vendredi 1 juin 2012

L'indomptable désir







L'indécence du corps ne descend pas jusqu'au sexe. Du plus court à sa pulsion ouverture vers cette jouissance en vrille, et incommensurable. Le pli n'a qu'à bien se tenir, sur quoi un autre corps peut s’empaler. Se sucer, se courser, s'anéantir, se redresser pour enfin remplir ce trou du désir inopinément. Les mains resserrent le sexe durci, juste pour presser le sang. Les veines semblent gonfler, drainer l'indomptable bambou pour malmener l'affaire. Quelle verge raide vient sucer le con ouvert et rose à l'intérieur. Les lèvres se resserrent autour du gros gland caverneux. Les deux corps s'esquivent un court instant, puis se serrent l'un sur l'autre, comme si les deux parties ne faisaient plus qu'un corps suintant, dégageant les membres remuants et effrayés, de chaque côté d'un tronc au milieu mystérieux et indistinct. Quel instinct peut se mesurer à une telle forclusion? Là où rien ne pense, là où tout s'efface, se densifie et s'annule. L'enfournement de la verge est violent, comme pour faire mal à ce dedans impérial et impétueux. Ravage du temps de la parole. Prière immonde à l'appel d'une jouissance indécidable. On nie là l'acte même d'un désir abouti. L'art du spectacle se dessine sans visage, sans lieu ni ressort de l'amour. On aime pour avoir mis le mal en patience. Les corps se redressent sous les coups, au fond, en butée, au relâchement de soi. Les gémissements sortent du fond des deux gorges, et la semence éjaculée sort pour goutter sur les draps immaculés. Le corps-osmose soudain se sépare, pour laisser deux êtres imparfaits glisser sur les côtés du lit, touchés et déchirés par cette lévitation de l'orgasme qui les emporte.



Thierry Texedre, le 1 juin 2012.