L'homme
au
passage
peu
fréquenté
Sur
un sol
durci
et sec
ténébreux
et
déhanché
le
visage
buriné
et
mal
rasé
en
chemin
se
creusent
des
ornières
asséchées
par
le vent
se
languit
l'homme
au
passage
peu
fréquenté
depuis
l'aube
trop
rêveur
ou
trop pâle
le
regard
évadé
de
tous
les
hospices
passés
de
toutes
les
misères
sans
fond
il
erre lançant
ses
chaussures
dégingandé
en
avant
en
l'air
les
balançant
l'une
après
l'autre
d'avant
en
arrière
et
sur un
pied
posté
aux
aguets
il
avale
sa
salive
en
attendant
une
misérable
vie
ne serait-ce
qu'un
court
instant
pourvu
qu'on
lui
parlât
qu'on
lui
adressât
un
seul mot
renâclant
de
tout
son
être
pour
savoir
si
on l'eût
entendu
depuis des
lointaines
civilités
au
grand
désespoir
de
n'en point
rencontrer
il
sortit de sa
poche
déjà
déchirée
par
les
tiraillements
de
sa misère
un
cran d'arrêt
lui
servant
au
mieux
pour
manger
une
rognure
et
au pire pour
se
défendre
contre
des
rencontres
inopportunes
et
d'un autre
genre
l'homme
au passage
peu fréquenté
l'homme
au passage
peu fréquenté
ouvre son
couteau
et
le lève le
porte
au
cou
sous
la
mâchoire
là
où l'élan
de
sa
démarche
folle lui
assène
assène
un
coup
dans
la chair
danse
d'une
disparition
vertige
et râle
en
sauts pour
se
jouer
du
temps
et
du vide
un
long rire
s'échappe
laissant
une
puissante
impression
à l'homme
au passage
peu fréquenté
à l'homme
au passage
peu fréquenté
des
saisons
échappées
remontent
dans
l’œil
qui
devient
livide
et
opaque
dans
ce corps
dessoudé
et
dévissé.
Thierry
Texedre, le 1er janvier 2016.