dimanche 8 mai 2016

L'homme expatrié

(pour une grande messe des morts)

Quelle fin ouvre au Paradis, devant la grande exactitude du temps ? Sur la voix exaltante qui montre de l'effacement du souffle dans l'expiration de la vie, quoi de moins interdit que la cessation illusoire de cette vie encore extraordinaire par son appel à la mémoire ; mémoire de la vie à rebours. Rencontre de l'astre, terre subordonnée à la monstruosité de l'être déterminé à maudire l'animal qui monte en lui. Depuis quelle parole cet être vient se poser aux pieds de l'animalité du lit terrifique de l'inconnaissable ? Il se passe comme un retournement volcanique de ce qui jouit depuis l'animal prostré dans l'être de l'intériorité ulcérée part cette mémoire qui noue sa parole entrain de composer avec l'extérieur, illumination d'un aveuglement de la mort vers cette peur que l'inconscient dresse, comme feinte de l'éclairante vérité qu'un désir inaliénable va représenter par un psychodrame insubordonné à la langue. D'une entrée dans la caverne, sonne l'origine de l'improbable fin par la mort ; excentrique exclamation de la vie en chants montrant le paradis musical traversant ce corps psalmodique. De quelle douleur ce corps naît-il ? Sinon de n'être jamais là où la parole joue avec la chair, la violant avant de mettre à mort la parole liée à la lecture. Exposition d'un texte encore sans traduction. Expulsion vers ce qui sera l'autre vie, dans un retour fulgurant du corps ressuscité, veille du corps pensant. Torsion encore déchirée du corps sur la chair excentrée, de biais, contaminée par l’œil sa référence/réverbération vers une naissance-peau, comme mise à mort de son commun qui exalte la reconnaissance. Le commun serait donc le propre de l’œil. L'homme serait donc ce qui pense la cause du commun encore démontré par la langue, encore soumis à la lecture, encore l'étreinte de la chair avec sa peau. La soumission de l'homme au risque d'expulser son dire se contracte vers une improvisation de la peur d'être, une imposture de ce qui touche le commun comme béatitude de ce qui touche au vrai, à l'objet indécent de l'art d'assembler, de mettre en commun. Mimétisme qui prend en charge cette mise en demeure de l'animalité, comme extraterritorialité de l'animal prostré depuis son risque d'oublier, avaler, absorber tout espace lié à la chair ; récitant par là cette chasse de l'homme, l'expatrier, le faire taire depuis son insupportable mise à mort de ce qui pense pour la mémoire, pour ce présent fantasmatique.



Thierry Texedre, le 8 mai 2016.