lundi 28 mai 2018

Flottements


Michael Kiuvms (1955-) peintre danois




Flottements

Sur la plaie infestée
par le monde incrédule
le drame du corps s'offre
aux rivières de la chair
partout où tombe l'éternité
sur la peau pensée
celle de la déformation
la défloration du sexe nu
figure du drame le visible
du drame qui suture la plaie
le tintamarre d'un viol
de la chair entravée
du travers de l'expulsion du beau.


Thierry Texedre, le 28 mai 2018.








dimanche 27 mai 2018

De la surdité au verbe

                                                     François Bresson peintures





























































De la surdité au verbe

Sur l'assomption
rituel du manque
prosodie de la fin
délivrance torse
dantesque irruption
du vide qui fou
et immonde montre
le sens de la copulation
terre ensemencée
par les escrocs
la putréfaction de l'illisible
l'onde martelée du verbe
qui jouit du regard incandescent
et vulgaire à force de prières
immorales sur un corps
dressé sur l'outrage de la langue
en coups rémanents
jusqu'au jouir jeté
en pâture aux étrangers
lentement la poursuite s'impose
du verbe asséché contre
l'exterritorialité de la parole
qui épuise les sens en travers
de la gorge gonflante
et fulminante parce que
rien du verbe ou de la parole
n'a de sens à courir
à contre champs
sur un corps qui pense
marqué par ses états de
déliquescence insensée
saut dans l'opuscule du sang
le rétrécissement de la chair
pour jeter le discrédit sur la mort
qui illumine la guerre des nombres
un moins est égal à un plus divisé
la surdité s'ouvre à la renaissance
d'un corps qui croit à la chair
faite verbe pour avoir rencontré
l'immortelle tentation de naître.

Thierry Texedre, le 27 mai 2018.












vendredi 25 mai 2018

Aux couleurs du sans


peintures  de  Nicola De Maria (1954-)



















La surdité passe son temps
on croirait se servir du temps
se sortir de la plaie du dire
qui tremble aux oreilles
de la grande messe
l'introduction du sans sexe
poussant un cri ourlet
en replis en attraction
avec l'oreille interne
loin du jeu déterminant
de l'extériorité du corps
couché sur le ventre des lèvres
ouvertes en rond
plaie insidieuse du baisé
en couleurs vives sur la vie
visitée depuis le jeu jouissif des
couleurs du primaire et aussi
en second le dévoilement
dans un autre temps l'art
de montrer cette découpe
hors du présent impuissant
c'est ce centre redéfinissant
le corps exhaussé
le corps pressenti en cavités
ignobles qui suintent
tel un dieu éteint
au milieu de l'éternel
et immuable changement
de la vie vaine car naître
n'est pas le vrai c'est
en cela que disparaît
ce lieu du réel qui naît
de la feinte d'être
qu'une peinture haute
laisse apparaître divinement
déesse de la chair qui coupe
dans la couleur du sans
du sans ce rêve qui parle
au corps indubitablement
pour faire croire que la parole
existe sortie de ces oripeaux
de cet outrageux centre
rencontre avec le sexe qui
se fourre dans de beaux draps
parce que raisonner n'est pas
encore le lieu de la naissance
le raisonnement ment
parce qu'il opère en sauts
qui font fuir le rêve
vers ces surfaces peintes
ces vives couleurs de la joie
qui monte en gorge
pour laisser sortir le vrai cri
quel paradis quel sang
monte pour cracher sur les
tombes de ces corps défaits
émasculés et pénétrés
dans la foi du vice
du retournement qui frôle
l'enfer loin du feu intérieur
espérance et extinction
du réel en proie au vrai.


