dimanche 23 août 2020

Hurlements nocturnes


















 

Hurlements nocturnes


Le ciel est sombre le souffle est court

la lumière rétrécit le ventre se contracte

un nuage rouge recouvre l'horizon

et s'étend jusqu'au dessus de l’œil injecté

reflet de l'espace qui se rétracte

cet aveuglement vient coucher aussi

l'horizon qui s'endort dans une inspiration

décousue désuète bruyante et assourdissante

les bras au ciel les mains tendues

commencent à gratter et se raccrocher

à l'emprise de cette immédiateté

l'immensité tonne s'effondre en poussière

le jour impossible d'un étourdissement

une musique muette puis inconstante sort

du fond râblé et raccroché à la gorge

ravage du corps trop absent

cause de l'imperturbable voix

qui tremble en sortant une musique

emplie et vertigineuse depuis l'illusion

y a-t-il encore un ciel l’hologramme

éclos celui d'un enfer psychédélique

le trou le clou l'aspiration spatiale

d'infinis espaces d'une matière illusoire

la beauté tient à reconnaître l'inverse

quand la douleur éteinte s'éveille

pour enclore le doute l'éveiller

vers cette sorte de hurlement

bien en amont du verbe jubilatoire

trop lié au crime d'un désir éruptif

irruption loin d'un lieu de l'illusion

et de la foi firmament de l'esprit

l'esprit de l'espace d'une espèce

proclamée pour jouer à la mémoire

d'un jeu quantique jeté au réel risque

insurmontable d'une évasion hurlée

horizon démonté spectre d'une trinité

que transfigure un risque l'arrachement

risque qu'un corps impensé peut de mourir

quand la parole montre d'un arrêt l'image

l'être résolument rayé radié et irradié

par cette fin dupliquée l'orgie de l'origine

l'animalité vibrante l'animal consommé consumé

dans le temps dénaturé chassant cet enfermement

le corps surexposé reproduction du verbe

sans cesse remis sur le gril nucléaire

un vent sans nom naissant qui laisse le ciel

la nuit livrée aux hurlements

aux risques du peintre qui peint le passé

pour tenter un attentat sur ce corps

d'écriture sans organes et en extraire

la chair exposer la chair du doute

le son futur de la vitrification

phénoménale d'une naissance annoncée.


Thierry Texedre, le 21 août 2020.




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triptyque de Francis Bacon (1909-1992)