lundi 29 juin 2020

Sur quelque passage entre les peintures de Natalie Lamotte





























Sur quelque passage entre les peintures de Natalie Lamotte


Peut-on encore tenter une approche des peintures de Natalie Lamotte, sinon d'entrer dans une pesanteur dont on ne sortirait plus qu'au risque d'essouffler la vue. or
La vue, voilà bien là ce qui manque quand on regarde les peintures rouges de Natalie Lamotte.
D'une vue qui en a assez d'essayer de circonscrire la couleur des formes informes et impropres à essayer une mémoire dont les signes intangibles vous poussent au respect, puisque dans l'attente d'une forme de reconnaissance à y voir d'une vue masquée, une vision de ce que peut libérer et livrer une temporalité de l'effacement d'une représentation consommable.
Pour s'y retrouver dans ces labyrinthiques dysfonctionnements de la représentation, ici telle qu'un essai serait impossible à restituer, vu que ces toiles montrent au blanc le rouge comme extension d'un pouvoir, celui d'entrer en résidence avec l'architecture intérieure du vivant, je veux dire par là ce qui vit n'ayant de ressource qu'à n'entrer jamais en communication avec la pensée sauf à restituer cette formation de glissements, d'effluves, d'effluents, de glissements sans fin, vers autre chose que cette présentation d'un format au peint.
Viens par là le temps de regarder les variations peintes, dont on devine les attitudes de tons plus clairs, aux roses délicats, détournant les yeux lentement du temps bousculé par le présent. On essaye par tous les moyens d'en extraire la substance. Mais jamais ces formes, déformant notre regard, n'agissent au seuil d'un entretien avec le peint sans le dire.
Le blanc n'est pas là pour vous faire croire à une quelconque figure qui risquerait dans votre esprit d'en rajouter de ces formes dont on saurait reconnaître l'existence ou la surréalité.
Natalie Lamotte n'aura de cesse d'exercer sa maîtrise pour essayer que nous ne nous montrions plus dans la mise en forme d'une réalité échafaudée à partir de signes juxtaposés, pour imiter l'écriture, et peut-être pourrions nous nous poser le temps d'une écoute musicale.
Si les toiles posent la forme c'est pour restituer au regard sa par de réel. Le réel, voilà la belle affaire, n'y a-t-il jamais eu de réel qu'à ne jamais user de cette mémoire des formes, sinon à passer d'un acte à un autre sans jamais montrer ce qu'un temps présent croit.
On passe d'un rouge à un autre rouge révolté à tout jamais de ne pas se poser, sauf dans le blanc qui s'y noie s'y perd s'y retrouve au risque de s'évader encore. Et puis tant pis pour nous, si on voyait quand-même des fragments de chair, ici une lèvre, là un sexe, et là encore une lointaine forme céphalopode, le végétal aussi. Tout y passe dans notre déambulation le temps d'une exposition.

Si Johan Mitchell et Francis Bacon nous montrent la voie pour mieux y voir la peinture de Nathalie Lamotte, peut-on en dire autant d'un Dominique Thiolat, sinon qu'il restitue chez Natalie la constance de la couleur, une voie qui parle haut et fort pour en dire quelque chose du mouvement de la couleur quand celle-ci n'a plus son bord pour s'apprivoiser, se montrer et exister au réel.
Une peinture qui se suffit, autonome en tant que toile, mais aussi il y a quelque chose à voir d'un déploiement linéaire, en séries(de l'extériorisation qui aliène le sujet à l'intériorisation qui porte sans fin cette pratique de l'être).

Thierry Texedre, le 25 juin 2020.








lundi 22 juin 2020

Rapport non consenti


































Rapport non consenti

Sue Williams est une artiste peintre qui touche l'intime, le signifie depuis ce qui tente une invasion dans l'espace de l'intime. Elle provoque la question du mal-être et celle des genres. Celui qui veut dominer, tyranniser un corps féminin, ou l'interdire, jusque dans la douleur de la chair de celle ou celui qui subit.

[Tu me queutes comme une fauve lèche son con lueur d'en dessous le cul rentré pour serrer la vulve ouverte douleur lente exploration de la langue sur le haut et le bas et les seins et la bouche ouverte la langue fourrant la gorge pénétration violence un viol le gode s'y plaît dans un va-et-vient éruptif puissant et glissant l'ivresse s'évanouit éteint le plaisir les rapport sortie du jeu fuite en avant l'esprit absent les sens sortilège du corps sont retournés des coups répétés pour la défonce l'introduction non désirée des cris couverts par des mains claquent les fesses sont tenues jusqu'au rouge le cou est serré jusqu'à perdre connaissance la gorge juteuse le sexe humide sans jouir à perdre pieds domine comme un corps étranger c'est une perte d'extase plus vite l'entrée s'évade l'intérieur se contracte s'expatrie se masque du temps inanimé la vie sort par la folie tel un pantin désarticulé tout le corps est absent c'est la lente descente aux enfers d'une fin sans cesse la tête repoussée au travers de pensées saccagées et irréalisées une monstrueuse saleté un déchet puant la décomposition sans nom.]

