jeudi 30 avril 2020

Regard



















Regard

Depuis quelle aurore
le temps manque-t-il
l'après de l'exposition
en peinture qui s'étreint
sinon par quel hasard
le temps sort-il du son
le son de ce présent
qui va perdre cette levée
cette instance illisible
et passée en pensées
illégales de la glotte
cou marqué par l'emprunt
au cri impossible et nu
de la respiration souffle
de ce corps en tension
tentaculaire dérive du né
qui s'ouvre à l'infini
et qu'il est né sans voix
noir le voilà noir
par omission de l'eau
d'être sorti au soleil noir
le temps de percer cette
altération qui l'ouvre
au centre celui du sexe
le couvrant de sa vulve
impassible devant l'oubli
l'oubli de l'avant inventé
sous l'immonde contraction
de la reproduction
qui sourdement sortira
du désir pour parler
cette imposition à se lever
l'irruption de l'humanité
qui marche pour dire
ce que l'aurore montre
du regard poussant ce corps
à verticalement s'interdire
de penser la vraie pensée
pour installer le doute
le regard du doute
parce que le corps marche
vers sa fin privé du son
de sa sonorité la vibration
son salut le voilà
enfin dans la feinte
entrain de téléporter
et téléphoner ce regard
qui devient blanc
partout où plus rien ne force
et que plus rien ne dévisage
le temps sera gelé
jusqu'à la mort temporelle
la nuit s'étend partout.


Thierry Texedre, le 30 avril 2020.



peintures de Kerry James Marschall (1955-)
artiste peintre américain












samedi 25 avril 2020

Hétérotopie



































Hétérotopie

Paysages sans fin
lieux hospitaliers
et emprunts d'angoisse
dans un silence physique
qui se risque à ouvrir
l’œil du silence
cette histoire végétale
dense et sensuelle
s'offre au regard
devenu un paradis perdu
par cette disparition ce manque
irrésolu de l'humain
qui laisse en contre jour
cette exoplanète
de l'existence passée
voyage d'une mémoire
dissoute dans le tableau
peinture qui montre le flou
pour inventer un végétal
qui aurait dû être pour exposer
des espaces artificiels
au plus près d'une absence
celle du corps inhumain
peut-être proposé ici
pour deviner un futur
dont on a du mal
à en montrer l'expérience
et l'habitation la réhabilitation.


Thierry Texedre, le 25 avril 2020.



peintures de Yann Lacroix (1986-)
artiste peintre français







jeudi 23 avril 2020

La rivière insolente
















Joan Miro (1893-1983)
peintre, sculpteur, graveur et céramiste espagnol.
Les trois bleus
Triptyque Bleu I, Bleu II, Bleu III
270 x 355 cm, 1961



La rivière insolente

Plages du pays
soudain rendu au vide
du temps séparé
partout l'étendue
des plaines encombrées
sourdement sombrent
dans l'apocalypse
il glisse longuement
le long de ces rivages
sans fin ni plaies
un voile obscurci
plié par le vent
rencontre l'expatrié
entrain de jouer
un air pour sortir
du gué les pieds
soudés à la boue
l'accordéon dans sa tête
incendié par la sueur
pour passer de l'autre côté
impuissant livré au risque
de l'enfermement
pour courir sautant
jusqu'aux barbelés
le sang grisant
longue douleur
sur son visage gisant
l'évadé du pays
la mémoire au rebut
pour chanter un air
c'est l'improbable
sortie c'est la rivière
comme évasion
vers une rencontre
vertige de la nudité
liberté quelle passation
de l'étranger étranglé
par le bleu de la vision.


Thierry Texedre, le 23 avril 2020.















mardi 21 avril 2020

La peinture comme vertige de l'architecture































La peinture comme vertige de l'architecture

Rare sont les peintres qui représentent cette matérialité dont on use, dont on explore toutes les faces tant pour notre bien-vivre que pour exploiter l'espace jusqu'à peut-être sa perte, et par lui-même une certaine perte d'identité ? L'espace ou cette reconnaissance d'un état déjà trop plein d'une tension à travers cette transversalité qui s'y insère, s'y montre ; serait-ce celle du nombre, de l'extension sans cesse, de ce nombre jusqu'au refoulement, jusqu'à l'interdit de l'espace trop restreint (n'y a-t-il pas un dépliement de l'espace dans ce qu'il a d'interchangeable, par exemple passage du figuratif à l'abstrait, du paysage à la géométrie), d'une demande d'entrer dans une autre géographie, un terrain vierge peut-être, une certaine peinture qui ici vient entrer en collision avec ce nouveau temps. La couleur tente alors une entrée en éviction, éventuelle certitude que ce qui s'y joue ira bien au-delà de ce qui se voit hors de la toile alors exposée pour mieux y voir une intelligence future. Une certaine contamination avec cette juxtaposition qui sied à la tentation d'exister : interchangeable avec une nature donnée à voir plus floue peut-être pour indiquer que cette charge émotionnelle nouvelle (la peinture) montre l'envers du décor, celui d'un réel en trop. La vertigineuse réalité de la mégalopole qui s'étend telle un virus, encre le drame d'un arrêt du jeu des points d'intersection des avenues aux pieds des tours, dont le peintre Piet Mondrian a su escamoter l'irréalité du temps de la « nature » humaine en signes prémonitoires. Ici, point de nature isolée ni de signes signifiant la tentative d'essoufflement de l'art de vivre, mais bien une peinture de l'extraterritorialité humaine (l'architecture en trop). 



