dimanche 29 avril 2018

Un viol a été commis


Un viol a été commis
Sur quel risque un corps peut-il se soumettre au tremblement de l'esprit retors qui montre la langue comme altération de la chair ? Par cette impossible convulsion qui traite le corps, en insupportant sa dérive, sa capacité à reconnaître la langue ; puisqu'il parle, paroles en l'air, sorties d'un corps dont on sait aujourd'hui que sa chair n'y suffit plus.
Un viol a été commis
Certes ce corps manque la parole, puisqu'il s'émeut de sa chair, l'exquise association qui tient le corps à sa chair, paroles irréalisées qui manquent l'art et le temps.
Un temps s'est éloigné du corps, il faudra une génération pour remontrer ce corps plein, ce corps qui pense.
Le tempo du corps c'est sa chair, sa sonorité c'est sa pensée.
Un corps qui pousse la jouissance jusqu'à la figure érotique est un corps qui manque de nommer la chair, il presse le corps vers sa pornographie.
L'esprit recompose sa figure en insistant sur la langue.
Le corps s'émerveille devant l'impossible image d'un état de la chair, de sa mise en perspective pour avoir cru que ce corps allait le délivrer de son corps en inventant la parole.
Un viol a été commis.

Thierry Texedre, le 29 avril 2018.













samedi 28 avril 2018

Danse

M F Husain (1915-2011) - Saldar hashmi, 1989 acrylique sur toile, 317,5 x 167,64 cm




Danse

Sous les bons hospices
de la dérive
un pas de travers
un geste pour rien
un saut dans le temps
tentation du souffle
irisé autour de l'oubli
oblongue olfaction
de l'air raconté
sur les oripeaux
empoisonnés d'un nu
parti sur des fragrances
les aromatiques herbes
inoculées au printemps
de folle nuit d’ivresses
occultes marchants
de rêves qui rient
sur les hauts lieux
aux noms encore innocents.


Thierry Texedre, le 28 avril 2018.







mardi 17 avril 2018

La courtisane

artiste Dona Nelson


La courtisane

Une pluie en fil indienne
initié depuis le chaos
qui s'évente en couleurs
imbriquées et disparates
chuchotant au vent
mitraillé de travers
pour forcer forniquer
avec un sang sans gène
qui est attiré par les rives
inodores de la plaie
en pleine plaisanterie
un voile s'étend jusqu'au
centre de la tentation
de celles qui frôlent
l'atermoiement du vide
la courtisane danse
entourant de ses paroles
la vie qui s'invite au repos
un temps de silence
traverse les ombres
de ces filaments en touchant
l'air incertain de la divine
voix entrain d'exhumer
des pluies de caresses
sur l'arrière et le devant
de la belle par l'ivresse
qui lui frôle la chaude folie.


Thierry Texedre, le 17 avril 2018.














vendredi 13 avril 2018

La passerelle rouge




La passerelle rouge

Par quel suintement
cette fin si proche
vient meurtrir lentement
la chair et la plaie
ouverte en tiraillements
en entrée insidieuse
retour sur l'immanence
le paradis hors champs
l'esprit qui souffle
sur l'immortelle vérité
enfin pour l'oublier
le début d'un voyage
le voilà comme emphase
comme exergue
comme intelligence
du corps applaudi
par la mort en vrac
le clic clac tam-tam
vulnérable du rêve
insoucieusement qui vire
dans la ville déconstruite
du dedans qui danse
sur les artère du milieu
je m'arrête aux feux
j’attends la fin le vert
pour passer de l'autre côté
par la passerelle rouge
puiser à la source inespérée
du vague à l'âme
là où luit l'outremer.



Thierry Texedre, le 13 avril 2018.




peinture d'Anna Baranek







vendredi 6 avril 2018

La folia




La folia

Sursis devant l'exploit
d'exister en ronde
en cris qui s'en foutent
en dansant le sang
impuissant de ces aires
arrêtées par le vent
arrimé à la sainte
famille prosternée
devant le sexe maudit
le mausolée mutin
qui montre l'art
de coucher des lettres
sur la feuille vulgaire
de la douce voix qui
fuit à mesure qu'on
l'entend par quel plaisir
les paroles de la folle
incertitude sourde
à toutes ces ignominies
qui frôlent l’intérêt
pour la poussée
cette poussée du sexe
roturier depuis
la force de l'os
incendiaire insidieux
la coupure du temps
un instant pour plaire
à deux figures hirsutes
de la plaisante dérive
de la parole qui sonne
bon l'affaire blessée
en hauteur du vrai
découpé par le bien
en mille morceaux
matière compilée
dans un récit facultatif
finissant dans le trou
le trou du cul baissé
à des fins illusoires
les braises baisées
de la comédie du
bout du monde
fuite en avant
lueur dantesque
qui monte sous l’œil
indécent du courtisan
le partisan saoulé
le polisson entrain de
souiller la langue pour
en finir avec la mémoire.




Thierry Texedre, le 6 avril 2018.









mardi 3 avril 2018

Animal

                                                 Marjan Seyedin (1979-) peintre iranienne




















Animal

Sur la plaie des ans
morose magnitude
partout s'éveille
les reliquats les râles
ravageurs de l'enfoncement
de l'éloignement vers cette
impression du temps
qui fouille la langue
la parole asservie
par l’épisode incestueux
qui fonde l'art d'écrire
un nouveau récit
une analogie réduite
au seul teint du lendemain
retenu pour réveiller
pour dire cette chair
qui sommeille
la chair retenue
depuis l'origine
des corps qui crient
l’appesantissement
de l'os sous la peau
l'os qui marche
l'os qui soulève
sa squelettique
stature privée
de cette parole
inappropriée
tombe le jour sur
l'esprit malin
l'enfantement du corps
entrain de souffrir
depuis l'incertitude
de sa pensée sur l'âme
réverbérante lumineuse
infestation des battements
du cœur à découvert
introduisant sur le front
sur le devant de la scène
cette usurpation de l'espace
qui part depuis l'idée
qu'on se fait du monde
le cœur du son sorti
du corps cavité intérieur
qui danse en pulsations
en sang sans fin adossé
au tremblement
de la guerre des instincts
pour pousser les vivants
dans des soubresauts ignobles
jusqu'au vide publique
politique des morts
inépuisable invention
de la parole qui se livre
au pire génocide
pour laisser dire
au corps ses maux
les mots que l'animal
n'a pas encore résolu
réserve de l'inconscient
au pouvoir le pouvoir
de cette vérité qui
laisse jouir les dieux
les immortels sacrés
les vénérables et purs
homonymes de la vie
la terre du bien tapi
en lois tiraillées du monde
entrain de marcher
sur les traces les sillons
de l'étreinte avec le ciel
l'ouvert-fermé du temps
qui s'enflamme en langue
parlant l'envers sur le devant
de la scène en pleine lumière
jusqu'à la fin
où sonnent les astres
dans la tête malmenée
la tête foutue en l'air
la tête ingérée
par l'enseigne
qui pleure en paix.


Thierry Texedre, le 3 avril 2018.