mardi 28 mai 2019

L’œil



peinture d’Allan Villavicencio (1987-)





L’œil 
Quel accident 
Fortuit ou forclos 
Cet œil instable 
Invite au regard traversé 
Instance de la vision 
Qui frôle un paradis 
Le rejet de son être 
L'étant de ce transfert 
Transgressé et mis hors 
De ce format qui sied  
À ce corps déviant 
Pour avoir mis en forme 
Ce que l’œil pendu 
À sa pensée l’intériorité 
Montre comme absence 
Dense et insensé 
Le front ouvert  
À cette chair risquée 
L'œil s’évanouit 
À mesure qu’il rencontre 
Cette extériorité 
Ce sas véridique 
Pour entonner 
Un champs de l’accident 
De l'incertaine expiration 
Du jeu entre l’œil et 
L'incidence peinte 
Qui montre un corps  
Solstice un corps deviné 


Thierry Texedre, le 28 mai 2019. 


mardi 21 mai 2019

Le corps crépusculaire


Sergio Moscona (1979-)
artiste peintre né en Argentine
vit et travaille à Quito, Equateur



































Le corps crépusculaire 

Athée et ténue la nudité 
Surexposée s’enflamme 
Dans l’infini dessein désuet 
Le destin du dessin 
Qui s’étire se soustrait 
Et se soumet au tremblement 
De la main sulfureuse 
Pour expulser pour jouir 
Sur la blancheur l’étalement 
L'exaltation de la figure 
Insoluble de la dépense 
Entrée dans l’invertébré 
De la séparation des corps 
Sous quelle haute tension 
Tant que ces fils illicites 
Vont et viennent vociférant 
Par tous leurs ébats bannis 
Par la censure insensée 
Du nu défendu par l’autre 
De face ou de la tête 
Aux pieds en suspension  
Du tremblement de l’œil 
Qui voit par derrière et 
Le rentrer pour le cacher 
Du risque c’est l’enfantillage 
Plaisantin de la naissance 
Qui s’agglomère à mesure 
Que l’art s’enflamme 
Contre la censure 
Forclusion du corps entier 
Jeu contre ce non-dit  
En train de naître 
Là gît la conspiration 
Un temps de la vaine 
Impression du corps mortifié. 



Thierry Texedre, le 22 mai 2019. 












  

jeudi 16 mai 2019

Sens






Marlies Wagner 
peinture
« Vérité » 130x140 cm, 2019



Sens 


Dessus dessous 
Le sens plaie du corps 
Obstrué par le temps 
Relique du sang 
Voile de la plaie 
La vie se contracte 
Contraste exhibé 
Du risque de taire 
Cette expiation 
L'excitation des sens 
Pour jouir pour dire 
Ce qu’un corps 
A de mimétisme 
Sur la parole 
L'exclue de la chair 
Pour avoir dessiné 
Le sens depuis la vie 
Un sens sans dessus 
Ni dessous 
Voilà tout ce qui sonne 
Aux oreilles de la mort 
Car la mort tient 
La vie sur des plaies 
Les plaies qui retournent 
Jusqu'à son abjection 
La vie en trop 
Jusqu'au soleil noir 
De l’essence d’une ombre 
Du commencement du noir 
Qui inaugure une autre 
Extension de la vie 
C'est l’infini alors 
Livré au recentrement 
De la lumière la terre  
La tellurique fournaise 
Du feu plein la tête 
La tête en train de tourner 
Pas rond jusqu’à ce sacré 
Le son en sens inverse 
Le son de son fou 
Furtivement fagoté 
Par la parole la plaie. 


Thierry Texedre, le 16 mai 2019. 


