jeudi 22 novembre 2012

Drame extatique du corps sans voix











 
Les derniers soubresauts de la terreur du dire qui confère au temps sa densité, illumination de cette oreille basse, bassesse de l'audition devant l'immensité de ces mots aléatoires. Tiraillement dans l'apothéose mortifère de la petite musique endiablée, donnant accès au corps comprimé. Ce risque de sauter sur les mots atomisés, rend la parole intraduisible, puisque avalée par une écoute déflorée, déchirure de cette entrée sombre, vent qui ondoie, outrageusement dans l'espace du corps illimité de la vue béate. Touchant au risque vertueux d'aller vers cet empressement de l'exhortation de la chair, le corps déchiré par une chair crépusculaire, voit la peau sur l'os. Chair absoute, absente, arabesque virevoltant quand la peur du manque de chair se fait sentir, dans les battements du coeur, musique de ces coups qui font respirer, restituer la respiration. Dominé par ce corps irisé de quelque écorché, peau qui siffle à la vue du corps privé de sa chair, l'éclat de la parole souffre, soumis au retournement incisif de la peur d'entrer dans l'épaisseur de ces pleurs, chair introspection, chair tendue vers ces odeurs exécrables, la mort entre par-dessus les têtes. Décollation. Têtes sur le sol, sang laissé là, comme un éclaté, une fracture de ces os si offusqués par le tremblement irraisonné de la voix exsangue de toute vie frontale. La vue de biais, elle, se tait. La vue de face, rend l'âme, pour vous emporter dans les ténébreuses voies gangrenées par l'esprit malin. Voix dirigée vers quelle opulente stratégie de l'existence, pour s'évanouir, s'évader, se retirer, s'emporter, s'arque bouter pour se redresser et fuir. De ces voix qui viennent de partout, en sons pleins de sens, outrageusement pour rendre sourd le corps de l'élocution. Extase du corps sourd, drame du corps désabusé qui est parti de ces sons-sens à l'intérieur du corps de cette autre vie, infâme, c'est l'infini qui n'a pas fini de mettre le questionnement tortueux attaché aux rivets de la croix moribonde de la mise à mort de la chair, parole-jouissance de la chair torturée. On casse les rouages de la parole pour en faire une gangrène, coupure à vif prête à jouer avec les os séparés, déjà là avant la grande démonstration de la terreur-massacre, trou dans l'amour, trouée dans ce ciel devenu jets incessants de cette reproduction du temps perdu. Partout les sons s'épanchent pour sortir leurs cris stridents, copulation de ces corps descendant de partout, passant au présent dans un gonflement des lèvres qui vibrent, joues grossies jusqu'à l'apoplexie, la voix semble enfin en finir avec le sens alterné de sa dépression et de sa jouissance, elle jette dans un émoi extrême ce qui ressemble à l'âme empêtrée dans ses abattis.



Thierry Texedre, le 22 novembre 2012.