samedi 1 juin 2013

Paroles du sortilège de la peau.









Le risque qui nous reste nous précipiterait dans ce devenir, ce rien ombrageux qui vous suinte des orifices, jusqu'à cette terreur qui frappe aux portes de ces oreilles inattendues. Incertaine digression de ces errements involontaires, vers d'autres contrées, d'autres surfaces à découvrir, le temps de dissoudre un peu de ce dire qui soulève le rien dans une grande tempérance. Voilà ce risque d'élocution qui s'installe, et s'étale pour d'imposantes sollicitudes, de celles qui vous inondent un corps hirsute. Vu ce risque-souvenir, vu ce rapiéçage de la peau tant désirée, en coups incisifs, mortels peut-être, le corps s'évanouirait, au risque de ne laisser qu'un souvenir effacé de notre chair caressée, partout où des odes se seront soulevées dans la joie, et d'exister, dans l'extrême tentation d'être et d'aimer, traversé par l'autre enchéri de quelques doux attouchements. Risquer d'abolir l'aversion pour l'autre aimé, jusqu'à prendre un corps comme si une divination le rendait impossible à définir, impropre à le consumer, à le consacrer peut-être. Voir ce qui semble réservé à d'impossibles réalités, jusqu'au mensonge, celui de cette parodie-parole, de cette pantalonnade amoureuse du néant, du rien ouvert/fermé de cette face déchirée, pour s'entendre exciter l'acuité de l'audition-affection du corps improvisé. On traîne ce raz-de-marée de mots inaudibles, jusqu'au jour qui se lève, la nuit passée par-là, le temps d'extirper du dedans, de sortir de la chair comme une invitation à la compréhension, pour finir par interroger la langue de ses mots inassouvis. De quelle peau sort ce sordide mot, devenu lieu crasseux de la langue inviolée? Sinon de quelle réplique peut-on sortir ces lamentations liées au masticage verbal? Aucune lecture ne peut résoudre l'éloquente destinée de ce corps-cavité qui est l'ordination de la chair. Par quelle simplicité - l'air qui vous sort de cette gorge serait dramatique - se résout la langue? Vrillée, décongestionnée, traumatisée, la langue s'éteindrait à trop se souvenir de ses vertiges. Rassurée, elle se remet à écrire ces quelques aboiements intelligibles, pour que de cette lecture si aléatoire sorte d'une bouche béate et enflée, la verve de l'oratoire vie en un lieu habité, caverne de l'inspiration du temps en devenir, du commencement d'une rencontre de deux corps, de plusieurs corps, d'une infinité de corps jusqu'aux confins de l'univers, là où les étoiles dansent pour tromper l'homme sans tête.




Thierry Texedre, le 1 juin 2013.