vendredi 31 août 2012

Les chants dorés








Les chants dorés


Strophe tropique et hybride
qui se montre dans l'obscure
fournaise du léger tremblement
de toutes ces mille âmes scélérates
l'outrage dans un trop grand jeu
d'une sorte de vie qui en impose
ça pousse outrancière station qui
soulève la mort vers la fin usée
de ce récit qui flotte sur le dire
occulté de ces lois impromptues.

Sourdine de ces chevauchées
impossibles dans l'immensité
de ce fond ossuaire ostentation
de la vie en équilibre par ces
lois scélérates transies la vie vire
au drame quand bien même sous
ses effets ses affections s'évadent
ce corps transit sans transition
déséquilibre du corps qui penche
dans l'appel à sa dernière demeure.

Sens des choses apprêtées pour
être dites en dictées irremplaçables
reste de cette escapade sous l'eau
ver animalcule sans la vertébrale
raison depuis ces sauts en avant
raisonnement malade et malhabile
de la pensée en expansion pourvu
qu'on y croit coup de dés jamais
les chants de nos impérieux accords
poussifs depuis les temps pluriels.

Sous les chants dorés de la vie
le strabisme du corps se divise
lentement pour enfin n'être plus
que l'ombre de lui-même voilà
en l'occurrence l'abjecte interdit
qui vous nuit sorti de cette nuit
imposture improvisée impropre
à la tentation maîtresse du désir
osé par le corps dédié à sa chère
et chaste peau qui recouvre l’œil.




Thierry Texedre, le 31 août 2012.





















dimanche 26 août 2012

Corps et cri












On commence par couper, on oublie ce qui vous a tant taraudé, on se fait la guerre des mots, même ces maux sont ceux de l'appel de ce fond hasardeux du dedans, intériorité que l'être humain a cru bon d'amener à ce lieu résolument tellurique: l'âme. Un air qui cherche sa densité, sa connaissance, son tiraillement testiculaire, sa mise en gonflement de cette sécrétion du coït vaginal. Travaillé par des mots qui violent l'intimité, le corps semble le support de soubresauts, de tremblements, d'imitations, de réflexes contaminés par la vue de ces corps nus du dedans. On entre, on y trace quelque folles inspirations, coups de canif sous la peau, pour ôter ces masques ces errements, ces égarements, ce que aucun silence n'aura de cesse d'évacuer. Majuscule farce du présent que seul un corps de folie peut encore exprimer, là les cris sortent de partout, pets, chiasse, surdité, écume dans la bouche, yeux rougis et larmoyants, membres rythmés par leurs déplacements saccadés, les doigts repliés, comme pour arracher du bout des ongles la surface qui apparaît sous ces attouchements violents. Un long moment sans cri ni violence se met en place, le corps se replie sur lui-même, il s'ordonne, se réalise pareil à certains dormeur assis béatement, les mouvements à l'arrêt - la petite mort - voilà à quoi pensent ceux qui voient cette scène. Puis on entend monter comme un râle de la gorge, légère indication, le corps se redresse brusquement, se met debout. Il marche vers ce mur les bras ballants, les yeux sont blancs, et fixes, le pas se précise, le sujet accélère sa vitesse; un blanc, soudain. On s'apprête à laver le mur plein de grandes traces rouges, giclées et essuyées par de nombreuses traces de main, dessin à plat dans toutes les directions, à hauteur d'homme. Au centre un amas de sang plus dense semble révéler le départ de ce jeu démoniaque. On y voit des particules de peau aussi. Plus loin sur le sol un e forme affaissée et méconnaissable gisant sans vie. On s'empresse d'emporter le corps, une enquête semble s'imposer. Autre folie imposée à cette société sous l'emprise des sens, pour remonter le temps, sans cesse le remonter, comme si la folie dépendait du temps passé!




Thierry Texedre, le 26 août 2012.




mercredi 22 août 2012

Dune













La pression est forte, un début sous anesthésie, un décollage du vertige polymorphe. Toutes ces formes qui entrent dans la danse, dans l'antinomie, dans l'imprévisible. Le corps soudé à la voix se met à donner des coups d'arrêt, coup du sort? Vestiges de la vie sans eau pour nager sans intervalles. Un corps qui trempe dans l'immobilisme de la nature humaine. Langages du très improbable drame qui s'ouvre au-devant de la scène. Sur quel sol dansent les ivresses damnées depuis l'intérieur de ces corps opulents et colorés par le vin qui coule à flots. Flottaison de la traversée vers l'horizon illuminé et rasoir. Rachitisme de l'esprit qui inonde les écrans fumeux de nos errances électriques. L'écran se coupe de toute vérité puisqu'il est un support d'objet dédié, dédicace d'un nom désarticulé, d'un retournement de l'histoire par manque d'amour pour son prochain. L'autre peine à entendre puisque ce moi crépusculaire vient l'autoriser à forniquer avec le sang en coulées ininterrompues, rivière insolente de la vie du corps vidé, corps traversé par d'immondes facéties venant de ces arachnides enveloppant de leur cocon l'illustre homme troué, pour en faire un réservoir de sperme, femelle prévoyante. Coupé par les vents contraires l'air devient un puissant refuge pour des mots étranges sortis de ce fond indécent du gouffre vénérable. Corps plié ou penché en avant, pour forcer le passage, pour pousser sur les sons, sonne le temps de la délicatesse des ondes porteuses, naissance ondulante de la chose excentrique exposée là comme pour l'ingestion, nourriture terrestre insurmontable. La vie rencontrerait-elle autre chose que cette nourriture damnée par la colique intestinale? Sables de ces déserts exposés aux visiteurs curieux que de telles oeuvres se dessinent sur la dune hirsute.



