dimanche 6 avril 2014

Effraction











La mort est un roman. Liberté oh liberté qui n'arrive que quand plus aucune frivolité n'a de devenir. Plié dans ce dramatique ressort de la vie, un dernier cri, sorti du fond des âges, vole au-dessus de ces têtes bien ordonnées, pour en extraire l'opulente jeunesse tant vénérée. Commençant par la naissance, la mémoire croit fonder les pires amours jusqu'à la reproduction, jusqu'à ce roman lisible pour faire semblant, du semblant de l'existant tortionnaire d'une vérité abolie pour les prochains corps sauvés de la mort. Depuis l'illimité, le croyant s'émancipe dans un état d'expérience que le corps dans sa chair n'a pas encore ressenti. Extraction d'une supposée fin coupée du souffle en résidence, pour découvrir le grand dévoilement de la chair. Déroulement décapant de la vie se livrant au combat, contre ce souffle sulfureux, donnant à la mort, nommée de cette inconfortable mémoire coupée du temps endormi de la vie, la place inopportune qui lui convient. Un certain tremblement va déchiqueter la chair, en laissant passer quelque moindre résistance, sans que celle-ci ne puisse se raccrocher aux os à découvert, pour déplacer le corps vers le drame naissant déjà à rebours; là, la mort monstrueuse livre ses secrets depuis l'infiniment petit de la douleur comme si ce site, ce paradis expiatoire était renvoyé aux origines de la vie. Conscience et sens en exergue pour laisser place au rythme saccadé de la musique qui courtise la mort en effraction avec les abîmes. Insurrection de ce corps capté par la fin, contre cette immensité vierge de toute transgression, puisant dans le Tout la fortune couchée de la souffrance soufflée aux oreilles de la mort, inoccupée à tout jamais par les limbes austères de la délivrance. Cul par -dessus tête, le corps s'essaye à une gymnastique résolument tournée vers l'asphyxie, pourquoi ce souffle astreint aux battements du cœur tourné en dérision? Cloaque de ce renversement du temps en corps nommé, objet du peint et de l'image, image atomisée dans le mouvement cinématique, corps calculé en volume effacé, se livrant à une bataille finale, pour mettre l'interrogation de la vie en émoi, puis en exergue. Marge de la gueule cassée, coupée, couturée, clouée au sens, marchant sur l'infranchissable lumière pour, jusqu'au soir de l'éternité, rencontrer ce pluriel sauveur, amoureux de la différence, dans l'indifférence de la mort, coureur de fond sans but, la mémoire catapultée au fond des métamorphoses incessantes de la joie. Étreinte de l'amour pour ces autres gnomes, et couards de corps escaladés par les membres acérés du temps présent, là est le commencement vénérable de l'ardent dévot déposé ici recouvert d'un linceul immaculé.



Thierry Texedre, le 6 mai 2014.