mercredi 28 octobre 2015

Figure du temps

  
Aveuglement. Le temps, révérencieux, vous renvoie au risque démesuré d'extraire la parole du corps (trop grand pour recevoir une totalité de sa chair), pour étreindre cette chair dont on sait maintenant que l'esprit s'en tire à bon compte quand cette chair manque la mise en forme du corps. Si l'esprit s'en remet à la langue pour risquer une exploration du sens, mettre en forme les sens, montrer (par l’œil comme stigmate) l'absolu de la parole face au risque que la peinture peut encore instaurer par une dématérialisation de la figure exposée, la chair quand à elle va nous surprendre en montrant à la langue ce que la parole n'a de cesse d’enchâsser dans l'écriture : la volonté pour ce corps de mettre en avant la mise en forme d'une lecture toujours moins réflexive du rapport au temps d'un corps, comme d'une interrogation sur l'impossible résolution du problème que pose le temps - quand à savoir si ce temps doit résoudre ou non ce problème de la vie. Sismographie du corps qui respire ce que la peinture inspire, ce que la musique aspire. Vite écartée la peinture se voit dans l'étreinte avec ces corps, dans leur dilatation, devant le pourrissement infini de la couleur qui frôle la catatonie, alors que cette matière plonge les couleurs dans un blanc dont on peut ressortir par l'image, immanquablement présente entre deux extrêmes, noir et blanc n'étant que l'absolu qui feint d'être la chair de ce corps, la chair dont on peut raisonner le volume en montrant le sens sculptural et pictural dans un va-et-vient de l'ombre vers la lumière, du sol vers le mur, du regard vers l'élévation. Exaltation de l'expulsion que ce corps occasionne, alors que l'esprit exclut lui ce dont la mémoire après, s'indigne de n'avoir pas retenu ; le risque pour ce corps d'emporter avec lui le temps de l'exclusion dans la mort, comme mise en forme de l'improvisation perpétuelle dans l'insoumission de la chair devant un danger : celui de la finitude ; comme quelque chose qui serait injoignable, irrésolu et inimaginable. Le temps oppressant de la fin remettant en marche cette chair par un excès, une remontée dans le temps du mouvement, pour imposer au corps ce sens de vie qui n'a de cesse d'être introduit dans l'écriture, pour faire taire la langue, la produire depuis ce que la peinture provoque de paire avec le rêve, dans une atomisation de la parole en retour ; nouveau sens qui rend aux sens ce qu'un corps et la chair lient dans l'érotisation.


Thierry Texedre, le 28 octobre 2015.