Sue Williams intègre dans sa peinture quelque chose comme ce qui borne la vie domestique en permanence, quelque chose qui éprouve la vie partout où la violence s'empare du corps féminin. Elle y montre la violence intime, des abus sexuels envers les femmes. Mais cette forme reste dessinée et suggérée tragique et comique en même temps pour dédramatiser l'intime. Sue Williams offre un autre regard au spectateur, un regard de voyeur aussi, le spectateur usant de sa perception pour regarder au plus près ce qui intrigue une violence, un regard par le petit trou de l'exercice d'une peinture qui nous donne une infinité d'objets reconnaissables à seulement les rassembler par leur découpage, leur assemblage tel un puzzle. Certaines toiles montrent des formes telles des pattes d'oiseaux, de poulets comme pour faire un ultime pied de nez à la chair, la chair qui rit de sa performance. Les toiles les plus récentes, abstraites, montrent une peinture colorée où s'entremêlent des formes d'où l'organique s'est évanoui. Les maux sortent, les douleurs se seraient-elles pliées aux rites endiablés d'une exaltation sans fin du corps absent parce que caché ?


Thierry Texedre, le 20 juin 2020.


Sue Williams (1954-)
artiste peintre américaine



 


mercredi 17 juin 2020

Regard oblique























Regard oblique

Un regard l'oubli
se lève le temps
se soustrait au vide
et la vie dessous
du côté dessus
de l'intérieur aussi
soudainement tient
risquant l'écart
au centre recouvrant
pression impression
le sort en est jeté
elle danse la vulve
dans les plis du trait
caressé par la figure
le bouton d'or
de ces plaisirs en fleur
ô regard oblique
jusqu'au creux
des limbes heureux
des solitaires en feu
l'épuisant réseau
de la nuit l'étreinte
s'évanouit en fumée
le flou sur la verge
parcourt le ventre
la profondeur naît
d'une danse serpentine
la révolte d'un corps
il court le rêve
jusqu'à sortir
d'une solitude oubliée.


Thierry Texedre, le 17 juin 2020.



peinture de Trudy Benson





  







lundi 15 juin 2020

Explosion colorée















Explosion colorée

Le regard s'enfonce, pour jouer avec les plis de la chose retournée.

Sur la plaie du monde, le monde écrin du paysage baroque, voilà que se montre l'immanente décomposition du vivant, allant ainsi vers sa fin,vers son recouvrement, son recommencement, la cessation d'un monde, le monde de l'illusion. Entrée dans l'illimité, pour ne plus montrer ce songe, celui de la mémoire. Entrée depuis ces pleurs, ces rires inventés pour entrer au paradis terrestre. Pour faire de ce Paradis une extension sans fin. Ce « faire » improvisant un ordre pour que détale la mémoire, qu'elle aille jusqu'à sa perte, l'oubli dans le paysage. En finir, par là, avec cette tension, cette circulation du sens, pour montrer la douloureuse infinité du désir qui s'ouvre à l'objet peint d'une mémoire colorée. D'un désir qui manque la mémoire, pour se substituer au corps qui pense.
Un corps d'élocution épuisant sa terreur du sens, pour parler cette fin de la mémoire, le paysage baroque. Le paysage de l'exode, de la fuite, de l'expulsion d'une névrose impuissante face au monde impressionnant de la chose mise en suspens, l’œil revient sur le devant de la scène pour sortir le paysage de sa nature de corps falsificateur d'identité. Une reconnaissance qui passe par la peinture.
C'est la rencontre d'une chose, qu'elle soit l'objet ou la couleur, ne peut se reporter au
souvenir qu'à lui montrer le bonheur et la douleur de la couleur, aux dépens d'une jouissance de la peinture qui se presse dans un espace mental irréel, objet impossible à délimiter pour jouir.

C'est par un puzzle où les formes colorées flottent, que s'épanouissent les formes colorées condensées. Nuno Lopes Silva tente par là une traversée du sens, par une construction de la peinture qui a à voir avec « l'abîme » de tout paysage (urbain et mental), nature d'une déconstruction de l'espace où l'humain a fort à faire avec une mémoire inappropriée.


Thierry Texedre, le 15 juin 2020.









lundi 8 juin 2020

Les métaboles de l'être


































Wolfgang Walkensteiner (1949-)
artiste peintre autrichien

Les métaboles de l'être


Wolfgang Walkensteiner nous enveloppe de sa peinture parce que la peinture n'a pas seulement à voir avec la peinture. De cette urticante vision, semble se détacher des couleurs intenses, une division sans contradiction de la toile. Un fond très souvent peint tel une graphie qui révèle un rapport à l'écriture. Et devant cette profusion de dissolution de signes et de griffures en tous sens, se spatialise ce qui a trait à la figure. D'une ou de plusieurs « anatomies » qui se contractent, l'espace et l'image dans une tridimensionnalité forment la plasticité qui sort, et s'étire de l'arrière-plan. Pourtant, la couleur lumineuse et sensuelle s'exprime telle une prise de territoire, en surimpression du fond qui lui s’emmêle, s'emporte dans une grisaille (l'écriture s'y retrouve comme cause de l'objet). Abandonnant le temps présent, à trop parler, l'homme sordide devra se sortir, dans un geste « Moebiusien », du territoire de l'être ! L'être d'un temps à venir dont les figures, ici visibles, semblent en dire trop du peu de cet être ; ou alors de le dire depuis l'impossible interrogation de leur être.



Thierry Texedre, le 8 juin 2020.