
Les mains nues
Sur
les longues jambes, glisse sa main lentement, laissant la peau
galvanisée par un désir qui dépasse toute retenue. Jusqu'au pubis,
les doigts s'invitent à rencontrer, autour, une pilosité fournie,
la nouant en un instant, pour ravir le plaisir. Chaque va-et-vient
des phalanges lascives, lentement, fait monter la tension, libère un
peu plus des endorphines ; les joues rouges sont plus chaudes.
Le temps semble s'éloigner, comme suspendu. Chaque partie de son
corps se vivifie à l'entente avec les caresses à venir. La nuit est
en train de succomber dehors. Les premiers bruits, dans la
rue, sortent du sommeil. Plus loin, le ciel apparaît comme
rougi par une lumière encore irréelle. Les premiers bus sortent
d'un rêve endolori. Dans la chambre, des soubresauts laissent passer
un léger gémissement sorti de sous la couette enroulée. L'espace
vaporeux pousse un peu l'intime jusqu'au petit matin, à chercher
dans la masturbation un être sexy caché dans une hypnose des nimbes
arrachés à la nudité. L'érotique mord le corps pour faire
souffrir l'esprit, et le déliter, jusqu'à ce qu'il ne reste plus
qu'un essai ; une saisie d'un acte interdit au réel puisqu'elle
devient possible au rêve. Les mains, ses mains, elle les regarde, un
peu comme des étrangères qui ensorcellent la vue, le regard
impropre. Il est temps de se sortir les doigts, elle se lève et va
dans la salle de bain d'un pas empressé, manquant de cogner le coin
du lit en se levant. Une douleur monte comme si elle était là pour
oublier la séance noctambule. Elle est déjà sous la douche, se
balançant sous la pomme de douche avant de changer de main.
Thierry
Texedre, le 3 octobre 2025.
« Femme nue sur le dos, de face et les jambes écartées »
Auguste Rodin