rencontrer une voix
plurielle, dont on ne reconnaîtrait que certaines affiliations
prises dans un inconscient inconstant. Quelle présence sidère
cette frange de la parole qui renvoie à la part d'extériorité
du vrai, depuis un corps martelé par sa vie intérieure?
Les images empiriques de la vision intracrânienne ordonnent la
naissance d'une tumeur de ces aphorismes dépressifs que sont
la mémoire et la cogitation, jugulant ainsi la lecture de
cette langue passée, pour substituer à la densité
d'une parole la lente intervention d'une vérité du dire
comprimé dans l'infinité de la syntaxe usurpatrice.
Chiasse que ce dire quand son sujet rend des comptes, et régurgite
combien de cris opulents en rots dévorant l'air ambiant, juste
pour se saouler? On traîne l'air de rien, vide ambiant, rictus
au coin des lèvres, risibles amours le temps de l'oppression
de la poitrine en une cinglante fixité que ces atomes collés
dedans, jusqu'à quel éclatement fusionnel? On entre
alors dans l'éclatement de ces voix inconnaissables, et
incongrues, hypothèse que ce qui pense ne suffit plus à
la reconnaissance dans sa langue, toute lecture en fin de parcours
serait rendue caduque. Corps de la langue qui s'éloigne de ce
temps détenteur de vérité, les nouvelles vérités
seraient alors moins vraies que les textes de loi, puis les sciences
régurgiteraient cette aveuglante vérité qui ne
viendrait plus de ce dire emphatique; risque alors de rupture du
souffle de la prise de lecture, vers la seule disparité: celle
qu'un corps parlant n'aurait alors plus la voix pour penser et
fabriquer son objet de désir! Objet qui n'est plus que l'ombre
de ces voix impressionnées par un long désir sans
images.