Thierry Texedre, le 22 Août 2012.
sur Tan Dun ~ Concerto for String Orchestra and Pipa



dimanche 19 août 2012

Douleurs















Trachée ouverte pour rien
on s'y invite dans la terreur du dedans crié
touché par tous les pores de la peau
ces sens sentent l'encens pour prier
pour conduire dans ce grand désert
du corps la venue de Dieu sa compagnie
sa présence sa tempérance
douloureuse marche où ce
corps infranchissable gît ici
du bas vers le haut en solitudes ultimes
on traîne on taraude on court ce cou tendu
vers l'au-delà irrespectueux
de la haine pour cette souffreteuse douleur
chassé du désert la parole écrite pour moins
en respirer de la tentation d'exister juste pour
extirper au corps sa gaine de peau malhonnête
peur éventrée devant celle pour laquelle
la peau se glisse dans les bras d'Aphrodite
l'entourant dans cette tentation drapée d'un
doux voile opaque par quoi la peau
sulfureuse s'enorgueillit d'avaler
l'emprise des sens sans rien
dire de la douleur ténue qui
monte prisonnière la proie
elle est la croix qui sera portée
elle est cette jachère que l'âme
damnée ranimera dans l'esprit.




Thierry Texedre, le 19 Août 2012.



vendredi 17 août 2012

Travers







De travers le chant s'étale jusqu'au milieu omniprésent du corps qui souffre et s'offusque de n'être plus qu'un os usurpé celui que la chair s'évertue à exterminer le temps d'un repli sur l'intelligence de l'humain. On entend dedans comme en sourdine ce chant misérable d'un misérabilisme transbordé dévisagé du corps surdoué du corps couvert pour éviter évincer sa peau qui s'arrache au temps désaxé du temps entre-axes centre de l'interminable dévotion pour la rencontre avec cette rognure d'homme celle nauséabonde du sexe policé pour n'avoir jamais rencontré sa passion. La poussée du temps sur ce corps belliqueux va tarauder creuser jusqu'à l'os l'homme aimant pour le faire rendre le renvoyer au fond farouche de sa bien-aimée femme caverne femme accouchée du désir de possession du tronc commun prendre le dessus sur l'homme aléatoire le dévisser de sa hauteur la chair là-haut se glose d'appartenir à ces bas résilles et cette culotte lisse qui serre l'entre-jambe du mont de vénus loisir pubien dégondé qu'un mâle désespérant ravage de son attirail désuet. Ça tripote les sens et ces sens s'envoient en l'air par-dessus la jambe du temps galvaudé cadavérique jusqu'à l'os terminus l'os de la fin qui emplit l'intérieur de ses gouttes sucrées jets insupportables au coin de la punition chantée quand même pour croire encore au plaisir partagé. On efface ces eczémas du corps dépucelé on en rit on en joue on touche à tout même à rencontre l'os ce ténébreux fond gangrené par les attouchements répétés pour écarter les lèvres calomnieuses et humides.


Thierry Texedre, le 17 Août 2012.

dimanche 5 août 2012

Suranné












De l'invalidité naît cette occlusion, occultation de la vie intérieure. Faut-il se remémorer, substantivement comme si le poids de la mémoire devait transfigurer l'état de déliquescence d'un corps dépassé? Quel songe peut rivaliser avec ce corps-tronc qui saute de ces lieux invisibles en temps réel vers d'autres incertitudes de la violence d'un agir? S'agissant de cette lenteur, de celle qui est en état de pesanteur, dans une réduction gesticulatoire telle qu'un viol peut endommager un corps, le couper; mémoire du membre abîmé, plus enfoui, celui manquant! Le temps passe et le corps effacé draine une multitude d'empathie envers une interminable fixation sur l'un, osmose irrésolue, pour inventer un corps d'amour, un objet double: corps ossuaire et corps figural. Quel corps mort pour être désarticulé va rencontrer la force éruptive de celui inventé comme transporté par l'esprit qui figure un corps lumineux, corps qui rencontre l'acéphale pour l'inverser, le forcer, le renverser comme si la vie passait par son envers, tête sans corps, corps voué à l'invention d'une tentative d'extirper au tronc cet essentiel que la mémoire reconnaîtra en faisant pousser ce corps hors de ses organes abominables. Un passé déconstruit, pour chasser sur les terres d'un présent illusion, mais présent qui ondule sur les pas de l'affect. Terreur de l'image réelle, dans une charge émotionnelle qui fabrique du sens, multipliant ainsi les images de ce corps blessé, et guerroyant avec ses plaies béantes, cicatrices de l'invulnérable essai de vivre en coupe, de biais, œil plus ample que celui d'une normalité désignée comme telle. Corps tenaillé corps rescapé, corps de la résolution, de la dissolution des maux dans l'anonymat d'un corps dramatique. L'envol de l'oiseau de son nid, oiseau sombre au milieu des champs de blés, un jour d'août, chaleur accablante, au loin on aperçoit quelques corbeaux sur une ligne d'horizon rougeoyante. Ce corps qui tend les bras dans leur direction, juste en imaginant ses bras, ce corps tronc assis devant tant de beauté...



Thierry Texedre, le 5 août 2012.