L'indécence
du corps ne descend pas jusqu'au sexe. Du plus court à sa
pulsion ouverture vers cette jouissance en vrille, et
incommensurable. Le pli n'a qu'à bien se tenir, sur quoi un
autre corps peut s’empaler. Se sucer, se courser, s'anéantir,
se redresser pour enfin remplir ce trou du désir inopinément.
Les mains resserrent le sexe durci, juste pour presser le sang. Les
veines semblent gonfler, drainer l'indomptable bambou pour malmener
l'affaire. Quelle verge raide vient sucer le con ouvert et rose à
l'intérieur. Les lèvres se resserrent autour du gros
gland caverneux. Les deux corps s'esquivent un court instant, puis se
serrent l'un sur l'autre, comme si les deux parties ne faisaient plus
qu'un corps suintant, dégageant les membres remuants et
effrayés, de chaque côté d'un tronc au milieu
mystérieux et indistinct. Quel instinct peut se mesurer à
une telle forclusion? Là où rien ne pense, là où
tout s'efface, se densifie et s'annule. L'enfournement de la verge
est violent, comme pour faire mal à ce dedans impérial
et impétueux. Ravage du temps de la parole. Prière
immonde à l'appel d'une jouissance indécidable. On nie
là l'acte même d'un désir abouti. L'art du
spectacle se dessine sans visage, sans lieu ni ressort de l'amour. On
aime pour avoir mis le mal en patience. Les corps se redressent sous
les coups, au fond, en butée, au relâchement de soi. Les
gémissements sortent du fond des deux gorges, et la semence
éjaculée sort pour goutter sur les draps immaculés.
Le corps-osmose soudain se sépare, pour laisser deux êtres
imparfaits glisser sur les côtés du lit, touchés
et déchirés par cette lévitation de l'orgasme
qui les emporte.
Thierry
Texedre, le 1 juin 2012.