mardi 21 février 2017

Fracture

Eliane Larus - L'enfer, 1988 - acrylique sur bois, (180 x 154 cm).
“Mon but n'est pas de figurer un objet ou un site mais de figurer la pensée, de donner celle-ci à ressentir. Mon sentiment est qu'une œuvre doit s'adresser immédiatement à la pensée, mettre celle-ci en mouvement, et pour cela parler son langage, ou du moins parler un langage dans lequel la pensée peut se reconnaître. Elle ne le peut pas, à ce qu'il me semble, dans les images qu'on appelle réalistes”.
















Fracture

Le train-train est périmé
insistant et esseulé l'art
de montrer l'entrée
dans l'intelligible
se fait plus pressant
montrant par là
ce sacré en gestation
fil conducteur du sujet
forclos et arrimé
au risque de parler
cette fin de la croyante
exactitude de la chose
en lieu et foi
pour risquer un vrai
désaccord avec son récit
en lois qui fourvoient
l'état d'urgence
du contrat social
fragmenté et polymérisé
en jeu de la dépense
de la matière
et de l'image
pour béatement
revisiter l'être
et la croyance
dans cet infini
fermé au stade
de l’exceptionnelle
visitation du néant
courtisé par ce coup
de dé dépendant
d'un hasard aboli.


Thierry Texedre, le 21 février 2017.










lundi 20 février 2017

L'ivresse

Henri Matisse – La danse 1 – La Danse 2 – La Danse inachevée






L'ivresse

Courte couche du bu béat
engendrant l'ivresse
du ténu téton troué
par sa somme suave
vol à l'arraché
du lait sorti de la chaude
succion versatile
soumission au rythme
de la faim
vite exclue du ventre
en pets givrés
pour tambouriner
le martèlement
de l'allaitement
on s'affaire à boire
le vin viticole
juste sorti de la cuve
le presser en jus roté
à en rire autrement
pour peu que ça saoul
l'esprit retors
allons il faut se jeter
dans la marelle
du temps quel paradis
cet été passé
à s'en tirer vers le né
vers cet absolu
de la danse selon Matisse.


Thierry Texedre, le 20 février 2017.



L'ivresse*
Courte couche du bu béat
engendrant l'ivresse
du ténu téton troué
par sa somme suave
vol à l'arraché
du lait sorti de la chaude
succion versatile
soumission au rythme
de la faim
vite exclue du ventre
en pets givrés
pour tambouriner
le martèlement
de l'allaitement
on s'affaire à boire
le vin viticole
juste sorti de la cuve
le presser en jus roté
à en rire autrement
pour peu que ça saoul
l'esprit retors
pousser la roue
autre ivresse
autre sensation
autre fulgurance
le vin n'y suffit plus
la transfiguration
là est le nœud
allons il faut se jeter
dans la marelle
du temps quel paradis
cet été passé
à s'en tirer vers le né
vers cet absolu
de la danse selon Matisse
selon le sacre désacralisé
en danse de l'inconscient
au travail rite de passage
risque de jouir par l'enjeu.
Thierry Texedre, le 21 février 2017.
*version remaniée de "L'ivresse".

vendredi 17 février 2017

Volte-face



Oppenheim Meret (1913-1985), Das Frühlingsfest (Le Festin cannibale), 1959-60.






















Volte-face

Le jour se reteint
de cette rencontre
vulgaire à l'ombre
qui m'emporte rare
est le jour qui luit
pour exfolier la fleure
indécente de l'astre
le jour de cette rencontre
en teintes de ma mie
qui se mire dans
l'eau du pré bas
par quelle bassesse
le temps s'empare
de mon affection
pour cette ambre
ce scintillement même
le même que celui
de ma fille dévoilée
au matin blême
de la folle tension
de ces corps amoureux
sortis de nulle part
pour aller cousus
par le ventre
de l'exaltante chair
lentement le train-train
de la vie reprend
la courte vie
qui tombe sourde
aux sens invités
à l'heure du coucher
les dents serrées
le souffle interdit
le cœur débattant
de la même histoire
sans fin le forcené
lui s'en va repu.


Thierry Texedre, le 17 février 2017.







mercredi 15 février 2017

La sainte ordinaire

Louise Bourgeois - La Maladie de l'amour, 2008.







































