lundi 26 juin 2017

La chambre claire

Judit Reigl ( 1923 ) - Déroulement, 1975  peinture ( 220 x 320 cm )














La chambre claire

Du long désir qui nous lie voilà que saigne la caricature obsessionnelle qui feinte l'agonie de l'astreinte à revisiter la reproduction selon l'artifice peinture quand se montre le verbe qui visite ce corps obtenu de la naissance voilà que se tire l'exacte cri dont on n'aura de cesse d'altérer par la parole cette puissance de la dialectique qui nous retourne la gueule dans le langage polysémique et iconique c'est là la seule vérité qui soulève le corps dans sa chair étouffée par l'importune parole soumise à cet inconscient trop contaminé pour résoudre la souffrance que ce soleil noir montre en astéroïdes réverbérant les songes dans l'eau de la fin que la douleur danse voilà alors ce sacré qui revient comme si ce croire devenait plus problématique par la parole de Dieu sauf à sauter sur sa mort le temps de s'offrir l'effarante représentation qui montera dans la peinture pour induire ce Dieu dans un outrage magistral à l'art tombé dans les griffes de la danse intemporelle des couleurs comme fermeture-ouverture de l'espace-temps posé sur cette frontière entre la naissance et la mort et ce jusqu'à leur quasi-dissolution du rêve de l'univers traverser cette rivière improbable du temps par un corps réel comme océan de la peinture à-venir quelle vaste exposition que ces montages entre matière et corps piqués au vif par la jouissance imprévisible d'une pensée entrain de naître versée dans le pourrissement de la résurrection des morts en finissant au feu du tremblement invétéré de corps célestes manqués par les trous noirs de la raison on danse par là si la raison s'en mêle de pouvoir signifier l'harmonie c'est avec le sang déporté que saute l'exilé depuis l'extermination de sa mémoire de la mémoire identitaire du lieu libre brûlé pour toujours laissant au corps sa nudité étouffée par les pores de la peau symbolique un lieu une date voilà l'exultation qui monte du fond Lascaux pour fendre le ciel de Giotto de travers Cézanne dans ses paysages aux nus structurés par le rythme de la vie qui gronde déjà en irradiant l'esprit qui dans un grand choc saute le corps avec depuis la chambre clair se montrent des figures et animalcules sur les murs partout grouillant tels des insectes l'été en pleine chaleur et les murs de la pièce ne tiennent qu'à résoudre cet état de pesanteur qui s'évade à mesure que monte la fièvre.


Thierry Texedre, le 26 juin 2017.