dimanche 19 août 2007

interdit
















Appolon et Marsyas, 1637 Josepe de Ribera


Interdit

La jouissance c'est envoyer
chier la langue pour lui lécher
le con à cette putain de déféquée
jusqu'à en jouir de lâcher ce
foutre à rire de ce rien cette absence
de conscience d'aller sur les rives
du corps chanté d'avoir touché
un être de chair le rire violent
n'est-il pas le viol de l'âme
ce que le viol taraude sans cesse
de la chair livrée à toutes les étapes
pour toucher la fente et y pénétrer
y laisser sa semence pour en jouir
dans la répétition nous y voilà au plus près
de cette imperfectible chair sortie du charnier
serait-il parfait qu'Appolon lui-même n'aurait
aucune raison de s'y mesurer sauf à la lire
à sa musique mais voilà que la jouissance
s'en mêle à éviter les corps elle
les tient pour les entendre se tordre
se tirer en tous sens pour tirer un coup
ou se faire tringler comment est-ce
possible de ne pas tomber dans ces odeurs
de possession qui font du satyre l'animal
ou à l'allongement torsion copulation
pour tenir le temps d'une vie à rendre
l'âme à la déplier à la dédier à
l'entre-deux rite où les sens en ont pour
des ébats par la simple improvisation
n'est-elle pas perpétuelle dans l'intégralité
du con ouvert devant sa proie offerte
telle embrochée pour en chauffer
les chairs rouges livrées à l'instinct
et au rythme compulsif du corps palpitant
il y faut une dose d'appropriation
de l'autre pour s'entendre dire la loi
la jouissance cet état d'apesanteur
où pulsions et être sont confondus
à en dire long sur la question
peut-on tenir le position cette
explosion des corps saturés d'informations
dans l'oubli d'être pour se fondre
entre les jambes remonter à
l'incarnation à la transmutation
que l'esprit doit faire afin d'accoucher
de sa jouissance le corps laisse
aller dans tous ses états ses zones
érogènes avec la prise d'une autre
corporéité sa refonte dans le même dans
une matière anonyme où ni le temps
ni l'espace n'ont lieu une liaison où
l'échange pose la question d'une
continuité du rapport de l'acte amoureux
s'il est aussi éphémère soit qu'il tente
à perdurer à persuader animalité oblige
quelle jouissance peut imposer au corps
sa dérive vers la chair cette surface
produite à partir du commencement de
l'état foetal celui où nourriture et
matière utérine sont inséparables devant
ce bien lié à la vie sensible disons
au pensant comme liaison entre corporéité
et jouissance celle qui après un plaisir
détourné celui de l'être va rendre grâce
à la chair de cette grâce qui vous emporte
au seuil de l'infestation celle de l'éjaculé
par la prise de pouvoir immonde de l'objet aimé
lentement le désir monte pour soustraire
cette jouissance à la pesanteur du corps
pour le soulever l'amoindrir en sorte
que la chair seule puisse procurer à
l'être aimé un sursaut délibéré
de se livrer à l'infini de la chair creusée
de cette chair qui si elle ne copulait pas
n'aurait l'apparence que d'une ridicule
instrumentalisation chassée de toutes
parts participant de la nourriture des
entrailles la jouissance recouvre alors
de ses plis l'invention de la corporéité
l'annonce d'un corps livré et lié au pensant
de ce cul en rond sortent quelques pets notoires
pour que l'oreille entende ce qu'aucun
entendant peut comprendre c'est une sorte
de virilité qui se dégage de ces sphincters
d'où l'écartement le grossissement des chairs
des muscles du rectum bien décidé à ne pas
se livrer à découvert à rendre au sol ces
déjections de cacafoutaise mais en état de
sainteté pour un corps livré à son antre
planté point de recul de ce cul face à son autre
toujours déjà prothèse déjà béance d'une
jouissance interdisant l'union en un seul
état de chair sinon de passer par l'infini
pourceau qui fornique une dérive vers
la face ce devant derrière chassant cette
chair dont dépend tout corps nourriture tout
corps absorbant dévoré et suicidé d'y croire
redistribuer ce qui n'a de cesse une corporéité
obscène qui sème une tentation tant attendue
en situation d'instinct ou du sens produisant
une réaction du site de la locution que
la loi va entraîner dans sa rupture avec
l'isolement de la chair pourvu qu'elle compte
avec ce corps mis à nu par son pensant
de cette redistribution va dépendre une
mise en équilibre en instabilité avec non pas
la peur comme il aurait dû se soutenir
mais dans une transfiguration de la chair
transgression interdisant à la vue toute adjonction
toute tentative d'aplatissement de la figure
au passage peinte mais déjà sexuée.

étude au parc


















études,1969 Simon Hantaï 273 x 235 cm


Étude au parc.

Réussite de la lecture d'une brève
surface suite sinuosité dans cette vue
l'air du temps dehors le calme s'est fait
suivant les sillons des chemins creusés
encore pleins de la paisible errance
sens de la fin de journée d'un labeur
pour ces ouvriers descendus dans
la plaine et qui vont longer le fleuve
grossissant à cet endroit entouré
d'arbres imposants sur les berges
laissant sur l'eau planer l'ombre
de leur feuillage sombre et agité
par le vent frôlant et chantant
dans leur cime de leur grandeur

centenaire
au pied desquels marchent
des couples affadis par le temps
du travail avec le moindre rite comme
lien avec l'au-delà les éléments la vie
autre extérieure à leur moindre vécu
ils avancent lentement à pied comme
si la civilisation venait à s'arrêter au
lit du fleuve à l'endroit du parc ou
le chemin part à l'infini sillonnant
dans le même sens que le fleuve
communauté au repos ce jour ou
le ciel au dessus s'éclaircit et faciliter
la sortie des plus empressés qui vont
se poser le contraire pour demain le
mouvement reprendra dans la ville
immense aussi constructions serrées
et basses mêlées de gratte-ciels où
bureaux rivalisent avec d'autres états
les marchés contournent ces tours
pour les rendre plus vivantes
ils serpentent au rythme des saisons
comme jadis les rivières le long
des collines rondes et verdoyantes
toute cette agitation pour faire retour
sur le vide comme départ du coup
de pinceau de la trace qui marque
la naissance d'une écriture devenue
la civilisation dans le plus pur plein.


Thierry Texedre, août 2007.