jeudi 29 juin 2017

Les nuées du feu

Yang Jiechang - Massacre, 1982


Les nuées du feu

Sur la plaie du monde
contusion du glorieux
épiderme indéfectible
hurlant au seuil du néant
caressé par la voix
inanimée du temps
est violé par l’encens
balancé dans l'air
insouciant qui déferle
dans la tempête interdite
du dedans en corps
illuminé par l'esprit
qui polémique
à la force des bras
les bras levés
vers les nuées insidieuses
d'une rencontre
improprement avec
l'illusion cadavérique
de la mort suave
qui danse en attendant
l'arrivée de ses acolytes
détenus hospitaliers
qui montent la garde
tremblent les décharnés
au petit matin posé
sur la saignée à force
que la mort brille
d'un soleil démon
dans les flammes
alléchées de l'enfer
de l'enfermement
qui nourrit nos âmes
au repos de la chair
du moins de la parole
subjuguée par l'os
contigu au bois
brûlé ici-bas
pour imprimer le cœur
de ces imposteurs
qui montrent du doigt
la vie à cause de l'encre
du sexe entiché et fou
de cette intrusion
bombardée par les douleurs
du trou béat
têtes impensées

au retour du verbe.


Thierry Texedre, le 29 juin 2017.






lundi 26 juin 2017

La chambre claire

Judit Reigl ( 1923 ) - Déroulement, 1975  peinture ( 220 x 320 cm )














La chambre claire

Du long désir qui nous lie voilà que saigne la caricature obsessionnelle qui feinte l'agonie de l'astreinte à revisiter la reproduction selon l'artifice peinture quand se montre le verbe qui visite ce corps obtenu de la naissance voilà que se tire l'exacte cri dont on n'aura de cesse d'altérer par la parole cette puissance de la dialectique qui nous retourne la gueule dans le langage polysémique et iconique c'est là la seule vérité qui soulève le corps dans sa chair étouffée par l'importune parole soumise à cet inconscient trop contaminé pour résoudre la souffrance que ce soleil noir montre en astéroïdes réverbérant les songes dans l'eau de la fin que la douleur danse voilà alors ce sacré qui revient comme si ce croire devenait plus problématique par la parole de Dieu sauf à sauter sur sa mort le temps de s'offrir l'effarante représentation qui montera dans la peinture pour induire ce Dieu dans un outrage magistral à l'art tombé dans les griffes de la danse intemporelle des couleurs comme fermeture-ouverture de l'espace-temps posé sur cette frontière entre la naissance et la mort et ce jusqu'à leur quasi-dissolution du rêve de l'univers traverser cette rivière improbable du temps par un corps réel comme océan de la peinture à-venir quelle vaste exposition que ces montages entre matière et corps piqués au vif par la jouissance imprévisible d'une pensée entrain de naître versée dans le pourrissement de la résurrection des morts en finissant au feu du tremblement invétéré de corps célestes manqués par les trous noirs de la raison on danse par là si la raison s'en mêle de pouvoir signifier l'harmonie c'est avec le sang déporté que saute l'exilé depuis l'extermination de sa mémoire de la mémoire identitaire du lieu libre brûlé pour toujours laissant au corps sa nudité étouffée par les pores de la peau symbolique un lieu une date voilà l'exultation qui monte du fond Lascaux pour fendre le ciel de Giotto de travers Cézanne dans ses paysages aux nus structurés par le rythme de la vie qui gronde déjà en irradiant l'esprit qui dans un grand choc saute le corps avec depuis la chambre clair se montrent des figures et animalcules sur les murs partout grouillant tels des insectes l'été en pleine chaleur et les murs de la pièce ne tiennent qu'à résoudre cet état de pesanteur qui s'évade à mesure que monte la fièvre.


