dimanche 3 mai 2015

Lamentations






Lamentations

Sur quelles morts la vie installe sa mise en demeure de la parole ? Vers une austère mort, macabre délivrance qui met en porte à faux l'origine dénominative de la parole, dans une sortie du sacré, un état primordial qui sera délivré de son corps avec l'apparition du sens que la chair investit en mettant à mal ce nom, en le dématérialisant, pour préfigurer l'existence d'une éternité dans un dire occlusif. Le seul temps qui peut renverser ce fait indiscuté à savoir qu'un corps qui pense n'a de fin qu'à rendre son corps jouissif, est un corps qui frôle le texte en l'éclatant dans une fragmentation de sa signifiance, jusqu'à rencontrer la peinture comme naissance d'un lieu où le corps et l'esprit se rencontrent pour donner à penser la mort comme écriture interminable du déluge que ce corps de chair incise dans l'extase d'une mort, là où ça jouit. Douleur insupportable d'aller vers ces plaisirs oniriques pour suicider ce nom, au lieu d'exalter cette mort du moment de la douleur de mourir, rivage double d'où se séparent les êtres indifférents à l'outrance de l’œil comme image unique d'une mise en perspective de l'espace mis au présent. Rite dans l'incivilité du dépassement de la parole comme seuil de l'image, point d'interminables ostentations d'une exposition pour mieux faire valoir le risque pour l’œil de saisir une musique qui range l'image au rang des accessoires, reconnaissance donc pour saisir cette chair là où rien n'a encore eu lieu de l'existence comme vrai, vérité du jeu incessant entre la mort à rebours et la vie déterminée à jouir. Peut-on encore croire en une unicité qui soit le dire ou la science ? Sinon d'esquisser une immanente introspection du corps juste au moment de sa perte d'existence dans un retour sur la chair, retour du risque de perdre sa parole à l'instant où le temps s'empare de ce mal qui commence à la naissance. Mystère de la mémoire qui inonde l'état de dépendance du fœtus, pour faire croire déjà que la douleur se dresse comme hominidé le temps d'inventer une parole qui gît au milieu d'une apothéose de l'amour.



Thierry Texedre, le 3 mai 2015.