Le plaisir qu'un regard peut porter aux toiles d'Ivana Minafra (1971-), sort l'espace figuratif inquiétant et angoissant (on y voit souvent une étendue de voitures peintes comme paysagers telles un champs) du regard, pour explorer un autre espace mis dans la peinture, celui d'une nature en trop ou en moins, pour nous montrer cette double réalité dont le regard imposerait de montrer seulement un paysage urbain. Un brouillage semble montrer une nature en devenir sur une urbanisation recouvrant littéralement la toile par « défaut ». C'est cette indifférence, l'oubli de l'infini, de l’extension totémique, de l'étalement anarchique en périphérie de la ville devenue ainsi une monstrueuse mégapole, qui font se rencontrer ces deux incompatibilités ; et tenter une vérité, celle d'oser faire voir avant de le dire une autre occurrence de la vie humaine. Une autre artiste semble aussi démontrer ce qu' une ville a d'empressement à s'extraire de la prégnance humaine pour l'architecture urbaine.





























 
Dans les peintures d'Anneke Wilbrink (1973-), on s'expose à l’expatriation. La temporalité de l'humain vrille à l'approche d'une distorsion du monde. Le chaos s'y insère, montrant une peinture qui s'éloigne d'un milieu où le réel s'efface, au profit d'une complexité dans un contrôle des contrastes, des oppositions, à cause de l'architecture rembobinée par ce qui du sublime entre en réserve, pour appairer le médiocre d'une urbanisation galopante à la trame d'une peinture entrain de montrer un océan, l'infini.
On se rapproche d'une autre vérité, se livrant aux marasmes de l'impossible expérience figurative, certainement à cause de ses effets dévastateurs, quand à ce devenir où une nature n'a de cesse de s’abîmer.

 































































Richard Diebenhorn (1922-1993) nous livre là une approche regroupant de nombreuses similitudes avec celles de Ivana Minafra, quand à cette mise sous pression de la nature, exposée au plus près des paysages urbains. Mais encore une nature qui entre dans l'architecture avec Anneke Wilbrink. Si la nature humaine en fait trop, c'est pourtant en différant cette tension vers ce que peut résoudre l'eau, l'océan, à l'approche des industries de Santa Monica sur la côte ouest des États-Unis. Pour subvertir au plus vite cette représentation de l'éphémère sans doute, dans une série sans fin aux peintures de « Océan Park », La submersion d'une réalité sourde à la nature, une fenêtre ouverte sur cet océan primitif, une emprunte abstraite qui figure un travail du paysage qu'un Matisse poussera à faire jouir par la couleur ce qui découpe le réel au présent, au temps qui recouvre l'imposture urbaine.
En tout cas, l'intensité d'une terre retournée (dans le blanc sommé), est au plus près d'un présent jeté au regard d'un coup de dé.


Thierry Texedre, le 21 avril 2020.









samedi 18 avril 2020

L'air
































L'air

Trouée dans le temps
se risque l'aura
qu'une vie visite
au plus près c'est une
lumière qui traverse
un lieu d'une prière
l'impensé le vertige
d'une envolée
au ciel les couleurs
sur la blanche vision
jetée à chaque
résurrection du temps.

Thierry Texedre, le 18 avril 2020.






peintures de Kim En Joong (1940-)




vendredi 3 avril 2020

Au gré des ondes
































Au gré des ondes

Planté au beau milieu
de l'explosion l'attraction
ventre du monde
étoile polymérisée
programme de l'éclosion
en finitude et infiniment
dérisoire dévorant le ciel
et la terre au gré des ondes
lueur du vent vorace
qui campe sa musique
sourdement et poliment
de travers et de face
le confinement s'étire
se frappe au vent
joliment entrant en voix
en jeux exquis en clefs
touchant à ce bord
lieu contre la chose
de loin de près
plus tout à fait
l'ombre du divin
l'entrée sans trop danser
dans le vent qui s'évanouit
à mesure que l'homme
se relève partant
par ces chemins sans fin
mener le vent
au milieu de cette ivresse
se hissant au temps
pour camper sa muse
le rêve inopportun
d'un désir damné
qui déchire l'ombre
découpée du jardin
jadis bleu de la naissance
bulbe éclos des senteurs
aériennes au gré des ondes.


Thierry Texedre, le 2 avril 2020.