samedi 2 mars 2013

Caresse sur cet infini inviolé

 



La formidable générosité du corps, par ses glissements crescendos, la peau qui enfle vertueuse, rassasiée de ne jamais s'en tirer que par d'infimes tressautements imperceptibles, de l'érectile suavité de la surface du corps enivrant, par ses cantiques caressant nos oreilles impunies... Quelle somme qui traverse les pores aériens de ces incommensurables trésors chantés pour l'éternité, trop vite éloignés... On voudrait s'y perdre, s'y reposer, s'en remettre, que Dieu me pardonne ces affabulations, mais ce corps qui soi-disant se délite, restera à tout jamais ma terrible mémoire qui n'ose plus s'effacer de mon être délivré par tant d'agonies intérieures... L'affect, ces pulsions invincibles, vont et viennent tels des oiseaux en proie à d'effroyables surgissements, dans ce sommeil qui cesse par cette apocalypse rayonnante qui souffle sur tant d'amoureuses rêveries dont on ne voudra jamais cesser d'y être plongé... Quelle souffrance vénérable peut tenir devant le temps de cette peau qui dévisse tout notre être, défiant la pesanteur sous l'habit de fortune... Les plis du regard vont et viennent dans un va-et-vient proche de l'objet sur l'eau, navigant à vue - la face irradie sous les traits grimaçants de l'apothéose survivance de la peau. J'avale ces maux immatures pour exciter mes sens, sans discontinuer, en rires effarants, en partageant ce bonheur; ourlet à ma vie qui s'arrête l'instant d'un trop grand émoi, penché sur mes amours éternels... Mes mains caressent la peau jusqu'à l'infini, immensément grande la sensation qui monte en moi, vertigineuse exclusion du monde des vivants, vers l'irremplaçable jouissance de ces attouchements dissidents; que la chair rencontrée restera inconsolable... Maquillage involontaire du temps qui pousse la surface à rencontrer un volume, relique le jour où la mémoire cessera d'extraire ce volume devenu plus vrai que nature. Vieille lune aux rides carnassières, la fin de vie entre partout où la peau encore tenue et tendue joue de ses ondes prometteuses... L'heure est à remonter le courant jusqu'à quelle source? La peau est douée d'une extrême élasticité, peut-être jusqu'à cette naissance qui vous lie avec l'erreur de naître. L'étalement entre en scène, les mains affleurent la peau légère et lisse. Sa couleur m'importe peu, la peinture est là pour faire le reste. C'est-à dire tout ce qui n'a pas à faire et qui n'a rien à voir avec ces caresses ontologiques, puisque tout mon être s'y induit... L'infini dénaturé de l'être est cet élégante béatitude qui nous sied devant l'éternité inviolée du néant...



Thierry Texedre, le 3 mars 2013