Polylogue
1
Sur quelle aisance
ce dire sonne
pourquoi tout dialogue
sort de la langue
position d’une pause
rupture d’un sens
sur une mémoire
longue litanie du vivant
entrain de se couper
monde du vraisemblable
tout sujet de l’élocution
n’a de cesse d’attenter
au risque enivrant
de taire une norme
l’établissement d’une loi
la vie rencontre ce sacré
s’interdisant de reconnaître
la loi comme illumination
le corps touche sa fin
quand il prend en charge
la parole comme acte
le dedans est ce pour quoi
le rêve existe constant
contre le temps de la loi
le transfert s’opère
quand une écoute
intérieure semble
toucher au corps
à sa cavité sa chair
le plaisir qu’un corps
a de commenter de dire
ce corps plonge
l’esprit dans un sens
que le temps nomme
contre toute extériorité
d’un réel attaché au vrai
l’enfermement est cet état
du réel qui oblitère le vrai
sous l’impulsion
d’une rencontre
celle de la voix
qui fait crier le corps
soumis à l’image
au même à l’unique
comme objet désiré
objet de l’insoumission
sorte de croyance
encéphalique mimesis
qui sort le pensant
de sa toupie c’est l’horreur
d’une exposition
un discours produit
c’est une supplication
qui s’avance se lit
l’interdit du corps
sa gangrène
cette sorte d’avant
qui tourne la tête
jusqu’au vice versé
en sang polémique
révolution de travers
l’instant diluvien
du commun touche
au massacre et à la terreur
les corps sont voués
à la découpe pure perte
de la désobéissance à la loi
la monstruosité règne.
2
En plongée l’art s’étire
vers ce sacerdoce
cette impuissance à finir
c’est l’or du bien
qui pour sévir saute
sur les desseins créés
dans l’air ignifugé
l’ourlet du corps nu
ôté de ses sens
pour laisser vibrer la chair
au purgatoire du désir
la puissante exaltation
de ces pleurs inavoués
vous emmène divine
fracturant le vol
interdit de l’esprit
dans ce ciel ostentatoire
l’espoir osmose
balançant la vue
de travers pour
exaspérer la peinture
elle est la promise
l’immersion du sacré
dans un corps dénaturé
sexe applaudit
par l’étreinte maudite
par quel risque coloré
partout sur la toile
glissent les gouttes
de ces cœurs affadis
d’où aucune raison
ne sort vaincue de douleur
ça cogne le plaisir
l’immoralité de l’âge
les plis surnaturels
qui vous promettent
l’allongement servile
du temps détrempé
par la couleur érudite
le violon de celle qui bat
que se souvienne
cette musique encore
pour qu’un jeu se joue
de la fin ou de la mort
le sarcophage bleu
se referme sur la foi
bénissant la sale vie
la vie qui s’ouvre
soufflée des seins
en coupe de face
de profil les doigts
pliés à plat de travers
le peint dévisagé
par l’œil en coin
en bas vu du haut le sexe
l’intégration mise en pause
le jeu en vaut l’envie
d’abstraire de soumettre
d’absoudre l’infini
pour résoudre un défi
celui d’une absence
l’absence de ces voix.
Thierry Texedre, le 11 novembre 2023.
Pablo Picasso
« La suppliante » 1937
gouache sur bois, 24 x 18,5 cm