Aveuglement. Le temps, révérencieux, vous renvoie au risque démesuré d'extraire
la parole du corps (trop grand pour recevoir une totalité de sa
chair), pour étreindre cette chair dont on sait maintenant que
l'esprit s'en tire à bon compte quand cette chair manque la mise en
forme du corps. Si l'esprit s'en remet à la langue pour risquer une
exploration du sens, mettre en forme les sens, montrer (par l’œil
comme stigmate) l'absolu de la parole face au risque que la peinture
peut encore instaurer par une dématérialisation de la figure
exposée, la chair quand à elle va nous surprendre en montrant à la
langue ce que la parole n'a de cesse d’enchâsser dans l'écriture :
la volonté pour ce corps de mettre en avant la mise en forme d'une
lecture toujours moins réflexive du rapport au temps d'un corps,
comme d'une interrogation sur l'impossible résolution du problème
que pose le temps - quand à savoir si ce temps doit résoudre ou non
ce problème de la vie. Sismographie du corps qui respire ce que la
peinture inspire, ce que la musique aspire. Vite écartée la
peinture se voit dans l'étreinte avec ces corps, dans leur
dilatation, devant le pourrissement infini de la couleur qui frôle
la catatonie, alors que cette matière plonge les couleurs dans un
blanc dont on peut ressortir par l'image, immanquablement présente
entre deux extrêmes, noir et blanc n'étant que l'absolu qui feint
d'être la chair de ce corps, la chair dont on peut raisonner le
volume en montrant le sens sculptural et pictural dans un va-et-vient
de l'ombre vers la lumière, du sol vers le mur, du regard vers
l'élévation. Exaltation de l'expulsion que ce corps occasionne,
alors que l'esprit exclut lui ce dont la mémoire après, s'indigne
de n'avoir pas retenu ; le risque pour ce corps d'emporter avec
lui le temps de l'exclusion dans la mort, comme mise en forme de
l'improvisation perpétuelle dans l'insoumission de la chair devant
un danger : celui de la finitude ; comme quelque chose qui
serait injoignable, irrésolu et inimaginable. Le temps oppressant de
la fin remettant en marche cette chair par un excès, une remontée
dans le temps du mouvement, pour imposer au corps ce sens de vie qui
n'a de cesse d'être introduit dans l'écriture, pour faire taire la
langue, la produire depuis ce que la peinture provoque de paire avec
le rêve, dans une atomisation de la parole en retour ; nouveau
sens qui rend aux sens ce qu'un corps et la chair lient dans
l'érotisation.
Thierry
Texedre, le 28 octobre 2015.