Thierry Texedre, le 26 juin 2017.





mercredi 7 juin 2017

Cruauté

 Francis Bacon - Fragment d'une Crucifixion, 1950



" L'Art esrt un moyen d'expression de la violence, son moyen d'expression et en ce sens il peut servir
à prévenir la violence puisqu'il permet de dire ce qui n'est pas dicible. L'art en effet commence là où
la parole s'arrête, avec la transformation de la violence instinctuelle en jeu de pulsions incessamment
provoqué par l'altérité irréductible de leur "objet". La violence de l'art tient au fait qu'elle impose
une forme de vérité sensible, du sensible lui-même qui dans un paroxysme d'expression
s'apparenterait à la douleur dans l'oeuvre que réalisent les artistes." Suzanne Ferriere-Pestureau


« Toute la viande hurle » écrit Deleuze


Cruauté

Sur la langue quelle osmose
que ces mots dont on prend
les notes sur la chair
comme le vrai en jeu
joué par l'étendue de
l'érotique mis en syncope
par l'envers du décor
l'homme attaché au risque
de désirer sa passion
couvre ce qu'il occulte
le manque plié dans
cette couche superposée
à une autre recouvrant
ce corps allongé par
l'enterrement et qui perd
ses membres les uns après
les autres pour couper
court à la langue qui parle
et hurle devant ce Sphinx
qui délivre les maux de la chair
pour faire perdre la mémoire
au corps enseveli de manquer
la parole qui dit ce savoir
découpé par le souffle
sordide double étirant
la chair jusqu'à ce qu'elle
usurpe la jouissance
qu'un vide puissant va
toucher séparant sans cesse
ces corps pour leur redonner
la consistance du désir
dans l'extension de la parole
qui feint sa langue
en dansant du rire
fou de la tentation
de défaire les nœuds
du récit en songes
oppressants de la cruauté
entrain de sortir le dire
de ses veines incolores
pour couper ce corps
vers sa sortie en sang.



Thierry Texedre, le 7 juin 2017.







mardi 6 juin 2017

Centrifugue


Salustiano Garcia Cruz (1965-) peintre



























                           Centrifugue

En apesanteur le son se soulève
comme contrefaçon de la parole
le resserrement mélodique trame
voix qui va s'envoler vers l'utérus
pour passer du cri au babillage de
l'immobilité de la phrase au texte
entrant par cette intermittence de
la découverte de son corps et ses
orifices voici bien pensé ce début
cette possession des mots contigus
jusqu'à la formation d'une imitation
que quelques tripatouillages sonores
vont installer pour le corps entier
le tisser en peau pincée et enfoncée
dans le sillage de l'anus forcé par
la déjection l'expulsion de ce corps
qui se viole à mesure que s'installent
tout un langage réplique de l'étant
le lieu maternel absorbé en succion
nourriture de l'improvisation sur un
autre univers mis en lumière par
la mesure sorte de signe du plaisir
qui bat entre le cœur jubilatoire et
l'expression du corps mis en chair
une atteinte de la représentation
du nouveau-né via sa mère-parole
sur l’œil astreint à une vue bleue
dés sa naissance corpusculaire
touchant au langage pluriel la
vue orgasmique commence à
se soulever en attouchements
réception d'un engendrement
de l'exclusion du toucher dans
ce moment de séparation qui
franchit l'extraction incidente
d'un raisonnement qui fort
de sa jouissance montre
une reconnaissance plaquée
sur le non invitant au risque
l'enfant puisant ses sources
dans le drame des oppositions.


Thierry Texedre, le 6 juin 2017.








jeudi 1 juin 2017

La nation anonyme


                                         Eugène Delacroix - La liberté guidant le peuple, 1830














                                            
                                     La nation anonyme

Jusqu'où tient la loi
devant cette folle liaison
avec la chair
ultime chasse
du corps qui montre
la possession en actes
pour pousser la loi
dans ses plus odieux
retranchements
l'alcool naissant
de la prosodie
de la folie séquestrée
promet de faire tourner
toutes les cuistres têtes
par un jeu qui frôle
l'asphyxie l'aveuglement
devenant la drogue
qui touche les nerfs
sous la peau soulevée
en nécrose obsessionnelle
racisme bestial
des mots en cognée
en rimes exacerbées
et sons hyperboliques
du reniflement en rut
polémique de la ferveur
du temps face
au démembrement
athée de la chair moribonde
moment névralgique
du départ pour l'outremer
du bleu indélébile
finissant par se lasser
du bien pensant
de la nation.


Thierry Texedre, le 1 juin 2017.