dimanche 26 août 2012

Corps et cri












On commence par couper, on oublie ce qui vous a tant taraudé, on se fait la guerre des mots, même ces maux sont ceux de l'appel de ce fond hasardeux du dedans, intériorité que l'être humain a cru bon d'amener à ce lieu résolument tellurique: l'âme. Un air qui cherche sa densité, sa connaissance, son tiraillement testiculaire, sa mise en gonflement de cette sécrétion du coït vaginal. Travaillé par des mots qui violent l'intimité, le corps semble le support de soubresauts, de tremblements, d'imitations, de réflexes contaminés par la vue de ces corps nus du dedans. On entre, on y trace quelque folles inspirations, coups de canif sous la peau, pour ôter ces masques ces errements, ces égarements, ce que aucun silence n'aura de cesse d'évacuer. Majuscule farce du présent que seul un corps de folie peut encore exprimer, là les cris sortent de partout, pets, chiasse, surdité, écume dans la bouche, yeux rougis et larmoyants, membres rythmés par leurs déplacements saccadés, les doigts repliés, comme pour arracher du bout des ongles la surface qui apparaît sous ces attouchements violents. Un long moment sans cri ni violence se met en place, le corps se replie sur lui-même, il s'ordonne, se réalise pareil à certains dormeur assis béatement, les mouvements à l'arrêt - la petite mort - voilà à quoi pensent ceux qui voient cette scène. Puis on entend monter comme un râle de la gorge, légère indication, le corps se redresse brusquement, se met debout. Il marche vers ce mur les bras ballants, les yeux sont blancs, et fixes, le pas se précise, le sujet accélère sa vitesse; un blanc, soudain. On s'apprête à laver le mur plein de grandes traces rouges, giclées et essuyées par de nombreuses traces de main, dessin à plat dans toutes les directions, à hauteur d'homme. Au centre un amas de sang plus dense semble révéler le départ de ce jeu démoniaque. On y voit des particules de peau aussi. Plus loin sur le sol un e forme affaissée et méconnaissable gisant sans vie. On s'empresse d'emporter le corps, une enquête semble s'imposer. Autre folie imposée à cette société sous l'emprise des sens, pour remonter le temps, sans cesse le remonter, comme si la folie dépendait du temps passé!




Thierry Texedre, le 26 août 2012.