On
commence par couper, on oublie ce qui vous a tant taraudé, on
se fait la guerre des mots, même ces maux sont ceux de l'appel
de ce fond hasardeux du dedans, intériorité que l'être
humain a cru bon d'amener à ce lieu résolument
tellurique: l'âme. Un air qui cherche sa densité, sa
connaissance, son tiraillement testiculaire, sa mise en gonflement de
cette sécrétion du coït vaginal. Travaillé
par des mots qui violent l'intimité, le corps semble le
support de soubresauts, de tremblements, d'imitations, de réflexes
contaminés par la vue de ces corps nus du dedans. On entre, on
y trace quelque folles inspirations, coups de canif sous la peau,
pour ôter ces masques ces errements, ces égarements, ce
que aucun silence n'aura de cesse d'évacuer. Majuscule farce
du présent que seul un corps de folie peut encore exprimer, là
les cris sortent de partout, pets, chiasse, surdité, écume
dans la bouche, yeux rougis et larmoyants, membres rythmés par
leurs déplacements saccadés, les doigts repliés,
comme pour arracher du bout des ongles la surface qui apparaît
sous ces attouchements violents. Un long moment sans cri ni violence
se met en place, le corps se replie sur lui-même, il s'ordonne,
se réalise pareil à certains dormeur assis béatement,
les mouvements à l'arrêt - la petite mort - voilà
à quoi pensent ceux qui voient cette scène. Puis on
entend monter comme un râle de la gorge, légère
indication, le corps se redresse brusquement, se met debout. Il
marche vers ce mur les bras ballants, les yeux sont blancs, et fixes,
le pas se précise, le sujet accélère sa vitesse;
un blanc, soudain. On s'apprête à laver le mur plein de
grandes traces rouges, giclées et essuyées par de
nombreuses traces de main, dessin à plat dans toutes les
directions, à hauteur d'homme. Au centre un amas de sang plus
dense semble révéler le départ de ce jeu
démoniaque. On y voit des particules de peau aussi. Plus loin
sur le sol un e forme affaissée et méconnaissable
gisant sans vie. On s'empresse d'emporter le corps, une enquête
semble s'imposer. Autre folie imposée à cette société
sous l'emprise des sens, pour remonter le temps, sans cesse le
remonter, comme si la folie dépendait du temps passé!
Thierry
Texedre, le 26 août 2012.