« Marlies Wagner conçoit et combine de manière additive des éléments qui ne s’appartiennent pas réellement, créant ainsi une sorte de monde onirique complexe qui semble familier au spectateur, mais aussi très exotique et étrange. C'est comme un puzzle qui ne manque de rien, mais aucune pièce ne peut être en trop. »


L’inconnaissable 



Contrition, voilà l’acte qui fait réverbérer la chose représentée, pour exposer au corps pensant sa torpeur, ses songes comme exaction de la solitude d’un corps pris dans une mémoire. La tentation de ce qui pense serait une tentative d’extraction de l’être reconnaissable parce qu’il vient de ce fond, du fond indécent du non-sens expulsant cette bribe de mémoire qui inocule un pouvoir à l’être par la présence d’une immersion dans l’indescriptible tension avec la vue ; vision qui frôle l’asphyxie du lieu dans une exhortation au monumental bestiaire qui rentre dans un corps de rêve. Le rêve immatérialité du présent et pourtant songe dans ce corps qui pense pour extrapoler l’être, le devancer. Où s’emmêlent les fils de l’inconnaissable lieu d’une représentation du monde indicible et traduit en songes sur la toile du peintre inopportun. Cherchant un nom, ce peintre n’a de cesse de recommencer l’art de peindre, pour immortaliser la féérique maîtrise qui est la sienne. Un temps passé à renverser l’être d’un corps pensé pour espérer songer ce qu’une parole a de retard sur la peinture ; la peinture peint ce qu’une parole rencontre, de l’ultime déploiement qui frôle ce corps d’élocution insensé, ce corps qui pose les miettes de la parole quand cette peinture dépliée donne à voir ce double rêve/réel dans un temps du dépassement de l’être, parce que la peinture “voit” (elle fabrique du voir comme objectivation de l’être, là comme si un temps au présent menait la parole au plus près de cet être), avant que le corps ne pense, dans un état de “transe” (de cette trans-formation) qui met le sens, sans cesse, sans dessus dessous. 



Thierry Texedre, le 17 juin 2019. 











Éclosion









Wendelin Wohlgemuth (1988-) artiste peintre germano-américain


Éclosion 

Soulèvement du ciel 
Et de la sève jusqu’au 
Tremblement de la pensée 
Trempée dans l’eau ténue 
De la rivière souterraine 
Soutenue par la naissance 
L'impuissante exaltation 
De la parole inquisitrice 
Inquiétude et diversion 
Vers ces hauts lieux 
Du ciel espace oblitéré 
Pour faire tomber ces corps 
Dans l’enfer interminable 
De la famine qui touche 
Ce renoncement social 
Danse de la communion 
En pluie du pardon 
Inauguré par la voix 
Un esprit vient de naître 
Au plus près de la dérive 
Naissance du corps absolu 
Qui pense son sujet 
Subjugué par la parole 
Infestant le temps 
Pour éclore la fuite 
L'épuisante fuite 
Vers ce risque vertébral 
La vénérable ritournelle 
Du sacré encore 
Montré du doigt 
Par ce dieu Prométhée 
Attentat au feu 
Finissant par illuminer 
Ce corps sorti des ténèbres 
Soulevé par son redressement 
Celui bipède au temps présent. 


Thierry Texedre, le 15 mai 2019. 



lundi 13 mai 2019

Nu


 Euan Uglow (1932-2000) peintre britannique





















Nu 
 
Sous les plis du temps 
Ultime de la jubilatoire 
Exagération de la peau 
Sur l’ensevelissement 
D'un ventre rentrant 
Ses plaisirs en jeux 
Jurant à toute voix 
Sous les rites du temps 
De quelques risques 
Envoûtant la chair 
Cicatrices du travers 
D'un temps rentrant 
Au-devant par derrière 
Par l’entrejambe étiré 
Et retournée en fête 
Un sourire mimétique 
Plié du temps possédé 
Mesuré et rétréci  
Dans l’église dépliée 
De la peu d’enserrer  
L'esprit qui ment 
À mesure qu’il couve 
Sa pelvienne chanson 
À courir après l’abduction 
Du déhanchement clé 
Avant d’entrer en chair. 
 
 
Thierry Texedre, le 13 mai 2019.