jeudi 9 novembre 2023

Polylogue 1, 2

 


 

 

Polylogue

1


Sur quelle aisance

ce dire sonne

pourquoi tout dialogue

sort de la langue

position d’une pause

rupture d’un sens

sur une mémoire

longue litanie du vivant

entrain de se couper

monde du vraisemblable

tout sujet de l’élocution

n’a de cesse d’attenter

au risque enivrant

de taire une norme

l’établissement d’une loi

la vie rencontre ce sacré

s’interdisant de reconnaître

la loi comme illumination

le corps touche sa fin

quand il prend en charge

la parole comme acte

le dedans est ce pour quoi

le rêve existe constant

contre le temps de la loi

le transfert s’opère

quand une écoute

intérieure semble

toucher au corps

à sa cavité sa chair

le plaisir qu’un corps

a de commenter de dire

ce corps plonge

l’esprit dans un sens

que le temps nomme

contre toute extériorité

d’un réel attaché au vrai

l’enfermement est cet état

du réel qui oblitère le vrai

sous l’impulsion

d’une rencontre

celle de la voix

qui fait crier le corps

soumis à l’image

au même à l’unique

comme objet désiré

objet de l’insoumission

sorte de croyance

encéphalique mimesis

qui sort le pensant

de sa toupie c’est l’horreur

d’une exposition

un discours produit

c’est une supplication

qui s’avance se lit

l’interdit du corps

sa gangrène

cette sorte d’avant

qui tourne la tête

jusqu’au vice versé

en sang polémique

révolution de travers

l’instant diluvien

du commun touche

au massacre et à la terreur

les corps sont voués

à la découpe pure perte

de la désobéissance à la loi

la monstruosité règne.


2


En plongée l’art s’étire

vers ce sacerdoce

cette impuissance à finir

c’est l’or du bien

qui pour sévir saute

sur les desseins créés

dans l’air ignifugé

l’ourlet du corps nu

ôté de ses sens

pour laisser vibrer la chair

au purgatoire du désir

la puissante exaltation

de ces pleurs inavoués

vous emmène divine

fracturant le vol

interdit de l’esprit

dans ce ciel ostentatoire

l’espoir osmose

balançant la vue

de travers pour

exaspérer la peinture

elle est la promise

l’immersion du sacré

dans un corps dénaturé

sexe applaudit

par l’étreinte maudite

par quel risque coloré

partout sur la toile

glissent les gouttes

de ces cœurs affadis

d’où aucune raison

ne sort vaincue de douleur

ça cogne le plaisir

l’immoralité de l’âge

les plis surnaturels

qui vous promettent

l’allongement servile

du temps détrempé

par la couleur érudite

le violon de celle qui bat

que se souvienne

cette musique encore

pour qu’un jeu se joue

de la fin ou de la mort

le sarcophage bleu

se referme sur la foi

bénissant la sale vie

la vie qui s’ouvre

soufflée des seins

en coupe de face

de profil les doigts

pliés à plat de travers

le peint dévisagé

par l’œil en coin

en bas vu du haut le sexe

l’intégration mise en pause

le jeu en vaut l’envie

d’abstraire de soumettre

d’absoudre l’infini

pour résoudre un défi

celui d’une absence

l’absence de ces voix.



Thierry Texedre, le 11 novembre 2023.





Pablo Picasso

« La suppliante » 1937

gouache sur bois, 24 x 18,5 cm