samedi 4 octobre 2025

Les mains nues




 Les mains nues


Sur les longues jambes, glisse sa main lentement, laissant la peau galvanisée par un désir qui dépasse toute retenue. Jusqu'au pubis, les doigts s'invitent à rencontrer, autour, une pilosité fournie, la nouant en un instant, pour ravir le plaisir. Chaque va-et-vient des phalanges lascives, lentement, fait monter la tension, libère un peu plus des endorphines ; les joues rouges sont plus chaudes. Le temps semble s'éloigner, comme suspendu. Chaque partie de son corps se vivifie à l'entente avec les caresses à venir. La nuit est en train de succomber dehors. Les premiers bruits, dans la rue, sortent du sommeil. Plus loin, le ciel apparaît comme rougi par une lumière encore irréelle. Les premiers bus sortent d'un rêve endolori. Dans la chambre, des soubresauts laissent passer un léger gémissement sorti de sous la couette enroulée. L'espace vaporeux pousse un peu l'intime jusqu'au petit matin, à chercher dans la masturbation un être sexy caché dans une hypnose des nimbes arrachés à la nudité. L'érotique mord le corps pour faire souffrir l'esprit, et le déliter, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un essai ; une saisie d'un acte interdit au réel puisqu'elle devient possible au rêve. Les mains, ses mains, elle les regarde, un peu comme des étrangères qui ensorcellent la vue, le regard impropre. Il est temps de se sortir les doigts, elle se lève et va dans la salle de bain d'un pas empressé, manquant de cogner le coin du lit en se levant. Une douleur monte comme si elle était là pour oublier la séance noctambule. Elle est déjà sous la douche, se balançant sous la pomme de douche avant de changer de main. 

 

Thierry Texedre, le 3 octobre 2025. 



 « Femme nue sur le dos, de face et les jambes écartées » Auguste Rodin