mercredi 31 mai 2017

Et peindre aussi

Marc Devade - peinture encre sur toile, 1973, 200 x 200 cm




Et peindre aussi

Adieu verve éclectique, adieu jeu du présent suranné, adieu au récit qui ricane dans le vent des ténèbres. Sur quel pied dansent devant moi les soliloques, l'art de rétrécir la parole pour qu'un peu de peinture existe. D'une peinture sur cette peine perdue, depuis l'origine, l'aube céphalée du devenir. Par quelle route abîmée sort ce regret compulsif, dressant sa tension vers cet au-delà monstrueux, l'autre partie délaissée de l'existence vouée à disposer d'elle-même.
Porté par l'étranglement qui souffle sur l'étrangeté de la parole manquée, on peut encore sonner l’hallali, pour enfermer ce risque d’ensemencer des mots sur l'herbe folle, l'étalement pendant le pique-nique de la transition énergétique. Alors quoi, l'esprit serait-il retors à ce point, qu'un peu de pluie sur les commémorations du train-train occultant la peinture ne vienne aux souvenirs rappeler que peindre c'est aussi retirer sa parole du corps en action, bataille contre un support, trame en tension, vulnérable et jubilatoire de la langue sur ce nombre toujours trop déconcertant des couleurs, de leur somme.


Thierry Texedre, le 31 mai 2017.