La sainte ordinaire

Sur l'insignifiance du socle qui montre l'image, voilà que s'étreignent l'assassin et la sainte ordinaire, la volcanique rectitude du sexe amoureux depuis cette chair qui puise dans la musique des sens ; l'insignifiance entretient là quelque chose qui a à voir avec l'altérité. Donne-moi à voir ce qu'un sujet pense de l'étreinte passée, pour remettre le couvert, dans la concordance avec ce qui touche au corps déjà baroque (d'une multitude de points de vues), le lieu qui se dissout dans la transparence du jeu amoureux. Nom de l'indécence et de l'exaltation, chants de l'insouciante déperdition de la propriété d'un corps qui pense après avoir joui. De ce nom blême sort l'indistinction de ces images dans la répétition, copie de l’ersatz pourrissant de l'intérieur comme mystère insoutenable, lieu de la découverte d'un abîme ; l'invitation au titre de l'érotique. Par quelle pornographie, les sens s'en remettent au risque de l'image fervente, et s'entremêlant, le porno et l'érotique fulminent jusqu'au sang et la douleur de l'insignifiance trop pressée pour jeter opprobre sur le crédit accordé à la légitime insuffisance de l'acte amoureux plié sur l'être amoureux ; irruption par là de ce qui pense une parole, en signe d'apothéose de la parole vulgaire. Partant de ce chemin instruit de la parole, le corps surgit par insoumission au registre de la cognition, couvert par les amalgames, les grammes de l'expulsion de l'engendrement des organes, en douleur et extase, fuyant l'entrée dans ce temps déferlant en phrases en textes livrés à l'ouvert/fermé de la verbalisation encore muette dans sa traduction/trauma/musicalité/déviance de l'exactitude/vérité/vraisemblance/extension.



Thierry Texedre, le 15 février 2017.





   

mardi 7 février 2017

Désert du temps



























Georgia O'Keeffe, Rust Red Hills (Les Collines rouges), 1930.




Désert du temps


Course inanimée
sur la surdité
du temps possédé
voilà le récit
vulgaire qui sombre
pour pousser un
ultime cri
devant le ciel
de ces saisons
hellénistes
course du temps
dépensant l'exquis
souffle de l'ordre
insoumis soudain
en travers du réel
qui sort en sol
béatement borné
par cette rencontre
de la fin des temps
ornés de cet or
lumineux et aveugle
au cou du défunt
courte animation
qui parle toutes
les langues
au crépuscule
de la vie sombre
claquant des doigts
le corps fragile
meurtri passe
par l'étreinte
avec l'autre vie
l'au-delà détrempé
de la chair
violée par le né
du corps soumis
à l'amour embrassé
jusqu'au fond
en un final
qui jaillit en blanc
manteau mandarin
qui chevauche
l'esprit démesuré.


Thierry Texedre, le 7 février 2017.










dimanche 5 février 2017

La mort trépassée

Peter Paul Rubens - Tête de Méduse, 1618























La mort trépassée
(ou Chant pour un instant)
Le Baroque


Osmose
du chant
ténu
offense
sur cette identité
sur ce sujet
cœur insoumis
contre la plaie béante
de ces affres pandémie
de la multiplication
sans cessation
du nombre
en corps
en chair
montrée du doigt
par l’ostracisme
inconscient du pire
engendrement
de la dépense
de la procréation
sans cessation
ni vertige
dans l'infiniment
grande passion
du jeu libre
d'accoucher
l'inhumanité
réplique d'une ivresse
guerre impie sur la
grande surdité du monde
livré à son dérèglement
l'extase du pouvoir
de prier l'autre
de céder au même
pour lentement
faire sortir du fond
insécable
la peur
l'endroit de l'indifférence
à monter sur le nombre
pour compter
sur le sens
l'amalgame
et l'identité
partout devant
un ciel émasculé.

*


Ultime résistance vers cette oraison de l'interdit, pour envelopper la douleur ultime, la cessation de toute vie. Vertige que cette vie qui monte, et transgresse la volonté d'existence. Chants de l'allégresse vers une introspection de la chair en jeux de l'insondable liberté pour l'égalité et la fraternité du sol fertile, de la vie inconditionnelle. Trempé par les ondes porteuses d'espérance, allons vers la gloire infinie de nos exactions, de ressusciter des morts, par l'impossible fin du règne animé par les anges de la jouissance sans cesse remise en question. D'un infime tremblement du corps élevé au ciel de la modernité, voilà le ressort volcanique de la passion qui monte en nous, pour extraire de cet appel, de cette parole, l'acte intransigeant de la vérité qui pousse la vie vers sa plénitude. Touchant au secret révélé de la vie, l'être en nous pour retracer le sens d'un chemin sous les regards indiscrets de la chair, en dansant et rythmant ce sens interminable du commun dénominateur qui monte en soi. Musique des mots alternant le jour et la nuit profonde du chemin de l'irremplaçable gravité de l'amour.



Thierry Texedre, le 4 février 2017.






jeudi 2 février 2017

L'accroupissement du corps

Louis Cane, "Ménines accroupies" huile sur toile ( 2,30 x 2,30 cm ).







































L'accroupissement du corps

Tourné vers sa tentation
ce regain et l'atmosphérique
du temps qui poursuit la vie
de ces vicissitudes obliques
depuis le vide tant étreint
qu'un corps dissout appel
à monter et entrer en accord
avec la chair crépusculaire
monstration de la mort là
plébiscitée comme pléthore
de ces profondeurs illégales
lieu arque-bouté sur l'artifice
sur l'indistinction de la fin
prohibée depuis l'origine
et du jeu d'aimer du désir
en sens inverse à cette mort
suffocante en mots décriés
là est l'horrifique éclat de la
chair entrain de se tirer et
le foutre en l'air l'ombre
excentrique du ciel qui coule
en zigzag post-opératoire
mots en alluvions étirées
jusqu'à la mère nourricière
de l'envers du corps incertain
trempé versatile et claqué.




Thierry Texedre, le 2 février 2017.