samedi 7 août 2021

L'argile du temps



           L’argile du temps 

 

Violation du temps 

L'art délectable de la destruction 

Sort de ce sordide état de dépendance 

Le temps est maculé de ses cendres en vol 

L'Est s’est éteint et voilà que fume cette fugue 

Infranchissable raisonnement de la voix 

Qui pleure ce trop cet ensorcellement 

Ce divin regret d’emmener les songes 

Aux lieux de l’immortel 

Aux rencontres avec les Dieux absents 

Corps inventés pour illuminer ces Dieux 

Tout passe par ces interdits si touchants 

Que la chair s’ouvre au tremblement 

De ce qui l’interdit jouir sur rien 

Le Vide d’un jeu avec le Rien 

Quelle vérité peut encore apparaître 

Sur les impostures du corps consenti 

Les propriétés invisibles de la raison 

Quelle fragilité vient incidemment vider 

Tout raisonnement quand l’outrance règne 

Depuis l’enfer de l’infernale explosion des sens 

Au milieu du règne animal 

La tempête règle en maître  

Sur nos sens expulsés 

La loi rebelle d’une révolte 

Trop de liens organiques  

Expulsent la vie de nos êtres 

Le temps programme sans fin 

Ce qui va advenir de l’argile du temps 

Jusqu'au jour d’un feu inconnu 

Où un soleil noir dévisagé  

Épuisera l’astre mort de nos rêves 

La puissance qui nous veut invincibles 

Laissera la naissance se passer 

Comme si de rien l’enfantement 

Montrait le chemin de l’ensorcelé 

Le chaos répété dans le vide sidéral

Poussé par l'insidieuse existence

Un corps s'entend par la peur

Lentement couché dans les apparats

De la désobéissance infinie

Pour trouver ce corps disparu  

Un corps de l'envoûtement

Une impulsion du rêve dénié

Partout des lueurs entremêlent

Un jour naissant l'envers défié

De la défaite de ces ordonnances

          Rassérénées dans la crasse immonde 

          Public asservi danse que ta joie demeure.  

 

 

Thierry Texedre, le 7 août 2021. 

 

 

 

 

 


 

dimanche 1 août 2021

De part la grammaire du temps peint













 











































 De par la grammaire du temps peint

 

Sur les cendres du désir, je croise le vent, l’indice d’une ultime réminiscence de la vie. Le sang versé va vers ce long fleuve de l’irrationnel, irradiant la pénombre qui tombe sur les cadavres exquis de la dramaturgie animale ; l’organique, l’orgasme du corps qui se délite à mesure qu’il prend la parole chant, cris, murmure, sorte d’exhortation glottique qui se risque depuis la contraction des sphincters devant la peur d’exister conscience ou état de création pure depuis cette pesanteur à se soulever de l’originel. Si le temps n’existe pas, c’est que penser est à rebours de ce qui va vivre, occurrence d’un vis-à- vis avec l’irréalité de cette détention qui développe la vie et la mort. Frôler l’extrême. L’enfermement n’est plus la tentative d’élocution qui exporte le verbe vers une gorge, rencontre avec ce “de profundis” ; l’entrée dans un sexe, une profondeur qui avale son texte, sa jouissance en copulant sur le verbe jusqu’à sa naissance ailleurs. Vie qui souffre d’un vertige qui s’entend et s’étend partout sur un corps érotique. Petite musique du retournement du plaisir en désir de l’impropre, de la fuite verbale en tremblements orgasmiques. Un temps tombe, sur les erreurs d’une plaie béante encore liée à cette effusion, une fuite ; l’origine du temps est la fuite. Le corps est possédé, puisqu’il tombe sur un temps de la fuite ; Cette possession résiste à la fuite en traversant le temps. Si un corps peut traverser le temps parce qu’il fuit, c’est parce qu’il peut “penser cette fuite en jetant les bases qui pèsent sur ce corps, en pensant sa venue au temps. L’esprit lie sa reconnaissance au temps par des signes distincts, exploration sans fin du corps qui intente au temps une dérive que la pensée peut à se distancier du temps. J’entre en apothéose avec le temps quand il peut disparaître, l’instant d’une pensée qui visite ce que le sens a à imposer sa mise en tension avec le temps. Le vent souffle dans les gorges, arythmie d’une feinte du cœur qui fend le temps pour diviser un corps. Le corps divisé passera tout son temps à reconnaître cette chair qui le traduit et travaille sa consistance, sans jamais toucher le temps comme un double, d’un double qui n’est pas pensé, parce que le corps “voit” à imaginer le temps dans sa division. Pour en venir à ce que la peinture traduit comme art visuel. La peinture outrepasse ce que le corps produit d’exposition au temps. En se dédoublant dans l’art pictural, le corps peut penser cette indéfinissable réfraction de l’œil sur la toile, en imposant au temps une mise en acte d’une pensée, via un lien social pour ainsi remonter aux origines de la représentation. La peinture n’est-elle pas la déraison d’un socle social ? La perspective inventée ne puise-t-elle pas dans l’antre d’une ressemblance avec un corps nu, dépouillé de toute extension verbale, à trop épuiser l’entendement d’une architectonique religieuse illuminant la problématique temporelle en limitant ce qui revient à l’animalité comme quelque chose qui a à voir avec ce songe intemporel (rêve éveillé ou étirement du rêve nocturne vers sa mise en parole) qui ouvre à un autre lieu, le discours, celui-là déjà d’une itinérance de l’inconscient au XXe siècle. L'épuisement du sens passe par une retombée de l'espace infini proche de celui du rêve, ainsi l'austérité obligeant en peinture ; Nancy Graves (1939-1995), dans une abstraction qui se libère de toute approche rituelle, lie dans ses peintures des éléments relevés au réel et à des sources plus scientifiques, telles que des cartes, des diagrammes, l'art rupestre et documentaires liés à l'espace et aux profondeurs des océans. Elle réinterprète aussi d'anciennes œuvres qu'elles transmutent jusqu'à une abstraction polychrome hybride et chaotique, où une vision réaliste devient impropre à l'interprétation. Nancy Graves par ses innovations transgressera la peinture abstraite en mobilisant les sources contemporaines pour poser la question d'une diversion de la peinture quand à son attractivité réelle face au risque itinérant inhérent au pictural, d'entamer la division de toute subjectivité devant l'impossible résolution de tout « sens » du vivant à résister à l’œil.

 

 

Thierry Texedre, le 30 juillet 2021. 



 peintures de Nancy Graves (1939-1995) artiste peintre, sculptrice, réalisatrice américaine