vendredi 1 janvier 2016

L'homme au passage peu fréquenté





L'homme
au passage
peu fréquenté


Sur un sol
durci et sec
ténébreux
et déhanché
le visage
buriné et
mal rasé
en chemin
se creusent
des ornières
asséchées
par le vent
se languit
l'homme au
passage peu
fréquenté
depuis l'aube
trop rêveur
ou trop pâle
le regard
évadé de
tous les
hospices
passés
de toutes
les misères
sans fond
il erre lançant
ses chaussures
dégingandé
en avant
en l'air
les balançant
l'une après
l'autre d'avant
en arrière
et sur un
pied posté
aux aguets
il avale
sa salive
en attendant
une misérable
vie ne serait-ce
qu'un
court instant
pourvu qu'on
lui parlât
qu'on
lui adressât
un seul mot
renâclant
de tout
son être
pour savoir
si on l'eût
entendu
depuis des
lointaines
civilités
au grand
désespoir
de n'en point
rencontrer
il sortit de sa
poche déjà
déchirée
par les
tiraillements
de sa misère
un cran d'arrêt
lui servant
au mieux
pour manger
une rognure
et au pire pour
se défendre
contre des
rencontres
inopportunes
et d'un autre
genre
l'homme
au passage
peu fréquenté
ouvre son
couteau
et le lève le
porte
au cou
sous la
mâchoire
là où l'élan
de sa
démarche
folle lui
assène
un coup
dans la chair
danse d'une
disparition
vertige et râle
en sauts pour
se jouer
du temps
et du vide
un long rire
s'échappe
laissant une
puissante
impression
à l'homme
au passage
peu fréquenté
des saisons
échappées
remontent
dans l’œil
qui devient
livide et
opaque
dans ce corps
dessoudé
et dévissé.



Thierry Texedre, le 1er janvier 2016.