Thierry Texedre, le 25 mai 2018.




mardi 22 mai 2018

Mémoire




Sur cette ondulation
la bête montre ses chairs
à vif vite reconnaissables
à ce manque à cette putréfaction
à cette peur d'y voir exterritorialité
la peau du texte qui sort
pour naître au ras de la chair
coupée au vif sans le sang
qui monte jusqu'au bord
du calice coupe cadavérique
du corps montré nu la nudité
du texte qui sombre jusqu'aux
jetées de l'antre vital au travail
le corps n'a pas besoin du texte
pour parler une langue vitale
la vie vaut pour ce qu'elle monte
jusqu'au sens indescriptible
de la terreur d'exister autre
de cet autre animal abjecte
qui touche à l'incommensurable
rétrécissement du verbe
dans l'exercice d'une mémoire
de la peau du recouvrement
le recouvrement du dire
qui ondule jusqu'à la pénétration
l'intérieur irascible qui saute
sur les braises du cœur en couche
là où commence l'immanence
l'infernale commémoration
de la vie la bête béate qui dit
le verbe vrai le verbe du jouir
le jouir d'un acquittement ignoble
de l'écriture mémoire entrain
de mentir sur la mémoire
la mémoire serait cet idiome
dont on sait qu'un texte à venir
n'aura jamais l'usufruit du présent
le présent représenté par le rêve
le cauchemar qu'un rêve de la mémoire
va faire naître par les forceps
cette loi qui force sans le sens.

Thierry Texedre, le 22 mai 2018.






             Stephane Lovighi-Bourgogne - le sacre du printemps, huile sur toile, 162 x 130 cm, 2009










mardi 15 mai 2018

Chaos







Peinture de Cleon Peterson


Chaos

Lecture exorbitée du sort
compromission avec l'écriture
découpée en musique image
carnage de la vue qui trousse
touche au corps pour le salir
image inaudible du renflement
celui de la décollation chair
chassée de la pensée traînée
en gangrène galvanisée
la lecture soumise au cri
cri suranné rétréci en peur
peur le pavé peur en sang
du sens rétréci par la chair
qui pend aux pieds de la terreur
matraquage de la vue sous
les coups de ces sens sans lieu
le lieu inanimé des corps gisant
sur l'immanente peinture toile
les murs tendus en pendaison
perdu ce qui perdure la loi
par l'instant clé du souffle
sous les coups de la fusillade
la fusillade du nom
non par de nom plus de sens
en jeu dressé au milieu de l'art
qui saute sur la folie en foi
de quoi on traite les morts
en nombre inopportun le
nombre voilà le début de l'art
qui transcende l'interdit
pour faire voir ce que la parole
va tendre comme toile en maux
les maux filés dans le chaos
danse de la violence
dans l'infiniment grande
fragmentation de l'esprit.


Thierry Texedre, le 15 mai 2018.
















lundi 14 mai 2018

Lieu de l'intime




Sous le couvert du chant
indivisible de la terre
odeurs irradiant le nez
pour l'enflammer reniflé
au plus près de l'esprit
oh dame terre d'ivresse
redondance des errements
qui improvisent pour sortir
anonymat du sujet subjugué
respirant par le ventre
de la terre tellurique
les ombres vertes
s'emmêlent à travers
l'errance du temps
les branches marmonnent
c'est l'épais refuge des eaux
le bord profond enfonçant
la vue du dehors endormi
dans cette peinture pâlie
l'escapade de l'intime fuit
jusqu'à disparaître au lit.


Thierry Texedre, le 14 mai 2018.










dimanche 13 mai 2018

Pierre




Ladislas Kijno (1921-2012)
peintre français
pierre N°4, 1983-84,
acrylique et glycéro-spray sur toile, 130 x 98 cm



Pierre


Clash
craque coulure du temps
cadavre sous l'esprit
qui compte les heures

Coupe
carnage devant et derrière
l'esprit s'évanouit
tout ramassé sur le sol

Pierre
l'inventaire en grains
tremplin du tremblement
usure la dure réalité

Sueur
Sur le front s'enfonce
l'éther de l'éternité
cailloux entre les dents.


