dimanche 29 novembre 2020

Etirements

 


















Étirements 

 

Plié en quatre  

L’étranglement l’étreinte 

Sort en sortilèges sourds 

Hachés découpés désirés 

Respiration sans hic ici 

Ça saute de peur 

Le pouvoir s’échappe 

Jusqu'au trou béant 

De la cavité la lumière 

D'un drame à venir 

Un jus sort du noir 

Fente représentée 

Sur les parois divines 

Du temps pas encore pressé 

Le temps s’invente clos 

À cause de la peur 

Qui inonde les sexes 

Pour leur donner la foi 

La foi d’un lieu de l’acte 

Cérébralité en action 

L'invention d’une parole 

Pour sortir du néant 

Les corps se redressent 

L'œil relevé en doute 

C'est pour mieux voir 

Ce qui tourne au-dessus 

Paradis de la parole 

Comme loi contamination 

De l’irréel dans un être 

En devenir pour figurer 

Ce qui deviendra l’au-delà 

La peinture s’y verra 

Pour monter un lien social 

Tricoter le chaos 

Et l’étaler en all-over 

C'est l’incidence du sujet 

Qui rature son dieu 

Pour jeter l’illusion 

Dans les affres de la chair. 

 


Thierry Texedre, le 29 novembre 2020. 


La Grotte de Platon, attribué à Michiel Coxcie, milieu du xvie siècle






mardi 10 novembre 2020

Fragment du verbe ou l'apocalypse du peint




Fragment du verbe

ou l'apocalypse du peint


Psaume vertige du trou

traité en apesanteur

percée de la pénétration

en contre-jour couvert

le sort en est jeté

point de croyance sinon

un jeu sans fin du trou

de la béance du verbe

vertigineux vice

du transfert trauma

de l'intérieur en fuite

le verbe fuit vers

sa sortie en jachère

comme si le corps mû

se tordait devant l’ouïe

blême hypostase

du vermiculaire saut

dans l'infini pour rien

c'est que le verbe

s'en remet au corps

parce qu'il n'a pas

le temps pour lui

le corps est le temps

et cherche alors dans

le verbe sa parole

la parole qui lui cause

à cause de sa fin

si proche de cette fin

amoureuse du reproche

que ce corps fait au verbe

de ne pas lui avoir

ressuscité l'esprit

de sa naissance

cher père le nom

innommable du corps

né d'une errance

la vie naît désespérance

ô père de l'immanence

limbes du désespoir

irréalité du même

qui monte en soi

pour finir dans l'enfer

les ténèbres du temps

la clôture du temps

le dépassement de l’œil

par l'ouïe à cause

d'une erreur de la langue

la langue qui parle le temps

l'apocalypse s'étend jusqu'au

peint ce qui l'étreint au corps.



Thierry Texedre, le 10 novembre 2020.


 

Rogier van der Veden (1399-1464)

Saint Luc dessinant la Vierge, vers 1435-1440





samedi 7 novembre 2020

Vestige de la voix

 








Vestige de la voix


La voix immonde dans la peinture.


Vers quelle ivresse le corps psalmodie étire sa quiétude, celle dont on sait peut, le peut d'une dérive idiomatique du désir. L'entre-deux du désir semble littéralement induit du manque d'appartenance au corps de la jouissance. Il s'imbrique d'une illusion du désir qui oublie la langue en entrant en représentation, de celle que l'image conduit sans cesser d'être une.De quelles vociférations la reconnaissance, au plus près de la peinture, va tarauder l'effervescence du désir jusqu'à sa perte dans ce pourrissement corporel qui affleure la parole via l'immanence de ce qui se répète de signes dans l'espace du souffle comme réverbération d'une mémoire ; voix irréelles d'une douleur ou du risque de traverser ce qui force le lieu de la folie. La folie serait un lieu irréel, pour exalter l'entre-deux, mimer cette impossible folie en la nommant depuis ce mur, cette insécable gangrène, ce soleil noir. De ne plus voir ce qui se danse d'un lien social sur ce lieu illusion de ne devoir y voir que la voix.


Thierry Texedre, le 7 novembre 2020.


dessins de Jean-Christophe Philippi (1963-)





lundi 2 novembre 2020

Le regard pense

 















Le regard pense


Temps désaxé trauma

la peinture sort du plein

poussée du temps

le regard outrepasse

l'imperturbable état

de la toile véridique

l'effet se radicalise

une peinture naît

de ces synthèses

de ces erreurs et

l'effacement du fini

une finitude polémique

saut dans l'infiniment

petit de l'objet fini

ici point d'objet

point de composition

aucune couleur terminant

l'espace du cloaque de l'image

une visitation qui pense

se montre monstre

de l'abstraction qui dévie

pour montrer ce qui entame

la pensée au plus loin

de l'objet désiré

le désir retourne

pour effacer ce qui pense

le sujet du langage

la peinture pense

une longueur d'avance

sur le langage.



Thierry Texedre ; le 2 novembre 2020.


peintures de Charline Von Heyl (1960-)