jeudi 12 avril 2012

Encore né












Tartir, comme si c'était le lieu de l'inconnu, un point de non retour du corps vers sa destinée. Tohu-bohu, le vent se lève, au loin, rien n'y fait, tout bouge, même de l'intérieur. Flagada tsoin-tsoin, le grand jour est venu d'aller de l'intérieur vers cette sortie, sorte de désir insoupçonné du rire en carafe. Le visage est curieusement de travers, comme si la bouche remontait vers une narine. Un coin, on en rit presque en voyant vaciller le menton. Il s'affaisse en même temps que la bouche se raidit. Un son un peu étrange sort d'entre les lèvres collées. Si ça suinte, si ça coule, salive pleine de ce court instant d'une plainte sous les coups d'une exacerbation. Aucun mot ne sort pourtant seuls certains sons arrivent à maturité, je dirais même entiers. Une douleur qui fait peur au début, par l'effort demandé, de devoir se faire entendre. Un souffle encore retenu secoue tout l'intérieur encombré. Intérieur de ce petit être défiguré, prison d'une déformation, détour vers l'origine de la face. Forçage de la vie. Réfraction du visage sur la face cachée du corps né. Nébuleuse attraction de la naissance sur ce fait saisissant de l'articulation du visage, vice caché. Folle danse de l'après naissance en rayonnante substance corticale serrée du cerveau né lentement.



Thierry Texedre, le 12 avril 2012.