Thierry Texedre, le 13 mai 2018.












vendredi 11 mai 2018

L'irrésolution du temps

               
                   







                  Wifredo Lam - Quand je ne dors pas, je rêve, 1955, huile sur toile, 148 x 216 cm



L'irrésolution du temps

L'insécable étreinte du lieu
de l'immanence du rêve
qui dérive ontologique
versatile immersion du travers
vertigineux que la voix inaugure
dans ce pourrissement ineffable
d'une restitution de la vue
vision d'un opéra impromptu
qui ventre à terre se meut
vers cette mort interdite
la mort du corps inoculé
de l'ignorance vestibule
de la nature qui parle en mots
étincelles fulgurance des sons
entamés pour une remise en forme
le temps tremble dans une apothéose
intemporelle venant au renflement
de la chair qui dévie dévisse
en soulevant ses os
les os du drame d'être
l'être du rien et des rides du corps
le rien du risque d'avaler la langue
afin de faire parler le vrai
les maux du vrai qui s'use
usurpateur insoumis de la plaie
ouverte en chants polyphonie
de l'action vouée à l'expiation
des sons raccourcis du chaos
fils imbriqués jusqu'à l'image
la voir comme quelque chose
de commun pour faire taire
les mots en paroles écrites
depuis l'origine du désir
le désir de l'atome innommable
on entre dans cette aire
qui foule l'exode du hasard
le déroulement de l'esprit
entrain de naître interdit
allons depuis l'ouvrage
se gargarisant de l'envie
de se vider des restes
la putréfaction de la colique
la fellation du plaisir
insurmontable de crier
cet amour en rien
l'immoralité du rien
la fragilité de l’œil
du sexe assis sur le bord
un peu pour enchâsser
la tentation qui pousse
la jouissance vers la sortie
du temps inqualifiable.


Thierry Texedre, le 11 mai 2018.













samedi 5 mai 2018

Plaintes




Sur l'arc incestueux
du vide ancré en chair
le voile outrageux du temps
s'envole sur les ailes du sang
en trompe-l’œil incarné
pour désenchanter le sol
pieds asymétriques
de la folie qui grappille
et gratte le sol
goujat de l'infirmité
démontant les nerfs
du corps désaxé
quelle chair dévorée
puissamment par le ventre
vient faire trembler
l'armistice de cette guerre
intolérable qui épuise
la puissance de la naissance
portée aux nues
d'une portée dressée pour
jouer l'air insolent
de la pénétration
qui tire sur tout
ce qui s'ouvre
plaintes aromatiques
du renversement vital
dans l'indigence buccale
nécrosée par le souffle
incertain qui frappe
sur les indiscrétions
de la parole atomisée
par la disparition
le commencement
promis les rires montent
à l'infini pour oublier
la ferveur du sang versé
aux pieds du jeune défiguré
par la beauté unanime
l'inconnaissable beauté.


Thierry Texedre, le 5 mai 2018.






vendredi 4 mai 2018

Tremblement





Tremblement

Oh ! Terre éternelle
hypostase royale
que l'être origami
du cœur incertain
oh ! L'être affect
l'affaire de l'âme
l'ineffable exhortation
du court instant délié
depuis cet acte délivré
cette parole en parodie
qui touche le grand
l’immense immanence
du verbe livrant sa foi
pour coucher le sens
attenté des signes
inauguraux illuminant
les cieux
oh ! Contamination
la grande figure
du centre du soi
du fracassant vertige
d'une descente
aux enfers enfermement
oh ! Liberté
amoureuse libre
du droit infini
qu'un corps a
d'exister hors
de sa parole
oh ! Maîtresse
qui fend la terreur
de ses excisions
dans la peau
étreinte de la plaie
et de la chair
pour faire parler le verbe.


Thierry Texedre, le 4 mai 2018.


Willem De Kooning (1904-1997) - Femme V, 1952-53, 154,5 x 114,5 cm, peintures, huile et charbon sur toile