dimanche 26 juillet 2020

De la prévalence du plaisir








































De la prévalence du plaisir


Donné à lire cette sortie du désir
rencontre avec l'audition
l'arrêt sur image qui tremble
le désir qui s'étire et s'inscrit
dans une incommensurable
intolérance avec le corps
un corps réduit au risque
d'appartenir au paraître
le risque dimensionné au moins
du moins pour renvoyer le corps
au volcanique déferlement des sens
sur la surdité du corps constitué
virtuosité de la pliure en plainte
restituée du corps vers sa disette
la chair l'extrême atténuation
qui vient d'un paraître au temps
vers sa compromission au futur
si la peinture ment c'est pour mieux
montrer que ce corps n'a plus
aucune chance à penser sa fin
si un corps morcelé parle
au plus tôt c'est à causer le risque
d'être de cet être qui vole au secours
de la musique en état de chair
début d'une prière avant les dieux
chair que la peinture pense
de mansuétude en mensonge
pour revêtir un corps nu
un corps qui souffre l'animalité
pas encore portée
depuis ce risque anthologique
que d'aucune caverne n'aura
de cesse d'altérer dans une lumière
qui croît à mesure que ce corps
montre la peur une peur
dont le plaisir se saisit
pour traverser le corps
lente descente aux enfers
de la parole avant le massacre.


Thierry Texedre, le 26 juillet 2020.



Juliane Hundertmarks (1971-)
artiste peintre Allemande
vit et travaille à Berlin








dimanche 12 juillet 2020

De la frayeur





















Le 20 juin 1944, Felix Nussbaum et sa femme sont arrêtés sur dénonciation, déportés à Auschwwitz par le dernier convoi en partance de la Belgique et assassinés ; le 3 septembre les alliés entrent à Bruxelles.




Le Triomphe de la mort (le 18 avril 1944) peinture de Felix Nussbaum (1904-1944)


De la frayeur

Suspendu au clou
colporté aux us et coutumes du pays
en guerre contre l'ennemi
étoile cousue sur le revers
densité du chemin de la déportation
jouée au violon des partisans
contre ce monde macabre
où s'arrête toute liberté
le temps de la vision qui n'en finit pas
depuis l'effondrement l'effroi
d'une humanité clouée au viol
à la barbarie et au massacre de l'étranger
l'ennemi sans fin ni lieu pour résider
qu'une résistance emporte la vie
jusqu'au terminal des camps
jetés au ciel gris des fours les sans nom
tués jusque dans leurs croyances.


Thierry Texedre, le 12 juillet 2020.









vendredi 10 juillet 2020

La muse vénale



















La muse vénale

Rythme cassé du temps
qui parle trop
sans cesse pour cacher
cette mortelle jouissance
du renfermement de la chair
sur l'essence malmenée
du vivant dévoré
par une marche forcée
la tempête de l'exorcisme
encore en tête
course du sens
en sens inverse
à cause du mal
du monstre démon
encodé d'un corps décapité
cave convexe du sort
démenti par la plaie
la plaie ouverte
l'ouvert entrain de clore
ce qui jouit de l'ouvert
qui se referme sur un jeu
jour du coït qui couche
la copulation sur le dos
de la parole chaotique
la muse est muselée
attachée au sexe
depuis l'origine
l'envers d'un dire
qui semble désirer
une fin à la chair
la chair déterminée
à souffrir à souffler
sur les braises d'un feu
à venir à trop fendre
l'esprit qui vite voit rouge
à causer sa perte depuis
les sens sans dessus dessous.


Thierry Texedre, le 10 juillet 2020.

« La muse vénale » 
René Daniëls (1950-)
artiste peintre néerlandais






dimanche 5 juillet 2020

Cris et chuchotements



Vladimir Velickovic – Homme qui saute , 1974 – Huile sur toile, 195 x 365 cm

« Le degré de lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire, le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli » Milan Kundera

Cris et chuchotements

Tourbillon du vivant contracté récitatif de l'illusion pour quelques décennies quelques hallucinations du rêve rétroactif mensonge de la mémoire qui frôle l'asphyxie l'intolérable respiration du vivant béance ouverture au monde immonde de la dépendance au visage disjoint de la langue entrain d'être expulsée du vivant. Comment ne pas se soumettre au risque d'en montrer de la mémoire pour s'essayer à la plaie de l'espace de l'espace de l'espèce qui tourne carré depuis l'origine de la parole du cri en moins du vivant dérive orgasmique. Entrée en apesanteur le temps de dissoudre la voix versatile expulsée du risque atomisé de la croyance à tenter une immersion dans l'interdit religieux relique de la chair qui traverse l'essence même de l'âme à rencontrer le bien le mal le clair le sombre fondement de la nature humaine montée en abîme sur le visage de l'inséparable omniprésence du corps et de sa voix de son désir d'enfanter la langue pour y voir la parole comme pensée d'un temps inventé pour oublier cet intérieur cette entrée en résidence de la chair avec l'irreprésentable cri. Par quelle sortie cette pensée peut-elle encore montrer un temps passé par le cri qu'un chuchotement semble interdire le temps est ce chuchotement qui enferme la pensée dans un acte illusoire un acte d'affaiblissement du corps qui oublie et par lequel s'échappe le souffle illisible de la voix qui court.


Thierry Texedre, le 5 juillet 2020.



















samedi 4 juillet 2020

De l'épine dorsale






















De l'épine dorsale
Incarcérées les peintures de Ahmed Alsoudani s'en sortent dans de sombres endroits des artères qui gonflent et tournoient telles des tubes charnus galvanisés dans des couleurs sans fond (d'un fond angoissant) et pourtant vives presque carnavalesques (composant l'épine dorsale d'un visage sociétal) jusqu'au pouvoir horrifique d'une histoire en train de se décomposer théâtrale et épique se révoltant dans cette extériorité regardée comme une interdiction d'entrer dans la peinture un interdit qui fait de la souffrance un ultimatum une peinture qui se donne à voir par ce qu'elle impulse l'extérieur par ces dessins un dessein omniprésent même à la surface celui d'un lieu public.

Thierry Texedre, le 4 Juillet 2020.

Ahmed Alsoudani (1075-)
artiste peintre irakien
vit et travaille à New-York